COVID-19 : une minière canadienne lance ses propres tests de dépistage au Nunavut

L’entreprise affirme que les tests peuvent déceler lorsqu’une personne est atteinte de la COVID-19 même lorsqu’elle est asymptomatique. (Darryl Dyck/La Presse Canadienne)
La minière Agnico Eagle met actuellement en branle un projet pilote pour effectuer des tests de dépistage de la COVID-19 auprès de ses employés du Nunavut.

L’entreprise affirme avoir constitué une équipe d’experts pour mener des tests de dépistage auprès des employés de ses deux sites miniers du territoire.

« Agnico Eagle a la responsabilité de fournir un espace de travail sécuritaire, et notre priorité est de protéger la santé et la sécurité de nos employés ainsi que celle de nos communautés environnantes, particulièrement dans un contexte comme celui du Nunavut », a indiqué le directeur général de l’entreprise, Sean Boyd, dans un communiqué de presse.

Les premiers tests ont débuté lundi sur le site de la mine Méliadine et devraient bientôt être effectués à la mine Meadowbank, selon l’entreprise.

Le site de la mine Meadowbank, au nord de Baker Lake, au Nunavut. (Sean Kilpatrick/Radio-Canada)

Le projet pilote est dirigé par le microbiologiste et professeur au Département de microbiologie-infectiologie et d’immunologie de l’Université Laval Gary Kobinger, qui est à l’origine d’un vaccin contre le virus causant la maladie d’Ebola.

Au moyen d’un laboratoire mobile, les chercheurs effectuent des tests de dépistage de la COVID-19 par écouvillonnage nasopharyngé puis analysent les résultats des tests en quelques heures. « Ce type de laboratoire peut aussi faire des diagnostics d’infections bactériennes, d’influenza [et] de tuberculose », précise le Dr Kobinger.

« Au lieu d’attendre plusieurs semaines pour avoir le résultat, le test est fait sur place la journée même », ajoute-t-il. Sur place, il espère pouvoir tester de 100 à 150 personnes par jour, mais il ajoute que la capacité maximale d’analyse du laboratoire peut atteindre 200 tests quotidiens.

Tests de dépistage sans symptômes

Selon l’entreprise, les tests sont effectués de manière volontaire et permettent de détecter si une personne est atteinte de la COVID-19, même lorsqu’elle ne présente aucun symptôme.

Le médecin hygiéniste en chef du Nunavut, Michael Patterson, craint toutefois que les résultats ne soient mal interprétés par les personnes testées.

« Ma préoccupation est de se servir de ces tests pour tenter de prédire qui va contracter la COVID-19, ou qui est plus à risque de l’avoir d’ici une à deux semaines, a-t-il souligné lundi, en point de presse. Ces tests ne sont pas conçus pour ça et il y a une importante marge d’erreur quand on procède de la sorte. »

Le médecin hygiéniste en chef du Nunavut, Michael Patterson, affirme que la marge d’erreur des tests de dépistage effectués sur des personnes asymptomatiques est élevée. (Beth Brown/CBC)

Selon lui, les personnes asymptomatiques qui reçoivent un résultat de test négatif ont tendance à penser qu’elles ne sont pas infectées, même lorsque des premiers symptômes commencent à se manifester dans les jours qui suivent.

« Effectuer un test de dépistage de la COVID-19 au mauvais moment ou de la mauvaise manière peut mener à des résultats incorrects et créer un faux sentiment de sécurité. »Michael Patterson, médecin hygiéniste en chef du Nunavut

Le Dr Patterson a aussi tenu à souligner qu’Agnico Eagle devra se soumettre aux exigences établies par Santé Canada. « L’équipement doit être validé une fois qu’il est installé et fonctionnel », a-t-il expliqué.

« À l’heure actuelle, rien ne nous indique que ce type de tests peut remplacer une quarantaine de 14 jours », a-t-il poursuivi.

Les Nunavutois qui souhaitent retourner au territoire, tout comme ceux qui présentent des symptômes de la COVID-19 et attendent les résultats de leur test de dépistage, doivent s’auto-isoler pendant deux semaines.

Le 19 mars, l’entreprise a renvoyé à la maison ses employés résidant au Nunavut pour une durée de quatre semaines. Cette décision faisait suite à une série de manifestations menées par des habitants de Rankin Inlet, où atterrissent les employés du site minier Méliadine.

« La nature éloignée des activités d’Agnico Eagle au Nunavut implique des déplacements fréquents et l’hébergement d’employés dans des camps miniers », a dit l’entreprise.

Le Dr Patterson affirme avoir informé la direction de l’entreprise que ses employés étaient toujours dans l’interdiction de se rendre dans la communauté de Rankin Inlet.

Matisse Harvey, Radio-Canada

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