Les ruisseaux sont essentiels à l’alimentation des ours bruns d’Alaska, selon une étude

Une récente étude de l’Université d’État de l’Oregon met en lumière le rôle sous-estimé des ruisseaux dans l’alimentation des ours bruns d’Alaska. Cette image montre un ours brun photographié dans le ruisseau Yako, à proximité du bassin de la rivière Wood, dans le sud-ouest de l’Alaska. (Jonny Armstrong/Université d’État de l’Oregon)
Les ruisseaux jouent un rôle central dans l’alimentation des grizzlys d’Alaska, selon une récente étude de l’Université d’État de l’Oregon, aux États-Unis, qui conclut que leur importance était jusqu’à présent sous-estimée.

« Les ours profitent de ces petits ruisseaux parce qu’ils y retrouvent du saumon à des moments uniques de la saison », affirme le professeur adjoint au Département des pêches et de la faune de l’Université d’État de l’Oregon et premier auteur de l’étude, Jonathan B. Armstrong.

Ses conclusions font l’objet d’une étude (en anglais) parue le 20 novembre dans la revue scientifique Conservation Letters et coécrite avec des chercheurs de l’Université de Washington, de l’Université de l’Alaska à Fairbanks et du Service des pêches et de la faune des États-Unis.

Réputés pour leur corpulence, les ours bruns d’Alaska – ou ours Kodiak – se nourrissent principalement de saumons rouges qui gorgent à la fois les rivières, les lacs et les ruisseaux de la région.

L’Alaska dénombre environ 3500 ours Kodiak, qui sont réputés pour être parmi les plus corpulents au monde, selon le ministère la Pêche et de la Chasse de l’Alaska. (David Gray/Reuters)
Les ruisseaux, des milieux avantageux

Même si les ruisseaux ne renferment qu’environ 20 % des saumons du bassin versant de la rivière Wood, dans le sud-ouest de l’Alaska, ces poissons représentent près de la moitié de tous les saumons qu’ingèrent les ours bruns.

Selon les chercheurs, cet état des lieux s’explique par le fait que les grizzlys ont plus de facilité à attraper les poissons qui vivent dans de petits cours d’eau. L’eau des ruisseaux est aussi plus froide que celle des lacs et des rivières, ce qui devance la période de reproduction des saumons.

Au printemps, lorsque les ours achèvent leur période d’hibernation, ils peuvent alors s’alimenter des populations de saumons qui vivent dans les ruisseaux.

« En comptant sur ces ruisseaux, les ours peuvent commencer à s’alimenter en saumons dès le début du mois de juillet; environ six semaines avant que les populations de saumons des rivières et des lacs commencent à frayer et soient à la portée des ours », explique Jonathan B. Armstrong.

Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont utilisé un système de modélisation pour mesurer l’impact des activités de pêches commerciales sur les populations de saumons rouges dans leurs différents habitats et, par conséquent, sur l’alimentation des ours bruns.

Contre toute attente, leurs analyses ont montré que des populations plus importantes de ces poissons dans de grands cours d’eau faisaient en réalité chuter la consommation des ours en saumons.

Les chercheurs souhaitaient comprendre quelles conséquences ont des activités de pêches commerciales sur les populations de saumons rouges, qui sont au centre de l’alimentation des ours bruns. (Andy Clark/Reuters)
Lorsque la durabilité l’emporte sur la quantité

« Pour tirer profit des montaisons de saumons, les ours ont besoin que les populations de poissons soient réparties dans le temps », indique le premier auteur de l’étude.

Les scientifiques croient que leur étude pourrait servir à mieux orienter de futures études d’impact environnemental, qui prennent peu en compte les conséquences de projets d’exploitation sur les plus petits écosystèmes.

À titre d’exemple, ils citent le cas du projet de la mine Pebble, dans la baie de Bristol, qui suscite l’ire de groupes environnementalistes et d’acteurs de l’industrie halieutique.

« Lorsque les gens envisagent la construction d’une mine, ils minimisent souvent l’importance des petits cours d’eau, car ils ne représentent qu’une petite fraction d’un bassin versant, en termes de superficie ou d’abondance de saumon », affirme Jonathan B. Armstrong.

« Si nous nous demandons plutôt quels sont les écosystèmes essentiels à la survie de certaines espèces, alors on se rend compte que les petits ruisseaux jouent un rôle particulièrement important. »

Jonathan B. Armstrong, professeur adjoint au Département des pêches et de la faune de l’Université d’État de l’Oregon

Même s’ils ont concentré leur analyse sur le bassin de la rivière Wood, les scientifiques croient que leurs résultats peuvent être transposés sur d’autres bassins où des activités de pêches commerciales sont aussi pratiquées.

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