Au Nunavut, un programme de lutte est un vecteur de résilience et de confiance en soi

« La lutte a vraiment changé ma vie. » Ce sont les mots qui viennent à l’esprit de Kiana Ekpakohak, 17 ans, pour résumer la place qu’occupe ce sport dans sa vie. Depuis sept ans, le programme de lutte de Cambridge Bay dont elle fait partie tente d’inspirer positivement des jeunes nunavummiut en renforçant leur confiance en eux.

Kiana Ekpakohak a rejoint le programme il y a environ cinq ans. Une période marquée par du dévouement et du travail acharné à s’exercer des heures durant dans le gymnase d’une des écoles de Cambridge Bay, à raison d’environ trois fois par semaine.

Depuis, la jeune lutteuse a participé à de nombreux tournois territoriaux et nationaux, dont les récents Jeux d’été du Canada, à Niagara, en Ontario. « Ça a été une belle expérience de pouvoir rencontrer de nombreuses personnes d’autres provinces et territoires, mais aussi de revoir de vieux amis du Nunavut », relate-t-elle.

Ces divers voyages dans le sud du pays lui ont aussi permis de constater la panoplie d’infrastructures et de ressources sportives à laquelle ont accès les athlètes dans le sud du pays. « J’aimerais avoir accès aux mêmes choses, mais je fais ce que je peux », dit-elle.

Le programme de lutte de Cambridge Bay a vu le jour en 2015, peu de temps après l’arrivée de l’ancien lutteur Chris Crooks qui avait obtenu un contrat d’enseignant dans la collectivité. L’ex-athlète enseignait la lutte depuis une trentaine d’années et souhaitait transmettre cette passion à des jeunes.

« J’ai commencé par offrir [des cours] à l’école secondaire. Nous n’avions pas de tapis de lutte, seulement des petits matelas en velcro. C’était une expérience très différente de celle que j’avais eue dans le Sud », se souvient-il.

Résolu à mener à bien son projet, Chris Crooks a par la suite repris la tête de l’équipe territoriale Wrestling Nunavut. « Je ne connaissais personne d’autre au territoire qui était enclin à le faire », dit-il. « Comme je savais qu’il fallait trois personnes sur le conseil d’administration, ma femme, mon fils et moi sommes devenus les membres. »

La lutte est un médium pour développer la confiance en soi

Durant les années qui ont suivi, l’équipe a pris part à de nombreux tournois territoriaux et nationaux. De Toronto à Edmonton, en passant par Winnipeg, plus d’une soixantaine de jeunes lutteurs du Nunavut ont ainsi pu participer à des compétitions sportives ailleurs au pays et y rencontrer d’autres lutteurs.

Selon l’entraîneur, ces voyages sont l’occasion d’ouvrir l’horizon des jeunes athlètes et de leur donner envie de viser haut : « Nous essayons de leur donner le plus de visibilité possible. »

Il cite l’exemple du médaillé d’or aux Jeux d’été du Canada, Eekeeluak Avalak, un lutteur de Cambridge Bay qui a récemment élu domicile à Edmonton, en Alberta, pour poursuivre ses études et perfectionner ses aptitudes sportives.

Or, l’entraîneur croit que l’enjeu est plus grand qu’il n’y paraît. « Ça va bien au-delà de la médaille d’or », soutient-il. Chris Crooks croit que la lutte est un vecteur de résilience, de bien-être et de confiance en soi qui contribue à prévenir le suicide, dont le taux au Nunavut est environ 10 fois supérieur à la moyenne canadienne.

« La lutte est un médium pour développer la confiance en soi. Sur le plan de la santé mentale, elle peut apporter beaucoup aux jeunes qui ressentent de la colère, car elle permet de la catalyser d’une manière constructive », dit Chris Crooks.

Pour Kiana Ekpakohak, il ne fait pas de doute que ce sport a des vertus thérapeutiques : « Je fais le vide dans mon esprit quand je fais de la lutte. »

Sans la lutte, je ne sais pas comment j’aurais traversé certaines choses », poursuit-elle. « Je ne sais pas comment je me porterais à la maison ou à l’école.

La jeune femme sait toutefois qu’elle ne fera pas carrière dans ce sport. Elle souhaiterait plutôt l’enseigner à d’autres jeunes lorsqu’elle aura achevé son parcours scolaire.

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Matisse Harvey, Radio-Canada

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