Les attaques mortelles d’ours demeurent rares, disent des spécialistes

Un grizzly a attaqué et tué une mère et sa fille de 10 mois le 26 novembre au Yukon. (Radio-Canada)
Les rencontres entre les humains et les ours sont assez fréquentes dans certaines régions du Canada, mais elles se soldent rarement par des morts, selon deux spécialistes britanno-colombiennes.

La mort tragique d’une mère franco-yukonnaise et de sa fille de 10 mois attaquées par un grizzli est un événement surprenant pour Gillian Sanders, coordonnatrice de l’organisme Grizzly Bear Coexistence Solutions.

Selon la femme de la région de Kootenay, en Colombie-Britannique (Ouest canadien), deux à trois personnes meurent chaque année en Amérique du Nord après avoir été attaquées par un grizzli ou un ours noir, alors que les rencontres avec ces bêtes se comptent par centaines durant le printemps, l’été ou l’automne.

« C’est très rare qu’un ours tue un être humain. »

Gillian Sanders, coordonnatrice de l’organisme Grizzly Bear Coexistence Solutions

Depuis l’île de Vancouver (sud-ouest du Canada), Lana Ciarniello, une chercheuse indépendante spécialiste dans l’étude des ours noirs et des grizzlis, avance également que les attaques d’ours sont exceptionnelles. « Il est plus probable de mourir frappé par la foudre qu’attaqué par un ours », lance-t-elle.

Le bureau du coroner de la Colombie-Britannique n’était de son côté pas en mesure de donner rapidement les données sur le nombre de morts liées à une attaque d’ours en Colombie-Britannique. Celui du Yukon n’a quant à lui pas encore répondu à la demande de Radio-Canada.

Valérie Théorêt habitait le Yukon depuis 2005. Elle est photographiée ici une semaine avant son départ pour la concession de piégeage par une amie. (Émilie Dory)
Qu’est-ce qui a pu mener à cette attaque?

Les deux spécialistes hésitent à s’avancer sur ce qui a pu mener à l’agression mortelle des deux Yukonnaises. Le drame est survenu dans la concession de piégeage familiale, près du lac Einarson, au nord-est de Mayo (est du Yukon), à la frontière avec les Territoires du Nord-Ouest.

Le père de famille s’était éloigné de la cabane quand l’attaque a eu lieu. À son retour, l’ours a tenté de l’attaquer, mais en trappeur expérimenté qu’il est, il l’a abattu.

Gillian Sanders soutient que les grizzlis attaquent de manière défensive soit pour protéger leurs petits, pour défendre une riche source de nourriture ou leur espace, soit lorsqu’ils sont surpris. Elle ajoute qu’à la différence des ours noirs, qui préfèrent se retirer dans la forêt quand ils se sentent menacés, les grizzlis ont plus tendance à faire face à l’agression. C’est, selon elle, une différence évolutionnaire entre les deux espèces.

Du temps plus chaud qu’à l’habitude

Le président de l’Association des trappeurs du Yukon, Brian Melanson, ne pense pas qu’il s’agisse d’un manque d’expérience de la part de la famille.

« Tout le monde garde son campement propre parce que c’est le pire cauchemar. »

Brian Melanson, président de l'Association des trappeurs du Yukon

Selon lui, le temps est plus chaud qu’à l’habitude au Yukon cette année, et il remarque que les ours repoussent le moment où ils vont en hibernation. L’an dernier, il se rappelle avoir vu des traces d’ours jusqu’à la mi-décembre.

Un lien avec les changements climatiques?

Pour sa part, Lana Ciarniello estime qu’il serait surprenant qu’une femelle soit responsable de cette attaque. D’après elle, à ce temps-ci de l’année, les ourses sont déjà dans leur terrier et se préparent à hiberner. Toutefois, les gros mâles peuvent rester à l’extérieur plus tard.

Elle précise que l’hibernation se fait en fonction de la disponibilité de la nourriture. « À un certain moment, ça devient plus efficace sur le plan énergétique d’hiberner que de chercher de la nourriture qui n’est pas disponible », indique-t-elle.

Elle ajoute que les chercheurs comme elle s’intéressent aux effets des changements climatiques sur l’hibernation. « Ce qui se passe avec le réchauffement, c’est que ça réduit la quantité de la neige et ça permet aux animaux de trouver de la nourriture dans certaines régions. Alors ils hibernent plus tard et risquent donc plus d’entrer en conflit avec les humains. »

Fanny Bédard, Radio-Canada

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