Les Autochtones toujours surreprésentés parmi les itinérants à Montréal

Les Autochtones représentent 12% de la population en situation d’itinérance à Montréal, alors qu’ils ne représentent que 0,6% de la population générale. (Radio-Canada)
L’itinérance des Autochtones prend racine bien avant qu’ils arrivent en ville, dans des communautés rongées par des problèmes de pauvreté et de surpeuplement. C’est ce qui explique qu’ils sont toujours surreprésentés parmi les sans-abri à Montréal, selon Adrienne Campbell, directrice de Projets autochtones du Québec.

Les Autochtones représentent 12% de la population en situation d’itinérance « visible » à Montréal, alors qu’ils ne représentent que 0,6% de la population générale de la métropole, selon un dénombrement réalisé le 24 avril dernier et rendu public lundi.

Ces données sont similaires à celles du dernier dénombrement du genre, réalisé en 2015.

Le mot « itinérance » décrit mal la situation dans laquelle les Autochtones se retrouvent, qui découle directement des conditions de vie dans leur communauté d’origine, aux prises avec des problèmes de pauvreté et de surpeuplement des logements, croit Mme Campbell.

« Ça fait en sorte que beaucoup de gens viennent à Montréal dans l’espoir d’une vie meilleure », explique-t-elle. Or, une fois en ville, ils se heurtent à la barrière de la langue et à de la discrimination dans leur recherche d’emploi et de logement. C’est sans compter le fait que certains n’ont pas fini leurs études secondaires.

« Les conditions dans les communautés font en sorte qu’on a beaucoup de personnes qui, rendues en ville, se retrouvent dans une situation d’extrême vulnérabilité. »

Adrienne Campbell, directrice de Projets autochtones du Québec
Les Inuits surreprésentés

Les Inuits représentent plus du dixième des Autochtones en situation d’itinérance dans le dénombrement réalisé en avril.

Cela ne surprend pas Adrienne Campbell, qui évoque la colonisation récente et rapide du nord du Québec.

« [Les Inuits] ont vécu beaucoup de changements par rapport à leur culture et à leur mode de vie traditionnel. Ils ont connu la sédentarisation forcée de leur vivant », tente-t-elle en guise d’explication.

« Les maladies chroniques comme le diabète et la tuberculose sont encore des réalités pour eux, poursuit-elle. Beaucoup viennent dans le sud pour avoir accès à des soins de santé parce qu’il n’y a pas assez de services dans le nord. »

L’itinérance cachée des femmes

Les femmes comptent pour plus du tiers de la population itinérante autochtone à Montréal.

Or, ces données ne témoignent pas de « l’itinérance cachée » des femmes inuites, selon Mme Campbell.

Vulnérables et sans revenu stable, ces femmes ont de la difficulté à se trouver un logement et vont être hébergées par des gens qui cherchent à profiter d’elles, explique-t-elle. « Ils vont se présenter comme leur chum ou désirant être leur chum, mais ils vont prendre tout leur chèque d’aide sociale et essayer de les exploiter financièrement et sexuellement. »

« Ce n’est pas son logement à elle, elle n’est pas en sécurité, mais elle est logée, donc on ne la voit pas dans nos ressources. »

Adrienne Campbell, directrice de Projets autochtones du Québec

Elle ajoute que certaines personnes peuvent être hébergées temporairement dans leur famille ou chez leurs amis, sans pour autant avoir de logement ou de situation stable.

Une précarité qui perdure

Près de la moitié des Autochtones en situation d’itinérance se sont retrouvées dans la rue pour la première fois il y a plus de dix ans, révèlent les données recueillies lors du dénombrement.

Cela témoigne du caractère systémique et chronique de l’itinérance autochtone, selon Mme Campell. « Il y a des gens qui sont à Montréal depuis dix ans et qui sont toujours en situation de précarité », déplore-t-elle.

Lors de l’enquête, ils ont révélé le désir d’avoir accès à davantage de ressources, souligne-t-elle toutefois. Des services de base, comme certains soins de santé, ne sont tout simplement pas accessibles dans le nord, ajoute-t-elle.

Investir dans la lutte à l’itinérance n’est donc pas suffisant, selon elle. Il faut surtout agir sur les conditions qui poussent les Autochtones à quitter leur communauté pour aller dans les centres urbains.

Anouk Lebel, Espaces Autochtones

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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