L’augmentation des orages en Arctique est-elle un signe de l’accélération du réchauffement climatique?

La foudre s’abat non loin du volcan islandais en éruption Eyjafjallajökull. (Lucas Jackson/Reuters)
Selon une nouvelle étude, les éclairs pourraient devenir deux fois plus fréquents en Arctique d’ici la fin du siècle. Les scientifiques craignent que la multiplication de la foudre dans la région multiplie les incendies aggravant ainsi le réchauffement climatique.

Pour les chercheurs de l’Université de Californie à Irvine, aux États-Unis, dont les hypothèses ne font toujours pas l’unanimité auprès de la communauté scientifique, l’augmentation des orages dans la région est un signe inquiétant des bouleversements climatiques.

La foudre est un indicateur et un moteur du changement climatique, indique l’étude publiée le 5 avril dans la revue spécialisée Nature Climate Change. C’est à l’aide d’observations satellitaires fournies par la NASA que les experts ont pu constater que la configuration des éclairs d’été au-dessus des régions circumpolaires septentrionales pouvait déclencher des incendies.

« D’après nos scénarios, l’augmentation de la foudre peut induire une rétroaction feu-végétation par laquelle plus de brûlage dans la toundra arctique accélère la migration vers le nord des arbres boréaux, avec le potentiel d’accélérer la rétroaction positive associée à la libération du carbone du sol du pergélisol. »James Randerson, professeur et coauteur de l’étude

La hausse du nombre de feux de forêt pourrait également favoriser la fonte du pergélisol, précisent les experts, ajoutant que cela équivaudrait à ouvrir une véritable « boîte de Pandore ». Rappelons que les orages sont un phénomène habituellement très rare dans le cercle polaire.

« Le pergélisol stocke beaucoup de carbone organique qui, s’il fond, se transforme en gaz à effet de serre, le dioxyde de carbone et le méthane, qui, une fois libérés, accentueront le réchauffement », explique le professeur James Randerson et l’un des coauteurs de l’étude.

L’étude précise que les bulletins météorologiques de l’Arctique en été vont ressembler à ceux que l’on observe aujourd’hui loin au sud, où les orages dits « électriques » sont plus fréquents.

« La foudre dans l’Arctique risque d’augmenter d’environ 100 % sur les terres nordiques d’ici la fin du siècle, alors que le climat continue de se réchauffer. »James Randerson, professeur et coauteur de l’étude

Randerson raconte que 2015 avait été une année d’incendie « exceptionnelle » en raison d’un « nombre record de départs d’incendies » en Alaska. « Une chose qui nous a fait réfléchir, c’est que la foudre était responsable de ce nombre record d’incendies », a-t-il ajouté.

Outre la fonte du pergélisol, les conséquences de ces incendies pourraient être très graves pour les écosystèmes entraînant la disparition de la végétation que constitue la toundra. « Les incendies brûlent les herbes courtes, les mousses et les arbustes qui sont des éléments importants des écosystèmes de la toundra arctique », conclut M. Randerson.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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