Trois langues autochtones à la croisée des chemins

Le sommet sur les langues autochtones à Juneau, en Alaska. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Le sommet sur les langues autochtones à Juneau en Alaska a réuni les derniers locuteurs des langues menacées de la région du Pacifique Nord-Ouest.

L’événement survient alors que l’UNESCO a désigné 2019 l’Année internationale des langues autochtones de façon à attirer l’attention sur l’état critique des quelque 2680 langues menacées dans le monde.

L’État de l’Alaska a de son côté décrété en septembre l’état d’urgence pour ses 20 langues reconnues. La mesure vise à augmenter l’apprentissage des langues dans le milieu scolaire public et l’utilisation des noms traditionnels autochtones sur les enseignes dans les endroits publics.

Près de 300 personnes se sont rassemblées pour le sommet, voici les commentaires de trois d’entre elles

Les membres Haida Linda Schrack, Delores Churchill et Benjamin Young mettent en commun leurs efforts pour revitaliser le xaad kíl. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Je crois qu’il était important pour nous tous d’être ensemble parce que ça nous a bien démontré ce qui peut être accompli. Il y a eu beaucoup d’attention portée sur le Lingit et quand j’étais ici les enfants ne le parlaient pas beaucoup et maintenant, cinq ans plus tard, ils se parlent entre eux. »

Delores Churchill, locutrice Haida

Delores Churchill, qui enseigne également l’art du tressage traditionnel, se souvient d’histoire d’une prophétesse haïda qui avait prédit la disparition des langues quand « l’homme blanc » arriverait, mais elle a bon espoir qu’avec l’aide des plus jeunes, la langue survivra.

« Ce ne sera peut-être pas parlé de la même façon […], notre langue évoluera, mais toutes les langues évoluent […], je ne parle plus de la même manière que lorsque j’étais enfant. »

Florence Marks Sheakley enseigne le Lingít aux jeunes des écoles. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Il était fantastique d’avoir les trois langues de l’Alaska du sud-est ici, de voir que l’on s’est faits amis avec les Haïdas et les Tsimshians. Il fut un temps où il semblait que nous avions peur les uns des autres, mais je crois que [cet événement] nous a rapprochés. »

Florence Marks Sheakley, locutrice Tlingit

L’aînée estime qu’il serait intéressant de tenir la conférence de nouveau dans deux ans pour voir si les apprenants des langues présents à la conférence arrivent à parler couramment. Le Lingít est parlé par environ 200 personnes, selon les représentants.

« J’ai beaucoup d’espoir. Je vois les jeunes avec qui je travaille et j’en suis très fière », dit Florence Marks Sheakley.

Terri Burr et John Reese enseignent le sm’algyax en utilisant la vidéo conférence. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
« Il est étonnant de voir combien peuvent parler le Lingít et pourtant ils sont inquiets de perdre leur langue. Ils sont une douzaine à pouvoir parler couramment alors que je suis le dernier à Ketchikan à parler sm’algyax. »

John Reese, locuteur Tsimshian

John Reese, qui est âgé de 96 ans, affirme travailler très fort avec Terri Burr, également Tsimshian, pour enseigner le sm’algyax au plus grand nombre possible en Alaska. On dénombre moins de 100 personnes qui peuvent s’exprimer en sm’algyax au Canada affirme les représentants, et beaucoup moins encore en Alaska.

John Reese affirme que le groupe d’apprentissage qu’ils ont formé reçoit des appels du nord de la côte de Colombie-Britannique : « La conférence donne de l’espoir, ça me donne quelque chose de plus sur lequel travailler. »

Les apprenants des langues autochtones ont été honorés en fin de conférence, invités à danser au son du tambour d’une chanson traditionnelle. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Radio-Canada

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