Dans le Grand Nord canadien, la jeune louve momifiée trouvée au Yukon révèle ses secrets

La jeune louve, baptisée Zhùr, par les autochtones, a été étudiée pendant près de quatre ans. (Gouvernement du Yukon)
Quatre ans après sa découverte par un mineur dans des champs aurifères près de Dawson, la femelle louveteau baptisée Zhùr par les autochtones et âgée de 57 000 ans partage ses secrets avec la communauté scientifique.

« Elle est tellement complète. Elle est tellement incroyable. Elle est si intacte. Je veux dire qu’elle a même sa fourrure, tout est là », se réjouit Julie Meachen, paléontologue spécialiste des vertébrés de l’Université de Des Moines et auteur principal d’une étude publiée lundi dans la revue Current Biology.

Les chercheurs ont été stupéfaits de découvrir que les organes internes de l’animal étaient même intacts.

« Nous pouvons apprendre tellement plus d’un animal avec sa peau, sa fourrure et ses organes qu’avec ses seuls os. Il y a tellement de détails à son sujet. Et elle a vécu il y a 57 000 ans, je veux dire que c’est assez incroyable que nous puissions obtenir tous ces détails d’elle alors qu’elle vivait il y a si longtemps. »Julie Meachen, paléontologue spécialiste des vertébrés de l'Université de Des Moines

Grâce à divers tests et analyses, l’équipe de chercheurs a pu déterminer que Zhùr, « loup » dans la langue autochtone des Han, n’avait que sept semaines lorsqu’elle est morte dans sa tanière.

Les tests génétiques ont également révélé qu’elle ne s’apparentait pas aux loups que l’on trouve aujourd’hui en Amérique du Nord, mais qu’elle se rapprochait plutôt des loups de l’ère glaciaire qui parcouraient l’Europe.

« Et c’est vraiment intéressant, car cela nous dit qu’il y a eu un changement majeur de population qui s’est produit en Amérique du Nord avec les loups gris à la fin de l’ère glaciaire. »Grant Zazaul, paléontologue

Les scientifiques disent avoir été très surpris de découvrir, grâce à des tests réalisés sur ses tissus et poils, que le dernier repas de la petite louve était constitué de saumon. Un régime alimentaire loin du bison, du caribou ou du bœuf musqué comme s’y attendaient M. Zazaul et ses collègues.

Une découverte significative pour les autochtones de la région

Si la découverte de Zhùr touche grandement la communauté scientifique, elle est également célébrée par la Première Nation Tr’ondek Hwech’in.

« Nous sommes liés à cette petite louve », confie Debbie Nagano, directrice du patrimoine de la première nation et membre du clan du loup.

Peu après la découverte initiale, Zhùr a été ramenée dans la communauté pour une cérémonie spéciale de bénédiction avec les aînés et a reçu son nom. Mme Nagano dit qu’avant de partir pour des analyses, la première nation a travaillé avec les scientifiques pour s’assurer que Zhùr ne soit pas traitée comme un simple spécimen.

« Ce côté est très important pour nous. Il y a un lien avec elle. Nous ne voulons pas qu’elle soit traitée comme un simple artefact. Nous voulons vraiment qu’elle puisse aussi être respectée. Pas [seulement] de la façon dont elle est respectée physiquement, elle doit aussi être respectée spirituellement. »Debbie Nagano, directrice du patrimoine de la première nation et membre du clan du loup

Debbie Nagano affirme que Zhùr a également contribué à développer de meilleures relations entre la Première Nation et les scientifiques, ainsi qu’avec le gouvernement et la communauté minière.

« Cette jeune louve nous rassemble de manière positive, nous pouvons tous en tirer des leçons. C’est une bonne raison d’être reconnaissant », ajoute-t-elle

Aussi rare qu’elle soit, Zhùr n’est pas la seule découverte de l’ère glaciaire à être sortie du pergélisol. Les os de mammouths, de bisons et de chevaux ne sont pas rares, mais une momie complète comme la jeune louve l’est, du moins pour l’instant.

« Alors que le réchauffement climatique continue de faire dégeler le pergélisol, un point positif est que d’autres momies congelées exceptionnellement préservées seront probablement découvertes, offrant de nouvelles fenêtres sur le passé », prédit Julie Meachen.

Avec les informations de Cheryl Kawaja

Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur le Canada, visitez le site de Radio-Canada.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *