Des œuvres d’un artiste inuk de l’Arctique canadien exposées en Pologne

L’œuvre Sans titre (2009) de l’artiste inuk Qavavau Manumie est exposée au Musée d’art moderne de Varsovie, en Pologne, jusqu’au 13 septembre. (Photo fournie par la coopérative West Baffin Eskimo)
Des dessins de l’artiste inuk Qavavau Manumie ont récemment voyagé jusqu’à Varsovie, en Pologne, où ils font l’objet d’une exposition sur les changements climatiques.

L’exposition, intituléeThe Penumbral Age: Art in the Time of Planetary Change, collige des œuvres d’environ 70 artistes internationaux créées au cours des cinquante dernières années.

Les œuvres sélectionnées font état de la réflexion de chaque artiste face aux changements qu’ils ont observés dans leur environnement.

Établi depuis plusieurs années à Kinngait, dans l’est du Nunavut, Qavavau Manumie est reconnu mondialement pour ses gravures qui illustrent différents pans de la mythologie inuit, de la faune arctique et des aspects contemporains de la vie des Inuit.

« Ça ne fait que quelques années que le public le reconnaît aussi comme un illustrateur important », affirme William Huffman, le directeur marketing de la coopérative d’artistes West Baffin Eskimo, qui représente l’artiste depuis les années 1970.

Qavavau Manumie a plusieurs fois collaboré avec l’artiste inuk Kenojuak Ashevak. Sur cette image, il travaille sur l’œuvre Six Part Harmony (2011). (Photo fournie par la coopérative West Baffin Eskimo)

Parmi les huit dessins retenus par les conservateurs de l’exposition, certains illustrent des pêcheurs au harpon témoins de la fonte soudaine des glaces, d’autres encore montrent le chevauchement de la faune arctique et de la pollution.

« L’idée, pour lui, n’est pas seulement de montrer qu’il y a des changements dans son environnement et qu’ils ont changé le mode de vie [des Inuit], mais bien de mettre en lumière l’origine de ces changements », explique William Huffman.

Il cite, à titre d’exemple, la présence accrue des navires de croisière dans les eaux arctiques et les activités minières omniprésentes dans la région.

« Il a une manière très poétique de rendre compte des changements qui ont lieu dans son environnement. »William Huffman, directeur marketing de la coopérative d'artistes West Baffin Eskimo
Dans ses illustrations, Qavavau Manumie rend compte des bouleversements climatiques observés dans son environnement. L’œuvre Sans titre (2016) est au nombre des huit dessins sélectionnés pour l’exposition. (Photo fournie par la coopérative West Baffin Eskimo)

Dans une discussion (en anglais) retranscrite sur le site web de la coopérative, les deux conservateurs de l’exposition, Sebastian Cichocki and Jagna Lewandowska, décrivent la perspective de Qavavau Manumie comme étant cruciale pour comprendre les bouleversements qui ont cours dans cette région du monde.

« Le lieu où l’artiste réside et puise son inspiration est frappé de plein fouet par les changements climatiques, qui causent la fonte de la calotte glaciaire et perturbent les cycles naturels de la faune et de la flore. »Sebastian Cichocki and Jagna Lewandowska, conservateurs de l’exposition

William Huffman croit d’ailleurs que les œuvres de Qavavau Manumie gagnent d’autant plus en importance dans le contexte climatique actuel.

« Elles deviennent des archives extrêmement riches pour comprendre les changements qui s’opèrent actuellement dans une région où peu de gens en sont réellement conscients », souligne-t-il.

L’œuvre Sans titre (2006-2007), de Qavavau Manumie, illustre un oiseau dans une bouteille de Pepsi. (Photo fournie par la coopérative West Baffin Eskimo)

Tout comme les scientifiques rendent compte de leurs observations à partir de recherches sur le terrain, les artistes inuit posent un regard attentif sur leur environnement, pense William Huffman.

D’une certaine manière, il voit donc l’art inuit comme un complément à la science occidentale, dont les études sontsouvent abstraitesetimpersonnellespour le commun des mortels, affirme-t-il.

« On réalise que les changements ont lieu directement devant les yeux de [l’artiste], parfois même dans sa propre communauté. »William Huffman

Il espère que l’idée d’inclure la perspective des Inuit fera des ricochets dans d’autres expositions internationales au cours des prochaines années.

« C’est très gratifiant de voir nos artistes être non seulement reconnus comme d’importants artistes canadiens ou inuit, mais aussi de prestigieux artistes à l’international », se réjouit William Huffman.

L’exposition a lieu au Musée d’art moderne de Varsovie jusqu’au 13 septembre.

Matisse Harvey, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur l'Arctique canadien, visitez le site d'ICI Grand Nord.

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