Vente avortée d’une mine dans l’Arctique canadien : quel est l’avenir de TMAC Resources ?

L’annulation de la vente de la mine d’or d’Hope Bay, au Nunavut, à l’entreprise chinoise Shandong Gold Mining par le gouvernement fédéral apporte un vent d’incertitude dans la région, alors que la minière canadienne TMAC Resources se retrouve dans une situation financière précaire.
L’entente d’une valeur de 230 millions de dollars a été rejetée à la suite d’un examen relatif à la sécurité nationale des investissements, comme l’exige la Loi sur l’investissement au Canada lors de la prise de contrôle d’entreprises canadiennes par des entreprises étrangères. Les détails de la décision restent toutefois confidentiels.
Si la vente avait eu lieu, l’entreprise chinoise Shandong Gold Mining avait indiqué vouloir aussi y investir les fonds nécessaires pour atteindre le plein potentiel du projet et doubler sa production d’or.
L’expansion et la hausse de production auraient pu être bénéfiques pour les Inuit de la région et l’association Kitikmeot Inuit (KIA) à qui appartiennent les terres.
Mardi, la KIA, qui n’a jamais voulu dévoiler si elle soutenait la vente, a indiqué par voie de communiqué qu’elle respectait la décision d’Ottawa : « la KIA respecte la loi du Canada et son droit d’approuver ou de refuser cette transaction », a indiqué son président Stanley Anablak.
D’un même souffle, la KIA rappelle aussi soutenir le maintien de la mine de Hope Bay.
« C’est une dette importante »
L’avenir de la minière TMAC Resource reste toutefois incertain, alors que l’entreprise basée à Toronto doit payer une dette d’au moins 170 millions $ d’ici juin 2021.
Même s’il est déçu de l’annulation de la vente, le président-directeur général de TMAC Resources, Jason Neal, ne se dit pas inquiet pour l’avenir financier de la minière qui a, selon lui, resserré ses opérations au cours de la dernière année.

Malgré la dette et son échéance imminente, l’entreprise ne croit pas avoir besoin de se mettre à l’abri de ses créanciers.
« C’est une dette importante, admet-il. Nous ne générons pas de manière organique un flux de profit qui nous permettrait de la rembourser, il nous faudra donc une approche nous permettant de la refinancer ou une autre action stratégique pour y remédier. »
Le PDG reste toutefois muet sur ce que sera cette stratégie.
Vers un soutien fédéral?
Même s’il n’a pas de demandes spécifiques à l’endroit d’Ottawa, Jason Neal ajoute qu’une aide fédérale dans le secteur serait légitime.
De leur côté, la KIA et la Chambre des mines du Nunavut et des Territoires du Nord-Ouest prônent une meilleure implication d’Ottawa dans les mines des territoires.

Dans son communiqué, Stanley Anabla de la KIA a indiqué qu’il « s’attend à ce que le Canada travaille avec KIA, TMAC et d’autres intervenants pour assurer le développement continu et l’avenir prospère de la mine d’Hope Bay au profit des Canadiens et des Inuit de Kitikmeot. »
« Le gouvernement s’est doté d’un Cadre stratégique pour l’Arctique et le Nord qui n’a rien fait depuis son [adoption], rappelle-t-il. C’est le temps d’aider le Nord. »
Selon lui, l’importance de l’industrie minière pour les communautés du Nord devrait justifier une meilleure aide de la part d’Ottawa, que ce soit sous forme de subventions, de mesures fiscales ou d’investissement directs dans des projets miniers.