L’Arctique canadien aura une nouvelle aire marine protégée

Le brise-glace Louis St-Laurent dans le détroit de Lancaster, au Nunavut. La région de Tallurutiup Imanga, qui désigne en inuktitut le détroit de Lancaster, est devenue jeudi la plus vaste aire protégée au Canada. (Jonathan Hayward/La Presse canadienne)
De passage au Nunavut, dans l’est de l’Arctique canadien, le premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi son intention de créer une nouvelle aire marine protégée qui dépassera l’objectif du gouvernement fédéral de protéger 10 % des zones marines et côtières du pays d’ici 2020.

Justin Trudeau en a fait l’annonce à Iqaluit, la capitale territoriale, avec le premier ministre du Nunavut et ministre territorial de l’Environnement, Joe Savikataaq, et le président de l’Association inuit de Qikiqtani (AIQ), P.J. Akeeagok, qui représente les Inuit de la région de Baffin.

« La conservation, de pair avec un développement responsable et le potentiel économique de la région, changera la vie des habitants de l’Extrême-Arctique et assurera un héritage de prospérité et d’intendance », a déclaré Joe Savikataaq, par voie de communiqué.

Le projet concerne le bassin de l’Extrême-Arctique, situé au large de la côte nord-ouest de l’île d’Ellesmere, au Nunavut.

Aussi désignée sous le nom de « Tuvaijuittuq » – qui signifie « la glace ne fond jamais » en inuktitut –, la région est connue pour être entièrement recouverte de glace de mer pendant la majeure partie de l’année.

Au mois d’avril, les gouvernements fédéral et territorial ont signé un protocole d’entente avec l’AIQ dans lequel ils s’engageaient à mener une étude de faisabilité sur la création d’aires marines protégées au nord de Grise Fiord, dans la région du bassin de l’Extrême-Arctique.

Aux termes de l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut, une entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuit doit être négociée avec l’organisation inuit de la région concernée avant la création de toute aire protégée au territoire.

La plus vaste aire protégée au Canada

Le premier ministre canadien a également confirmé que l’aire marine nationale de conservation (AMNC) Tallurutiup Imanga était officiellement finalisée, une victoire pour les Inuit qui militent depuis les années 1970 pour la protection du détroit de Lancaster. Elle devient ainsi la plus grande aire protégée au pays.

« L’annonce historique […] est l’aboutissement de dizaines d’années d’efforts déployés par des dirigeants inuit visionnaires pour préserver nos eaux et la glace de mer », a mentionné le président de l’AIQ, P.J. Akeeagok.

Anciennement connue sous nom de « Lancaster Sound », cette aire marine concerne les eaux situées au nord de l’île de Baffin, qui représentent une superficie d’environ 109 000 km2, soit près de 2 % de la zone marine du pays.

Cette carte montre la zone de protection marine Tuvaijuittuq, au nord-ouest de l’île d’Ellesmere, et de l’aire marine nationale de conservation Tallurutiup Imanga dans le détroit de Lancaster, dans l’est du Nunavut. (Gouvernement du Canada)

Signée jeudi, l’Entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuit protège les activités traditionnelles des Inuit et assure la préservation des espèces en péril et de leurs habitats, en plus de proscrire tout type d’activité de prospection et de développement pétroliers et gaziers.

L’entente promet par ailleurs une somme de près de 55 millions de dollars pour la création d’un conseil de cogestion entre le gouvernement fédéral et les Inuit. Le financement servira aussi à mettre en place un programme d’intendance des Inuit, géré par l’AIQ, dans chacune des cinq communautés de la région, soit Grise Fiord, Resolute Bay, Arctic Bay, Pond Inlet et Clyde River.

Un financement fédéral de 190 millions de dollars sur sept ans servira par ailleurs à la construction d’un port, d’usines de transformation d’aliments et d’un centre de formation.

Le premier ministre du Nunavut, Joe Savikataaq, le président de l’Association inuit de Qikiqtani, P.J. Akeeagok, et le premier ministre canadien, Justin Trudeau, ont signé jeudi l’Entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuit de l’aire marine nationale de conservation Tallurutiup Imanga. (Sean Kilpatrick/La Presse Canadienne)
Des espèces marines menacées

Entre 1968 et 2018, la superficie de la glace de mer dans les eaux de l’Arctique canadien a baissé à un taux de 7 % par décennie durant la période estivale, selon les données d’Environnement et Changement climatique Canada.

Cette tendance facilite la navigation et le tourisme, mais elle met en péril différentes espèces marines qui dépendent de la glace de mer, dont le morse et le phoque. D’ici 2050, de nombreux climatologues s’attendent à ce que l’océan Arctique soit libre de glace durant la période estivale.

« En protégeant ces zones vitales, nous protégeons l’environnement pour les générations futures, en plus d’appuyer l’autodétermination des Inuit en les aidant à préserver leurs pratiques culturelles, leurs langues et leurs coutumes », a déclaré le premier ministre Justin Trudeau.

Ensemble, les deux régions visées par l’annonce couvrent plus de 427 000 km2, ce qui élève à environ 14 % la superficie des zones marines et côtières protégées au pays.

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