La pandémie accentue les écarts entre les élèves dans le nord-est canadien, disent des experts

Des experts du secteur de l’éducation s’inquiètent des effets de la pandémie sur les élèves du Nunavut. Plusieurs d’entre eux n’ont notamment pas accès à un ordinateur à la maison ou à une connectivité Internet fiable. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
La crise sanitaire creuse un fossé important entre les élèves du Nunavut puisque bon nombre d’entre eux peinent à compléter leurs cours à la maison, affirment des experts du milieu de l’éducation.

Les écoles du territoire ont fermé leurs portes le 17 mars pour limiter les risques de transmission de la COVID-19. À la demande du gouvernement territorial, des enseignants se sont attelés à la tâche pour préparer des trousses d’apprentissage pour leurs élèves.

Or, la matière apprise depuis la fermeture des écoles ne sera pas comptabilisée dans les bulletins scolaires de fin d’année, selon le ministère de l’Éducation.

« Il va falloir être honnête, lance le président de l’Association des enseignants et enseignantes du Nunavut, John Fanjoy. L’impact sera considérable sur le cheminement de tous les élèves et aussi sur la façon dont certains progresseront plus que d’autres par rapport à leur milieu socioéconomique. »

Les ressources pédagogiques sont disponibles en format papier pour les jeunes qui n’ont pas accès à une connectivité Internet ou à un ordinateur à la maison. John Fanjoy affirme toutefois que ce fonctionnement ne soutient pas les jeunes qui ont des besoins d’apprentissage particuliers, ni ceux qui vivent dans un logement surpeuplé ou ceux qui souffrent d’insécurité alimentaire.

« En temps de pandémie, il n’y a pas de solution miracle pour améliorer l’apprentissage. »John Fanjoy, président, Association des enseignants et enseignantes du Nunavut
Le président de l’Association des enseignants et enseignantes du Nunavut, John Fanjoy, affirme que les élèves ne sont pas suffisamment soutenus pour poursuivre leurs apprentissages. (CBC)

Il ajoute que les trousses d’apprentissage ont entraîné une grande charge de travail qui pourrait être perdue. Comme elles ne sont pas obligatoires, ces ressources pédagogiques ne peuvent pas aborder de la nouvelle matière qui n’a pas déjà été vue en classe.

« À mesure que nous nous dirigeons vers une nouvelle année scolaire, nous allons devoir réfléchir à des manières de mieux soutenir les élèves s’ils ne peuvent pas retourner comme prévu dans les salles de classe », soutient-il.

Pour être en mesure d’offrir de la nouvelle matière, explique John Fanjoy, les enseignants doivent être disponibles pour leurs élèves, ce qui implique qu’ils devront peut-être l’être virtuellement si la fermeture des écoles est prolongée.

Plusieurs élèves n’ont pas accès à une connectivité Internet fiable ou à un ordinateur à la maison. (Radio-Canada)
Perte de motivation

Le président de l’Administration scolaire du district d’Iqaluit (ASDI), Doug Workman, indique que de 100 à 150 des quelque 450 élèves de niveau secondaire n’ont pas accès à un ordinateur à la maison ou à une connectivité Internet.

Il affirme que cet état des lieux désavantage les élèves dont le niveau plus avancé requiert d’effectuer des recherches spécifiques en ligne ou d’obtenir un soutien personnalisé auprès de leur enseignant.

À cela vient s’ajouter la perte de motivation des élèves parce qu’ils savent que le contenu de la matière envoyé ne fera pas l’objet d’une évaluation.

« Conséquemment, nous réalisons que peu d’élèves suivent la matière qui leur est envoyée », constate Doug Workman.

Le président de l’Administration scolaire du district d’Iqaluit (ASDI), Doug Workman, constate que plusieurs élèves n’ont pas ramassé la trousse d’apprentissage physique. (David Gunn/CBC)
Discussions en cours

Le gouvernement territorial a récemment rendu public son plan de déconfinement, mais la réouverture des écoles en septembre demeure incertaine.

Le président de l’Administration scolaire du district d’Iqaluit (ASDI), Doug Workman (ASDI) affirme avoir entrepris des discussions avec le ministère de l’Éducation pour trouver une manière de rendre l’apprentissage plus équitable pour tous les élèves.

Le ministre de l’Éducation du Nunavut, David Joanasie. (Beth Brown/CBC)

« Mais il nous faut vraiment plus que des paroles, insiste-t-il. Nous avons besoin de ressources et de solutions viables qui pourront être mises en œuvre. »

Le ministre de l’Éducation, David Joanasie, affirme que son ministère se penche actuellement sur la manière dont les écoles devront procéder si des cas de COVID-19 sont enregistrés à Iqaluit.

« Nous avons mis sur pied un groupe de travail qui examine spécifiquement la question de la perte de temps d’apprentissage et ce qui se fait ailleurs au pays à ce sujet », a-t-il déclaré lundi, en point de presse.

Avec les informations de Jackie Mckay

Radio-Canada

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