Un camp d’été du Nunavut réinventé en temps de pandémie dans l’Arctique canadien

Le camp de jour Franco-Fun est organisé chaque été à Iqaluit, mais cette année, ses organisateurs ont décidé qu’il serait virtuel en raison de la pandémie. Cette image montre le moniteur Cédric Bohémier avec son groupe, en 2019. (Carrefour Nunavut)
La tenue de plusieurs camps d’été à Iqaluit s’annonce incertaine, mais l’organisme Carrefour Nunavut s’est résolu à maintenir le sien en l’offrant…de manière virtuelle.

Au bout du fil, le directeur de l’organisme de développement économique francophone, Francis Essebou, admet que le camp Franco-Fun, dont une grande partie des activités se tient habituellement en plein air, aura déjà mieux porté son nom.

Néanmoins, malgré les strictes consignes de santé publique liées à la pandémie, les organisateurs du seul camp de jour francophone du Nunavut ne se sont pas laissés décourager et ont décidé d’innover pour offrir leurs services aux jeunes cet été.

« Chaque moniteur aura son groupe qu’il devra animer virtuellement », affirme Francis Essebou.

Le camp, qui aura lieu du 6 juillet au 14 août, sera offert gratuitement et proposera deux heures d’activités quotidiennes.

Certaines d’entre elles seront offertes sur des tablettes iPad prêtées pour l’occasion par le ministère territorial de l’Éducation.

« Il y aura de l’animation active […] de l’art plastique, de la lecture virtuelle et des activités physiques [comme] peut-être de la danse, des concours de photographie ou de vidéo. »Francis Essebou, directeur de Carrefour Nunavut

Les organisateurs ont revu la formule habituelle en limitant la capacité maximale à 30 personnes, qui seront supervisées par trois moniteurs.

Depuis sa création en 2015, le camp Franco-Fun réunit des jeunes francophones et non-francophones d’Iqaluit. (Photo fournie par Cédric Bohémier)

Le gouvernement territorial a récemment lancé son plan de déconfinement.

Même si les camps de jour sont classés dans la catégorie des activités à faibles risques, les autorités territoriales n’ont pas encore annoncé si elles comptaient les autoriser à ouvrir cet été.

Devant cette incertitude, Carrefour Nunavut a préféré ne pas perdre de temps.

« Lorsqu’on a vu que la pandémie continuait […] on s’est dit qu’il valait mieux prendre les devants et qu’on essaye d’innover », explique Francis Essebou.

Le camp mise habituellement sur des activités en plein air dans la toundra. (Photo fournie par Cédric Bohémier)

Il affirme que le camp fait habituellement fureur chez les francophones de la capitale territoriale.

« C’est vraiment une activité phare », lance-t-il. Depuis sa création en 2015, le camp accueille généralement une cinquantaine de jeunes de 6 à 12 ans, qu’ils soient francophones ou non.

Enthousiasme modéré

Meredith Clayden, une résidente d’Iqaluit et mère de deux garçons, apprécie l’initiative de l’organisme, mais elle admet ne pas être séduite par sa dimension virtuelle.

« On l’aurait sérieusement considéré si ça avait eu lieu de manière conventionnelle », dit-elle.

Antoine Jonart (à gauche) et Jacques Jonart (à droite) ont l’habitude de passer beaucoup de temps dehors. Leur mère, Meredith Clayden, croit qu’un camp virtuel sera peu adapté à leurs besoins cet été. (Photo fournie par Meredith Clayden)

« En ce moment, nos enfants manquent beaucoup d’interactions, renchérit Marie-Hélène Racine, une mère de deux fillettes de 4 et 6 ans. Elles ne veulent pas passer plus de temps sur un iPad ou sur ordinateur; elles veulent voir leurs amies [et] jouer. »

« Moi, je suis aussi inquiète à propos de la santé mentale de mes enfants. À un moment donné [leur] comportement change… Elles ont besoin de voir leurs amies. »Marie-Hélène Racine, mère de deux fillettes
Quelques incertitudes

Carrefour Nunavut travaille encore à sa programmation et s’attend à embaucher ses trois moniteurs d’ici les prochaines semaines.

Comme ces moniteurs sont souvent recrutés dans le sud du pays, Francis Essebou espère que les autorités sanitaires leur délivreront l’autorisation de voyage requise pour se rendre au territoire.

« Et si ce n’est pas le cas, on devra trouver de la main-d’œuvre locale […] mais ce n’est pas évident à trouver aussi facilement », souligne-t-il.

L’organisme de développement économique francophone Carrefour Nunavut offre entre autres des services d’aide à la recherche d’emploi, l’entrepreneuriat ou l’immigration. (Mario de Ciccio/Radio-Canada)

À l’heure actuelle, seuls les résidents du Nunavut ont le droit de revenir au Nunavut, à condition qu’ils effectuent une quarantaine dans l’un des hôtels désignés par les autorités sanitaires.

Durant l’été, la Municipalité d’Iqaluit et l’organisme régional inuit Qikiqtani Inuit Association organisent eux aussi des camps de jour, mais ils ignorent encore si ceux-ci seront reconduits cette année.

« Si les camps en personne obtiennent l’autorisation de rouvrir, nous devrons probablement trouver une formule différente des dernières années pour l’organiser, dit la directrice des loisirs de la Ville d’Iqaluit, Stephanie Clark. Mais nous regardons toutes nos options, que ce soit des trousses [d’activités] à faire à la maison ou du contenu en ligne. »

Matisse Harvey, Radio-Canada

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