Les chercheurs de la plus grande expédition en Arctique lancent un cri d’alarme

La fonte des glaces de la banquise s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique. (Steffen Graupner/Alfred-Wegener-Institut)
À l’issue d’un voyage de plus d’un an dans le cercle arctique pour y mener des recherches sur les changements climatiques, le brise-glace Polarstern est rentré lundi dans son port d’attache, à Bremerhaven dans le nord-ouest de l’Allemagne.

Partie le 20 septembre 2019 de Tromsø en Norvège, la mission a permis à des centaines de scientifiques de se relayer pour documenter les bouleversements qui touchent le Pôle Nord.

Cette ambitieuse exploration organisée par l’institut Alfred-Wegener est d’une ampleur inédite. Durant les 389 jours passés en mer, le brise-glace s’est laissé dériver pour permettre à l’équipage (600 chercheurs et experts en provenant de 37 pays à travers le monde) de collecter des données sur l’environnement de la région. Un périple d’autant plus incertain qu’une bonne partie du voyage s’est déroulé en pleine pandémie mondiale.

« Les changements climatiques représentent le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée. Tout au long de leurs longs mois passés dans la glace arctique, les experts impliqués ont récupéré de précieuses données qui contribueront à combler des lacunes quant à notre compréhension du climat sur notre planète. »Anja Karliczek, ministre fédérale allemande de l'Éducation et de la Recherche
ATMOS and Logistics team finally reach the new destination of the flux sled at the first year ice site.
La banquise dans l’Arctique fond à une « vitesse dramatique »

De retour au bercail, le physicien et climatologue et chef de l’expédition, Markus Rex, a expliqué que les chercheurs ont vu comment la mer de glace de l’Arctique est en train de mourir. Rappelons que l’Arctique est la région du monde qui se réchauffe le plus vite.

« La mer de glace de l’Arctique n’est pas seulement une partie importante du climat à l’échelle mondiale, c’est aussi un écosystème unique. Elle permet à de nombreuses sociétés autochtones de vivre. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour la préserver pour les générations futures. »Markus Rex, physicien et climatologue et chef de l’expédition

« Bien qu’aujourd’hui, le centre de l’Arctique reste un paysage fascinant et gelé en hiver, la glace n’est que deux fois moins épaisse qu’il y a 40 ans », a-t-il dit précisant que les températures hivernales étaient presque toujours dix degrés plus élevés que ce que Fridtjof Nansen a connu lors de son expédition dans l’Arctique il y a plus de 125 ans.

« Si nous ne mettons pas en place des actions immédiates et importantes pour lutter contre le réchauffement climatique, nous verrons bientôt des étés arctiques sans aucune glace, ce qui aura des répercussions incalculables sur le climat de la Terre. »Markus Rex, physicien et climatologue et chef de l’expédition

En 10 mois, le Polarstern aura parcouru 3 400 kilomètres. Cette mission baptisée Mosaic (Multidisciplinary drifting Observatory for the Study of Arctic Climate) doté d’un budget de plus de 200 millions de dollars s’est faite avec la collaboration de 80 instituts de recherches. Elle a eu pour objectif d’étudier aussi bien l’océan, l’écosystème, la banquise et l’atmosphère.

L'expédition MOSAiC en quelques chiffres
  • 390 jours estimés
  • 600 scientifiques internationaux à bord (par alternance)
  • 20 pays impliqués
  • 4 brise-glaces de ravitaillement
  • 7 km par jour
  • 6 personnes affectées à la surveillance d’ours polaires aux alentours du navire Polarstern

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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