Un climat froid et un faible ensoleillement augmentent la consommation d’alcool, selon une étude
De froides températures et une faible luminosité n’ont pas seulement une incidence sur le moral, mais aussi sur la consommation d’alcool. Une étude récente, menée par un groupe de chercheurs internationaux, a conclu que les populations nordiques étaient plus enclines à consommer de l’alcool en grande quantité.
« Plus il fait froid et moins les heures d’ensoleillement sont élevées; plus la consommation d’alcool devient importante et peut augmenter le risque de maladies de foie liées à cette substance », résume le professeur au Département de médecine de l’Université d’Alberta, Juan Gonzalez-Abraldes, qui a contribué à l’étude.
Publiée le mois dernier dans la revue scientifique Hepatology, l’étude montre l’incidence d’un climat froid et d’un faible ensoleillement – des caractéristiques qui touchent particulièrement les pays nordiques – sur les risques de cirrhoses causées par l’alcool.
Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont collecté des données de 193 pays dont disposent notamment l’Organisation mondiale de la santé et l’Organisation météorologique mondiale.
La Russie arrive en tête des pays où la consommation d’alcool est la plus élevée (15,1 litres par habitant) par rapport aux basses températures (moins 6,32 degrés) et au nombre d’heures annuelles d’ensoleillement (1921 heures).
Au Canada, la moyenne d’ensoleillement par année est de 2000 heures et la consommation annuelle d’alcool est de 10,2 litres par habitant.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 6 % des décès étaient attribuables à un abus d’alcool en 2014, contre 4 % en 2004.
Le climat et l’ensoleillement, seuls facteurs de la consommation?
Certains cas d’exceptions montrent toutefois que la consommation d’alcool ne dépend pas seulement du climat et de la durée d’ensoleillement. Selon l’étude, cette consommation annuelle par habitant est plus élevée en Australie qu’au Canada, malgré des températures et une moyenne d’ensoleillement plus élevées.
« Il existe une panoplie de facteurs qui mènent à une surconsommation d’alcool », reconnaît Juan Gonzalez-Abraldes.
Le professeur à l’Université d’Alberta indique qu’à l’intérieur d’un même pays, les résultats observés peuvent varier grandement d’une région à l’autre et ce, pour des raisons qui vont au-delà de la durée d’ensoleillement et de la température. À titre indicatif, il cite le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut, les trois territoires du Nord canadien, où des « déterminants culturels » peuvent influencer les habitudes de consommation liées à l’alcool.
La religion, l’indice de développement humain, les fluctuations saisonnières et les politiques publiques qui réglementent la consommation d’alcool ont aussi une incidence sur l’interprétation des données.
S’il avait à poursuivre l’étude, le chercheur aimerait s’intéresser à l’impact qu’ont les saisons sur la consommation d’alcool.
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