L’incidence du cancer du sein dans l’ouest de l’Arctique canadien, supérieure à la moyenne nationale
Le nombre de patients atteints du cancer a diminué au cours des dernières années au Yukon, mais l’incidence du cancer du sein dans ce territoire du nord-ouest du Canada reste supérieure à la moyenne canadienne, montre un récent rapport territorial.
« Les données nous montrent que les tendances sont assez comparables à celles du Canada, avec quelques cas d’exceptions », résume le médecin-hygiéniste en chef du Yukon et auteur du rapport, Brendan Hanley, en entrevue téléphonique depuis Whitehorse, au Yukon.
Son analyse, rendue publique vendredi, dresse le portrait de l’incidence des différents types de cancer au Yukon entre 2009 et 2016. Le document de 67 pages est le deuxième d’une série d’analyses visant à mesurer l’évolution de cette maladie dans le territoire ainsi qu’à mieux orienter la prévention et le traitement du cancer.
Selon le rapport, le cancer du sein est la forme la plus répandue de cette maladie à travers le territoire, suivi du cancer du poumon, du cancer colorectal et du cancer de la prostate.
Entre 2009 et 2015, le cancer du sein représentait 35 % de tous les diagnostics de cancer chez les femmes au Yukon. « J’aimerais creuser un peu plus pour déterminer quelles sont les raisons qui expliquent cet état des lieux », mentionne-t-il.
Parmi les cinq recommandations faites à l’issue de son analyse, le médecin-hygiéniste en chef propose d’ouvrir un centre de dépistage du cancer pour faciliter la détection de la maladie à son stade précoce et pour collaborer avec les Premières Nations du territoire afin de mieux documenter l’incidence du cancer chez les Autochtones. Il recommande aussi de créer un comité directeur chargé de superviser les activités de prévention et de lutte contre le cancer.
Parmi les aspects à approfondir dans des études subséquentes, Brendan Hanley note la capacité du patient à repérer ses premiers symptômes, l’accès aux soins de santé pour le traitement du cancer et l’efficacité des travailleurs de la santé. « Ce sont certainement [des aspects] sur lesquels nous allons nous pencher », affirme-t-il.
Pour mener son analyse, Brendan Hanley a colligé des données du Registre du cancer du Yukon, du Registre des statistiques sur l’état civil du Yukon et de Statistique Canada.
Un portrait positif… pour le moment
En moyenne, 81 hommes et 72 femmes figuraient chaque année parmi les nouveaux cas de cancer recensés sur le territoire entre 2009 et 2016.
Même si l’analyse montre que le nombre de nouveaux cas de patients atteints de cancer diminue chaque année, Brendan Hanley croit que la tendance risque à terme de se renverser.
« Nous devons nous attendre à voir davantage de patients atteints de cancer en raison du vieillissement et de l’accroissement de la population », explique-t-il.
L’âge moyen des Yukonnais (39,1 ans) est inférieur à la moyenne nationale (41 ans), mais supérieur à celui des autres territoires du Nord, selon le recensement de 2016.
« Même avec des taux d’incidence à la baisse, on peut s’attendre à voir plus de personnes recevant un diagnostic de cancer et donc à une demande croissante de services de santé et de services sociaux sur le territoire », peut-on lire dans le document.
S’ajoute aussi la surconsommation d’alcool qui augmente les risques de développer certains types de cancer, comme le cancer du sein ou le cancer colorectal, rapporte le document. En 2014, le Yukon arrivait en deuxième position des provinces et territoires du pays où la proportion d’adultes ayant déclaré avoir une consommation abusive d’alcool était la plus élevée, selon Statistique Canada.
« Nous avons un bon accès aux soins primaires et chirurgicaux, mais nous devons encore étudier chaque étape de manière analytique, croit le médecin-hygiéniste en chef. Il va falloir étudier quel est le cheminement d’un patient atteint de cancer dans le système de santé. »
Brendan Hanley estime que d’autres facteurs plus spécifiques devront être pris en compte, comme les soins de traitement du cancer offerts en milieu rural et en milieu urbain. À l’heure actuelle, les patients doivent se rendre à Whitehorse, la capitale territoriale, pour recevoir un traitement de chimiothérapie ou une chirurgie. Aucun centre de santé du territoire n’offre toutefois de soins de radiothérapie.
Le médecin-hygiéniste en chef souligne aussi la nécessité de mener une analyse comparative sur l’incidence du cancer entre les Autochtones et les non-Autochtones. « C’est une question sur laquelle nous voulons vraiment nous pencher », affirme-t-il.