Un projet de couture pour commémorer la vie de femmes et de filles inuit disparues et assassinées

Des femmes inuit prennent part à un projet de couture à Winnipeg, dans le sud du Canada, pour rendre hommage à la mémoire de femmes et de filles inuit disparues et assassinées.
« C’est une forme de thérapie par l’art qui permet de vivre son deuil de manière culturellement adaptée », affirme Gayle Gruben, une Inuk originaire de Tuktoyaktuk, aux Territoires du Nord-Ouest, qui orchestre le projet.
Le « Red Amautiit Project » (le projet des amautiit rouges) est l’initiative de l’Association inuit du Manitoba, un organisme qui offre des services de soutien à des Inuit de la province en faisant la promotion de la culture et des valeurs inuit.

Durant l’atelier de couture, les participantes sont invitées à faire part de leurs idées pour confectionner un amauti, un manteau traditionnel inuit dans lequel les femmes portent leur enfant. « Le fait de porter son enfant dans son dos crée un sentiment de proximité, souligne-t-elle. Tu sens le cœur de ton enfant battre dans ton dos et ça te procure un sentiment de réconfort. »
Selon Gayle Gruben, l’amauti symbolise à la fois le réconfort et la force des femmes inuit. « L’accent est vraiment sur la guérison et le partage, insiste-t-elle. À travers l’activité de couture, elles se sentiront en sécurité et ça va leur permettre de s’ouvrir en partageant leur expérience. »
Tournée canadienne
L’événement, qui se tient à Winnipeg de lundi à mercredi, effectuera d’ici la fin de l’année 2020 une tournée dans deux communautés du Nunatsiavut, la région inuit du Canada atlantique, puis dans huit communautés du Nunavut, un territoire du Nord canadien.
« Le Nunatsiavut passe assez inaperçu dans les médias en général, donc nous nous sommes dit qu’il serait important d’y aller pour offrir notre soutien et partager les histoires de femmes et de filles [inuit] disparues et assassinées », affirme Gayle Gruben.
À terme, l’Association inuit du Manitoba souhaiterait rassembler tous les amautiit (pluriel d’amauti) confectionnés à la main au sein d’une exposition.

Selon Gayle Gruben, l’initiative s’inspire initialement de l’installation visuelle The REDress Project, conçue par l’artiste métisse Jaime Black pour honorer les femmes autochtones disparues et assassinées. « Nous nous interrogions sur les différentes manières dont nous pouvions commémorer nos propres femmes et filles disparues et assassinées », explique-t-elle.
Un fonds national de commémoration
Le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (ENFFADA), rendu public le 3 juin, recommandait entre autres la création d’un fonds fédéral pour commémorer la vie de femmes, de filles, de membres de la diversité sexuelle et de personnes bispirituelles autochtones disparues et assassinées.
Le 24 juin, en réponse à cette recommandation, le gouvernement fédéral a annoncé un financement de 13 millions de dollars à une centaine de projets commémoratifs.
Ikayuqtiit, la branche caritative de l’Association inuit du Manitoba, a reçu une somme d’environ 493 000 $ sur deux ans de ce financement fédéral pour mettre en branle son projet.