Des défis pour les immigrants francophones temporaires au Yukon, dans le Nord canadien

Les organismes francophones de Whitehorse, dans le nord-ouest du Canada, sont invités mercredi à réfléchir à l’amélioration des services offerts à leurs membres dans le cadre de l’initiative fédérale « communauté francophone accueillante ». Le besoin principal des immigrants francophones ne sera toutefois pas abordé lors de cette rencontre en raison des critères de financement.
Selon les consultations menées par l’Association franco-yukonnaise (AFY) auprès des immigrants en prévision de la rencontre de mercredi, la grande majorité des nouveaux arrivants de Whitehorse ont des visas temporaires et ont surtout besoin d’aide pour naviguer à travers le système de l’immigration.
L’agente en immigration Jeanne Brais-Chaput explique toutefois que le projet de « communauté francophone accueillante », financé par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), ne s’applique pas aux nouveaux arrivants munis de visas temporaires.

La situation, admet l’agente, est particulière aux territoires du Nord. L’AFY affirme voir une nette augmentation du nombre d’immigrants temporaires ces dernières années, soit une cinquantaine par année.
Aucune autorité toutefois n’enregistre de données exactes pour cette clientèle, ni les consulats, ni le fédéral. Statistique Canada confirme ne pas avoir de données sur le nombre d’immigrants qui parlent français.
Des démarches « floues »
Marie Hammje est arrivée au Yukon après un séjour à Vancouver avec un Permis Vacances-Travail (PVT). La Française est maintenant en route vers Dawson pour y tenter sa chance.
Elle a dû, à regret, quitter un emploi dans son domaine en raison de son visa temporaire. « Ça nous a pris un peu de temps avec les ressources humaines pour comprendre qu’en fait, ce n’est pas possible [d’y travailler] et que c’est compliqué [le programme] mobilité francophone avec le gouvernement. Donc j’ai dû arrêter. »
Elle croit que, tant du côté des employeurs que de celui des nouveaux arrivants, les dédales administratifs des différents programmes d’immigration sont un obstacle à la rétention d’immigrants francophones.

Le cas de Marie Hammje est typique, selon Sophie Delaigue, qui a oeuvré dans le domaine de l’immigration tant auprès de l’AFY que du gouvernement du Yukon.

Elle ajoute que les organismes tels que l’AFY sont pieds et poings liés. « L’Association franco-yukonnaise, en tant que telle, ne peut rien faire parce qu’elle est aussi dépendante des financements qu’elle a et elle doit répondre à ses financeurs. »
« On va accueillir tout le monde »
Sophie Delaigue croit qu’à défaut de répondre au véritable besoin, il faut se replier sur l’aspect social avec un accueil à l’aéroport, de l’aide au logement, ou des activités qui reflètent la culture d’origine.
« C’est vrai que c’est un peu ridicule que les critères d’éligibilité ne comprennent pas les services pour les immigrants temporaires. C’est une réalité et tout le monde fait face à ça. »
La directrice du développement économique de l’AFY, Édith Bélanger, affirme que l’initiative « communauté francophone accueillante » demeure positive.

« On peut espérer que les critères vont changer [et] on aimerait ça, mais, pour l’instant, ce n’est pas le cas. Dans tout ça, par contre, on va les accueillir quand même, les gens, mais avec du financement qui ne vient pas d’IRCC. »
À ce sujet, Marie Hammje affirme avoir été agréablement surprise à son arrivée.