À la recherche de cordages de pêche plus résistants et moins polluants pour les océans
À Terre-Neuve-et-Labrador, dans le nord des Maritimes, il n’est pas rare de trouver sur les plages des cordages de pêche rejetés par la mer. La plupart sont faits de matières plastiques. Pour l’étudiante Jackie Saturno, ce qui est encore plus troublant, ce sont les morceaux de plastique que l’on ne voit pas, ceux qui polluent les océans et qui sont ingérés par les poissons.
À l’Université Memorial de Terre-Neuve, l’étudiante à la maîtrise a lancé un fastidieux travail de recherche, qui consiste à reproduire, dans un laboratoire, les conditions auxquelles sont soumis les différents types d’équipement employés par les pêcheurs.
« Nous avons un bassin de 1200 litres d’eau et, à l’intérieur, un plancher océanique que nous avons construit. Essentiellement, c’est une planche de bois longue d’environ trois pieds sur laquelle nous avons collé des roches et des sédiments à l’aide d’époxy vert », explique Jackie Saturno.
Les cordages de pêche, mus par un cabestan et une poulie, sont raclés à répétition contre les roches tranchantes collées à la planche.
« Nous testons leur résistance à ce frottement », poursuit Mme Saturno. De cette manière, elle espère mieux comprendre comment les différents types de cordages utilisés par les pêcheurs de Terre-Neuve-et-Labrador se désagrègent, et quelle quantité de plastique ils laissent dans l’océan.
Après s’être entretenue avec plusieurs pêcheurs pour savoir quels types de cordages étaient le plus couramment utilisés, Jackie Saturno a décidé d’en tester quatre : ceux en nylon, en polyéthylène, en polypropylène, et ceux faits d’une combinaison de polyéthylène et de polypropylène.
Chaque type de cordage est soumis 10 fois à l’expérience, de façon à éviter les anomalies.
À la fin de l’expérience, Jackie Saturno espère retourner voir les pêcheurs et pouvoir leur dire quels cordages sont les plus résistants.
Des matériaux peu résistants
Ses essais viennent à peine de commencer que déjà l’étudiante est étonnée de ses premières observations.
« J’ai été plutôt choquée de voir à quelle vitesse ils se brisent, dit-elle. Il semble que le polyéthylène s’effiloche beaucoup. »
Chaque corde est frottée contre le simulacre de fond marin pendant deux heures. Toutes les cinq minutes, Jackie Saturno retire de l’eau du bassin des centaines de petits morceaux de plastique, qu’elle recueille avec une passoire attachée à un long manche.
« C’est fastidieux », admet-elle.
Les morceaux de plastique sont mis à l’écart et les quantités perdues par chaque type de cordage seront par la suite comparées.
Pour des filets mieux conçus
Brett Favaro est l’un des superviseurs du projet de Jackie Saturno à l’Institut maritime. L’expérience, explique-t-il, « pourrait aider à concevoir de l’équipement de pêche qui est plus écologique, plus solide », donc qui laisse moins de particules de plastique dans l’océan.
Les pêcheurs auraient tout à gagner, croit-il.
« Si on conçoit notre équipement de façon intelligente, il va durer plus longtemps. Nous pourrons ensuite économiser, car nous n’aurons pas à racheter de l’équipement chaque fois qu’il se brise », indique-t-il.
« La gestion des pêches n’est pas seulement de gérer ce que nous prenons dans l’océan, mais aussi la manière dont nous le prenons », dit Brett Favaro.
Jackie Saturno prévoit publier les conclusions de ses recherches d’ici quelques mois.
Avec les informations de Jane Adey, CBC