Un pas de plus vers la création d’une nouvelle aire marine protégée dans l’Extrême Arctique canadien
Les gouvernements du Canada et du territoire du Nunavut, dans le nord-est du pays, évalueront avec une association inuite du territoire si certaines zones du bassin de l’Extrême Arctique requièrent la création d’aires marines protégées.
« Le gouvernement du Canada s’est engagé à doubler la superficie de la nature protégée dans les terres et les océans du Canada, d’un océan à l’autre », a mentionné la ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, par voie de communiqué.
Les ministères fédéraux de l’Environnement et du Changement climatique et des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne ont signé jeudi un protocole d’entente avec le gouvernement du Nunavut et l’Association inuite de Qikiqtani (AIQ), qui représente les Inuits de Baffin, dans l’est du territoire, pour mener une étude de faisabilité sur la création d’aires marines protégées au nord de Grise Fiord, dans la région du bassin de l’Extrême Arctique.
Dans un échange de courriels, le ministère fédéral des Pêches et des Océans a précisé qu’un comité directeur devra remettre les conclusions de cette étude d’ici les deux prochaines années.
« Ces travaux tiendront compte des avantages sociaux, environnementaux et économiques de la création d’aires marines protégées dans cette région, […] de l’Accord sur le Nunavut et de la Loi sur le Nunavut », rapporte le communiqué de presse de Parcs Canada.
Dans son budget de 2019, le gouvernement fédéral s’est engagé à étudier la possibilité de créer des aires marines protégées dans le bassin de l’Extrême Arctique canadien.
Le président de l’AIQ, P. J. Akeeagok, a fait savoir que la nouvelle entente permettrait notamment « de créer des avantages tangibles pour les Inuits qui vivent dans des collectivités comme Grise Fiord dans l’Extrême Arctique – des avantages comme des emplois liés à la conservation, des initiatives de recherche dirigées par les Inuits, des infrastructures marines et des possibilités économiques dans des industries durables comme les pêches ».
Espèces marines menacées
Aussi désignée sous le nom de « Tuvaijuittuq » – qui signifie « la glace ne fond jamais » en inuktitut – la région est connue pour être entièrement recouverte de glace de mer pendant la majeure partie de l’année. Pendant plus de 3000 ans, la région a abrité le plateau de glace d’Ellesmere dont la superficie atteignait environ 9000 km2 et l’épaisseur environ 100 km jusqu’à ce qu’il se fissure en six plateaux distincts au cours du 20e siècle, selon le ministère canadien des Pêches et des Océans.
Entre 1968 et 2018, la superficie de la glace de mer dans les eaux de l’Arctique canadien a baissé à un taux de 7 % par décennie durant la période estivale, selon les données d’Environnement et Changement climatique Canada. Cette tendance facilite la navigation et le tourisme, mais elle met en péril différentes espèces marines qui dépendent de la glace de mer, dont le morse et le phoque. D’ici 2050, de nombreux climatologues s’attendent à ce que l’océan Arctique soit libre de glace durant la période estivale.
Le 30 octobre 2018, le gouvernement fédéral et l’AIQ ont conclu une entente de principe avec le gouvernement du Nunavut et l’AIQ pour faire de la région de Tallurutiup Imanga, qui désigne le détroit de Lancaster en inuktitut, la plus vaste aire protégée au pays.