Nunavut : 25 ans de radio francophone communautaire à Iqaluit

Le studio de la station CFRT est décoré d’une murale de morse peinte par l’artiste locale Chloé Ryan. Il s’agissait par hasard en 1994 du premier logo de CFRT. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La première diffusion officielle de la radio communautaire CFRT dans la capitale nunavutoise en mars 1994 a marqué l’histoire et la place des francophones au territoire.

Le projet d’une radio communautaire était un rêve depuis la formation de l’association francophone locale en 1981, selon le consultant iqaluitois François Fortin qui a réalisé l’historique de la station pour souligner l’anniversaire.

« CFRT est une institution francophone d’Iqaluit, puis une chose qui est intéressante de noter c’est que les médias sont la source de la mobilisation de la communauté francophone à Iqaluit au Nunavut. C’est quelque chose que j’ai découvert en faisant mes recherches. »

François Fortin, consultant

Le studio situé dans les locaux de l’Association des francophones du Nunavut aura été témoin avec le temps des moments clés de l’évolution de la communauté.

« CFRT », la radio de là où il fait froid

Les lettres d’appellation de la station CFRT n’ont pas été choisies au hasard, fait remarquer le consultant. Les instigateurs y voient un clin d’oeil approprié à une expression québécoise.

« On dit « c’est frette », comme ici au Nunavut, ça nous définit tellement : le pays de l’hiver. En fait, on aime le frette. Il y a des gens qui trouvent que c’est négatif, mais tout le monde qui reste ici c’est parce qu’ils aiment le frette. C’est pour ça que maintenant l’indicatif c’est:  » CFRT pis j’aime ça! « . »

François Fortin, consultant
François Fortin est Franco-Nunavutois et consultant à Iqaluit. Il a entre autres compilé l’historique de la station de radio communautaire CFRT à l’occasion de son 25e anniversaire. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Bénévoles de marque

Selon ses recherches, François Fortin estime que d’une douzaine de bénévoles à l’époque de sa création, plus d’une centaine en tout aurait occupé le micro de CFRT au fil des ans.

Dans la longue liste figure Stéphane Cloutier qui affirme avoir capté par hasard l’émission inaugurale de la station de son dortoir de recherches à son arrivée comme jeune anthropologue. Il a découvert ce faisant la communauté francophone. Il deviendra l’un des bénévoles les plus impliqués, tant à la radio que dans d’autres sphères de la communauté francophone.

Aujourd’hui, le signal de CFRT rayonne ailleurs au pays à travers l’émission Hurlements sur la toundra qui présente en soirée chaque semaine une émission de musique « black metal ».

Une autre émission réalisée en partenariat avec l’école francophone offre aux jeunes l’occasion d’expérimenter avec l’animation radiophonique.

Un apport important en inuktitut

CFRT se démarque des autres stations au pays par son contexte culturel. En tant que première radio communautaire, beaucoup de place a été accordée dans le passé à une programmation en anglais et en inuktitut.

En fait, les responsables croient toujours détenir l’une des banques de musique inuite les plus importantes du territoire.

Amély Dubuc et François Fortin écoutent un segment radiophonique préparé pour souligner le 25e anniversaire de la station. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Une émission de ligne ouverte en inuktitut est venue un moment répondre à un besoin de la communauté inuite. « C’était vraiment une radio communautaire à l’image des radios communautaires encore aujourd’hui qui existent dans les autres communautés où là les gens appellent pour dire bonne fête à leurs amis, et pour donner des nouvelles sur leur dernier voyage à Ottawa, ou sur les conditions de la glace dans la baie », selon M. Fortin.

La coordonnatrice de CFRT, Amély Dubuc, aimerait voir de nouveau une émission en inuktitut reprendre les ondes.

« On a beaucoup de musique en inuktitut, je pense que ça fait partie de nos points forts, mais avoir une émission en inuktitut, je pense que ce serait encore mieux. J’attends juste un projet qui arrive », affirme-t-elle.

Aujourd’hui, les réunions publiques du Conseil municipal d’Iqaluit sont retransmises en anglais et en inuktitut sur les ondes de la station.

La difficulté de recruter
Amély Dubuc est coordonnatrice de la station de radio communautaire francophone d’Iqaluit, CFRT. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Amély Dubuc admet que l’implication bénévole et la création de programmation locale ne sont pas chose facile. Les passages de courte durée par les francophones sont monnaie courante dans la capitale.

« Plus d’émissions locales ce serait vraiment l’idéal parce qu’on veut entendre les gens d’ici parler, développer leurs idées, les présenter aux gens et je pense que c’est un petit peu une satisfaction de dire “ J’ai mon émission à la radio! “ Ça te rend un peu fier et ça permet aux gens de développer un plus grand sentiment d’appartenance. »

Amély Dubuc, coordonnatrice de CFRT

Pour célébrer le 25e, les francophones sont invités le mardi 26 mars en fin de journée à un rassemblement aux locaux de l’Association des francophones du Nunavut.

Des souvenirs d’anciens bénévoles y seront présentés en primeur avant de se retrouver sur les ondes de CFRT 107,3 FM.

Claudiane Samson, Radio-Canada

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