Canada: Changement de garde à la tête du Réseau de télévision des peuples autochtones

Jean La Rose, directeur général d’APTN (Réseau de télévision des peuples autochtones/Aboriginal People’s Television Network). (APTN)
Après 17 années à la tête du Réseau de télévision des peuples autochtones (APTN), Jean La Rose quittera la direction générale du diffuseur national à la fin de son contrat en décembre.

C’est avec le sens du devoir accompli que Jean La Rose, un Abénakis originaire d’Odanak au Québec, dit quitter le diffuseur autochtone national, créé il y a 20 ans, après avoir réussi « à établir un réseau qui est très solide ».

Jean La Rose a choisi de tirer sa révérence quelques années avant le renouvellement de la licence d’APTN pour permettre à son successeur de prendre la relève et de se familiariser avec l’organisation. « L’objectif ultime, c’est de m’assurer qu’APTN puisse continuer dans l’élan positif dans lequel il se trouve présentement. »

« Lorsqu’on a lancé APTN, un des plus gros journaux au Canada, basé à Toronto, nous a traité de taxe sur la culpabilité canadienne. »

Jean La Rose

« Je crois qu’au fil des ans, on leur a prouvé que ce n’était pas le cas », ironise Jean La Rose, qui ne craint pas pour l’avenir du télédiffuseur. Le processus de recherche de son remplaçant est d’ailleurs déjà enclenché.

Dans les semaines à venir, les candidats potentiels seront identifiés. « On a quand même des candidats très solides à l’interne », mentionne Jean La Rose, en rappelant qu’un programme de mentorat a permis de préparer une relève au sein d’APTN.

À son arrivée à APTN en 2002, entre 20 et 30 personnes travaillaient pour le réseau, qui fonctionnait avec un budget d’environ 10 millions de dollars. En 2019, le budget est cinq fois plus élevé et l’entreprise donne du travail à plus de 200 personnes, dont 68 % sont des Autochtones.

Le plateau d’APTN, le Réseau de télévision des peuples autochtones. (Gavin Boutroy/Radio-Canada)
Un réseau diversifié

APTN est un réseau qui s’est diversifié au fil du temps, allant de la production à la distribution de contenu médiatique autochtone. « On fait aussi de la radio maintenant à Ottawa et Toronto », précise Jean La Rose à propos d’ELMNT FM, une radio urbaine inaugurée l’automne dernier, qui s’adresse aux Autochtones en anglais et en langues autochtones.

Autre nouveauté, un bulletin d’information hebdomadaire, en français, qui sera diffusé à partir de Montréal dès la fin août pour desservir les communautés autochtones francophones du Québec.

L’organisation prévoit également lancer une entreprise de gestion artistique autochtone pour permettre aux artistes et aux musiciens de rayonner « à la hauteur de leur talent ».

Diverses autres initiatives devraient voir le jour au cours des prochaines années, spécifie le DG, qui est maintenant prêt à passer le flambeau « à quelqu’un, comme disait Charlebois, de plus jeune, plus fou, pour faire danser la communauté au son des boogaloos ».

« On a réussi à établir et à franchir certaines étapes critiques », se réjouit le directeur, dont la création et l’appui à une communauté de production autochtone solide, « certaines émissions produites pour APTN sont maintenant sur Netflix et en distribution partout dans le monde ».

Le recrutement difficile de journalistes autochtones

Le recrutement demeure l’un des défis importants du réseau de télédiffusion, malgré les programmes de formation et de mentorat, dont le programme Indspire, qui aide des étudiants autochtones à terminer leurs études.

Malgré cela, précise Jean La Rose, il est très difficile de recruter des journalistes autochtones, « la raison principale, c’est que les jeunes ne voient pas, surtout dans les communautés plus éloignées, de modèles en ondes qui leur donnent le goût de vouloir se lancer dans cette profession ».

Lauréat en 2011 d’un prix Indspire pour les médias et les communications, l’actuel directeur général d’APTN compte terminer son mandat en accomplissant ou en bonifiant quelques projets, dont le service d’offre vidéo sur demande. Dès le 1er juin, APTN Lumi offrira une soixantaine d’émissions pour un auditoire à la fois autochtone et non autochtone.

S’il ne sait pas ce qui l’attend le 1er janvier 2020, Jean La Rose dit n’avoir « nullement l’intention de tirer une chaise berçante sur le portique avant, pis regarder la circulation passer ». Il compte bien continuer à travailler avec le réseau et avec la communauté dans le secteur des arts et de la culture au Canada.

Anne-Marie Yvon, Espaces autochtones

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

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