Niveau d’eau historiquement bas observé dans un lac des T.N.-O.

Le Grand lac des Esclaves, aux Territoires du Nord-Ouest, est le deuxième lac en importance au Canada. L’hiver, lorsqu’il gèle, une portion de 6 kilomètres sur le lac devient la route de glace vers Dettah. (Photo d’archives) (Jessica Harrison/Getty Images)

Les conditions extrêmement sèches ont fait que beaucoup moins d’eau est entrée dans le Grand lac des Esclaves que ce qui s’en est écoulé.

Les Territoires du Nord-Ouest font actuellement face à des niveaux d’eau historiquement bas dans les rivières et les lacs. Au Grand lac des Esclaves, par exemple, le niveau d’eau n’a jamais été aussi bas. La situation n’est pas passée inaperçue pour la communauté des houseboaters qui, ces derniers mois, a manifesté une certaine appréhension face à l’évidente baisse des niveaux d’eau.

L’explication est simple : en bref, l’été a été extrêmement chaud et sec, ce qui signifie qu’il y a eu beaucoup moins d’eau qui est entrée dans le Grand lac des Esclaves que ce qui s’en est écoulé. C’est Ryan Connon, un hydrologue du ministère de l’Environnement et du Changement climatique du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, qui le confirme à Médias ténois.

Selon Connon, « les conditions extrêmement sèches dans le sud des T.N.-O. ont laissé très peu d’eau disponible pour s’écouler vers les rivières et les lacs ». Ces conditions sont apparues initialement pendant l’été et l’automne de 2022 et persistent jusqu’à l’été et le début de l’automne 2023.

L’impact de cette période prolongée de sécheresse est évident, car même lorsque la pluie tombe, elle sert principalement à saturer le sol, les zones humides et les étangs avant de reconstituer les grands plans d’eau. – Ryan Connon, hydrologue

Une grande partie des T.N.-O. a reçu moins de pluie que la normale à l’été 2022 et encore moins cette année. La situation a été exacerbée par les températures caniculaires « qui ont entraîné une évaporation accrue des lacs et une transpiration des végétaux, ce qui a réduit l’humidité du sol et le débit d’eau vers les cours d’eau et les rivières », poursuit M. Connon.

L’un des exemples les plus frappants est le Grand lac des Esclaves, qui a atteint un niveau d’eau record depuis le début de la surveillance en 1939. Le niveau d’eau du Grand lac des Esclaves dépend de deux facteurs : la quantité d’eau qui entre dans le lac et la quantité d’eau qui quitte le lac. L’eau qui entre provient à la fois des rivières qui se jettent dans le lac et des précipitations. L’eau qui sort est une combinaison de l’eau qui s’écoule du lac (vers le fleuve Mackenzie et l’océan Arctique) et de l’évaporation de la surface du lac.

Les rivières qui apportent et qui sortent l’eau dans le Grand lac des Esclaves sont responsables de la grande majorité des variations du niveau de l’eau dans le lac. La pluie qui tombe sur le lac et l’évaporation ont un impact beaucoup plus réduit, de l’ordre de 5 % à 10 % des apports et des sorties d’eau.

Les niveaux d’eau du Grand lac des Esclaves sont actuellement extrêmement bas, en grande partie à cause des conditions chaudes et sèches dans le nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, et dans le sud des Territoires du Nord-Ouest. Les niveaux d’eau de la rivière des Esclaves (qui fournit environ 75 % de toute l’eau au Grand lac des Esclaves) sont inférieurs à la moyenne depuis le début du mois de mai 2023. – Ryan Connon, hydrologue.

Des fluctuations imprévisibles d’année en année

Il est intéressant de noter qu’en 2020, la région a connu l’extrême opposé, avec des niveaux d’eau atteignant un record. Connon précise qu’en 2020, les bassins alimentant le Grand lac des Esclaves ont reçu beaucoup plus de précipitations que d’habitude. « Cela signifie que ces rivières apportaient beaucoup plus d’eau dans le lac que ce qui s’écoulait par le fleuve Mackenzie. Lorsque cela se produit, les niveaux d’eau augmentent dans le lac. L’été 2020 a été exceptionnel, car tous les grands sous-bassins qui se déversent dans le lac ont reçu des quantités de pluie presque record », dit-il.

Au cours des cinq dernières années, les niveaux d’eau du Grand lac des Esclaves sont passés d’un niveau extrêmement bas (juillet 2019) au niveau le plus élevé jamais enregistré (2020 à 2022), pour revenir à un niveau extrêmement bas (septembre 2023). L’ampleur et la fréquence de ces fluctuations n’ont jamais été observées auparavant au cours des 88 dernières années enregistrées.

Ryan Connon explique aussi que ces fortes fluctuations des niveaux d’eau sont le résultat de grands systèmes météorologiques qui se sont déplacés sur l’ensemble du bassin du Grand lac des Esclaves, qui comprend des sous-bassins dans le nord de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et des Territoires du Nord-Ouest.

En ce qui concerne le lien entre ces fluctuations des niveaux d’eau et le changement climatique, Connon suggère que bien qu’il soit difficile d’isoler des évènements individuels, ces fluctuations sont probablement le résultat d’une combinaison de schémas climatiques mondiaux à grande échelle – appelés téléconnexions – et de changements climatiques.

« Les téléconnexions peuvent être à l’origine d’anomalies de température et d’humidité à grande échelle sur le continent. Un exemple bien connu de téléconnexion est El Niño, qui est le résultat d’une bande d’eau océanique chaude se développant dans l’océan Pacifique et qui peut affecter le climat mondial », explique l’hydrologue, soulignant la nécessité de recherches supplémentaires pour comprendre leur interaction avec un climat en réchauffement.

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