Un premier forum économique francophone à Iqaluit dans le Grand Nord canadien
Une association francophone du Nunavut tient pour la toute première fois jusqu’à samedi un forum économique dont l’objectif est d’inciter les francophones d’Iqaluit à se lancer en affaires.
« Il faut penser à l’après-pandémie », croit le directeur de l’organisme de développement économique francophone Carrefour Nunavut, Francis Essebou.
« Nous vivons en ce moment une période assez difficile […] avec certains pans de l’économie qui se sont effondrés, comme le secteur touristique », poursuit-il.
L’organisme offre entre autres des services d’aide à la recherche d’emploi, l’entrepreneuriat ou l’immigration.
L’événement, dit-il, vise surtout à éveiller la flamme entrepreneuriale chez les francophones en les outillant à mener à bien leur projet d’affaires.
En d’autres termes : convaincre les indécis à faire le saut en affaires.
« Comment nous, comme communauté francophone, on peut contribuer au relèvement de l’économie du Nunavut et même du Canada en général? », s’interroge-t-il.
Il explique que de nombreux francophones viennent le voir avec des idées de projets variés, allant du secteur de la restauration à l’événementiel, en passant par celui de la garde d’enfants, mais que bon nombre d’entre eux sont frileux quand vient le temps de passer à l’action.
Avec la pénurie de logements et le coût de la vie élevé, il admet que les défis pour y parvenir sont particulièrement de taille au territoire. « L’un des gros problèmes, à Iqaluit, c’est [celui] du local », dit-il. « C’est extrêmement cher. »
À terme, Carrefour Nunavut souhaiterait développer des espaces de travail partagés pour surmonter cet obstacle.
Se lancer seul en affaires
Le Camerounais d’origine Armand Komguep Ponkam travaille comme chauffeur de taxi depuis qu’il a emménagé à Iqaluit, en 2019. Ce diplômé en génie des mines à l’École Polytechnique de Montréal caresse depuis un moment l’idée d’offrir des services-conseils pour des entreprises minières au Nunavut.
Il affirme que le coût de la vie élevé à Iqaluit ne lui permet pas de se concentrer exclusivement sur son projet. « En réalité, on est obligés de faire de l’argent d’une façon ou d’une autre en attendant de lancer son projet », dit-il.
Grandir au même rythme que l’industrie
Louis-Philip Pothier et Martine Dupont, le couple derrière l’entreprise familiale Inukpak Outfitting, sont bien familiers avec les défis de se lancer en affaires à Iqaluit.
L’entreprise, qui célèbre ce mois-ci son dixième anniversaire, offre des excursions de plein air dans le sud de l’île de Baffin.
Le fondateur et président, Louis-Philip Pothier, raconte que l’industrie du tourisme au Nunavut il y a dix ans « n’avait rien à voir » avec celle d’aujourd’hui.
Au fil des ans, il explique notamment avoir dû réinventer son offre d’activités, diversifier sa clientèle et faire face à une crise sanitaire.à
Le coût élevé des billets d’avion à destination du Nunavut est aussi un défi avec lequel l’entreprise doit conjuguer.
« Si on recule de dix ans, Inukpak Outfitting c’était un peu un « one-man show » », se souvient Louis-Philip Pothier. « C’est moi qui a lancé l’entreprise seul. »
Aujourd’hui, l’entreprise offre des services à l’international et compte une vingtaine d’employés travaillant sur une base semi-régulière.
Son secret? « Il faut croire en ses produits, en ses compétences, en ses ressources… et foncer », assure Martine Dupont, qui est vice-présidente des opérations.
L’événement « Mini Forum économique : Communauté Francophone et attractivité économique » du Carrefour Nunavut se tient vendredi et samedi à Iqaluit.