Le pont de glace se fait toujours attendre à Dawson, dans le nord-ouest du Canada

Les résidents de Dawson, au Yukon, demeurent sceptiques devant les nouveaux efforts du territoire pour tenter de construire un pont de glace sur le fleuve Yukon de façon à relier les 150 habitants de la rive opposée.
Le gouvernement a octroyé, le mois dernier, un contrat de 200 000 $ à un entrepreneur en vue d’installer d’une estacade, un câble avec des flotteurs pour tenter d’intercepter la glace flottante. Les plans prévoient la vaporisation d’eau, la semaine prochaine, pour former plus de glace.

Malgré des températures de -44 degrés Celsius des derniers jours, les responsables du ministère de la Voirie et des Travaux publics admettent que la glace ne semble pas se former.

Depuis 2016, le pont de glace ne se forme plus de façon naturelle devant la petite ville. Une étude du Conseil national de recherche du Canada a établi que plusieurs facteurs expliquent la situation, comme des hivers plus doux et une accumulation de sédiments au fond du fleuve.
Une traversée non officielle
Les résidents dépendent ainsi d’un trajet de détour, une piste de glace non entretenue par les autorités et qui peut prendre jusqu’à trois fois plus de temps à parcourir.
La résidente de West Dawson Marie-Claude Dufresne croit toutefois qu’habiter la rive opposée est un choix de vie qui consiste aussi à accepter le risque d’isolement qui apparaît quand le pont ne se forme pas.

Son propos exprimé sur les médias sociaux a fait grand bruit dans la petite ville partagée sur la question.
Kyler Mather, quant à lui, dépend d’un lien fiable pour se rendre au travail tous les jours, un lien qui, jusqu’en 2016, se formait naturellement. L’an dernier, il a lui-même installé une estacade pour accélérer le processus. Les résidents, dit-il, tireraient profit d’un lien sécuritaire et officiel.
Il croit que les températures actuelles réussiront à faire geler le fleuve de façon naturelle.
Des informations pour l’avenir

Le maire de Dawson, Wayne Potoroka, n’a pas beaucoup d’espoir que les travaux fonctionneront, mais il affirme qu’il faut s’ajuster à la nouvelle réalité.
Le gouvernement et l’industrie minière, rappelle-t-il, dépendent également du pont de glace pour transporter de la machinerie de l’autre côté du fleuve pour entretenir la route Top of the World et ouvrir les concessions d’or au printemps.
Le directeur du département d’ingénierie au ministère de la Voirie et des Travaux publics, Paul Murchison, affirme que le territoire tient à offrir un lien fiable entre les deux rives mais selon ses moyens financiers.
« Le scepticisme des résidents est compréhensible quand on prend en considération les changements des dernières années sur le fleuve. Traditionnellement, le fleuve gelait tous les ans et aujourd’hui nous avons un scénario où nous ne savons pas ce qui va se passer. »
Le responsable ne peut pas assurer que les travaux donneront les résultats escomptés et il affirme que d’autres scénarios pourraient être étudiés d’ici l’an prochain, y compris celui d’utiliser le chemin de détour comme lien officiel, une option qui demandera passablement plus d’investissements.