La Commission des droits de la personne enquête sur le traitement d’un jeune Inuk à Montréal

Ce n’est pas la première fois qu’une telle enquête est déclenchée par la Commission concernant des enfants inuit placés à Montréal. (iStock)
La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) a lancé une enquête de sa propre initiative après avoir été informée de la situation d’un enfant inuk qui aurait été placé en isolement dans un centre de réadaptation du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Selon le communiqué, l’enfant inuk aurait été placé en isolement pour des périodes prolongées et n’aurait pas reçu les soins de santé requis en temps opportun, ce qui aurait aggravé sa situation. On lui aurait aussi interdit de parler dans sa langue maternelle avec d’autres jeunes Inuit.

L’enquête vise à vérifier si les faits allégués sont véridiques et si les droits de l’enfant sont respectés. Elle a aussi pour but de s’assurer que des mesures sont prises afin que la situation ne se reproduise pas.

Fin août, le Foyer pour femmes autochtones de Montréal a reçu un appel anonyme. La personne lui indiquait travailler pour un Centre Batshaw et voulait dénoncer une situation dans laquelle s’était trouvé un enfant inuk en avril, selon Nakuset, la directrice générale du Foyer.

Les Centres Batshaw sont responsables de la prise en charge des jeunes anglophones de l’ouest de Montréal qui leur sont confiés par la Direction de la protection de la jeunesse. Ils accueillent également les jeunes Inuit du Nunavik, où d’importantes carences de ressources et de services en matière de protection de la jeunesse entraînent leur transfert à Montréal.

« Les détails étaient assez horribles », précise Nakuset en entrevue à Espaces autochtones. Elle était alors en vacances et son assistante a reçu des informations selon lesquelles l’enfant aurait été mis en isolement, n’aurait pas reçu les soins que son état de santé demandait et n’aurait pu parler dans sa langue avec des intervenants.

« Nous avons creusé davantage et avons eu plus de détails », a poursuivi Nakuset.

Elle dit avoir, avec le Centre de recherche-action sur les relations raciales, informé la CDPDJ de la situation.

Nakuset a du mal à contenir sa colère et déplore l’inaction des responsables. (Ivanoh Demers/Radio-Canada)

Dans un courriel, Hélène Bergeron-Gamache, de la direction des communications du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, a indiqué ne pas vouloir commenter de cas spécifiques en raison des règles de confidentialité.

Elle a assuré que le CIUSSS entendait « offrir son entière collaboration à l’enquête de la Commission des droits de la jeunesse et des droits de la personne », rappelant que sa priorité était « d’offrir un environnement où les personnes autochtones et issues des communautés culturelles se sentent en sécurité, et ce, sur tous les plans ».

Selon Mme Bergeron-Gamache, « aucune forme de violence, de discrimination ou de racisme envers les jeunes qui sont sous notre protection n’est tolérée. Lorsque des allégations de tels comportements sont portées à notre attention, nous les prenons très au sérieux et mettons en place des actions immédiates afin de faire la lumière sur elles. »

Pas une première

Ce n’est pas la première fois que la CDPDJ enquête sur une telle situation. En décembre 2019, la Commission avait déjà déclenché une enquête de sa propre initiative concernant les services octroyés en protection de la jeunesse à de jeunes Inuit hébergés par le CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal.

En mai 2021, une enquête de la Commission avait conclu au non-respect des droits de jeunes Inuit du Nunavik hébergés en centre de réadaptation dans la région de Montréal concernant la préservation de leur culture et leur vie culturelle, ainsi qu’au non-respect chronique de leur droit à l’éducation. En octobre 2017, la CDPDJ avait aussi déclenché une enquête concernant de jeunes Inuit hébergés par le CIUSSS de l’Ouest-de-l’île-de-Montréal.

Dans ce contexte, elle faisait état de nombreux griefs, notamment l’interdiction faite aux enfants autochtones et à leurs mères de communiquer dans leur langue maternelle, le manque d’accès aux services d’éducation et l’absence d’intervenants, d’interprètes et d’outils adaptés à leur culture.

Il y a un an, le ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, avait indiqué vouloir ramener à l’ordre les Centres de la jeunesse et de la famille Batshaw.

Pour Nakuset, la volonté de Lionel Carmant ne change pas grand-chose du point de vue du jeune Inuk. « Ce garçon est traumatisé à vie! Combien de jeunes sont dans cette situation? » s’inquiète-t-elle.

Marie-Laure Josselin, Radio-Canada

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