La défense du narval dévoile l’histoire du climat
Afin de mieux comprendre l’impact des changements climatiques au cours des 50 dernières années, des scientifiques ont ouvert et décortiqué l’intérieur de la défense unique de narvals, ces cétacés qui se déplacent dans l’Arctique.
Des chercheurs du Canada, du Danemark, de la France et du Groenland ont ainsi examiné des défenses torsadées de mâles qui se renouvellent tous les ans, mais dont les couches des années précédentes sont préservées.
Autrement dit, l’étude publiée dans la revue Current Biology précise que le travail est semblable à l’examen d’un tronc pour comprendre le passé d’un arbre. Le découpage de la défense donne « une archive d’information écologique inestimable » sur les narvals dont l’espérance de vie peut atteindre 50 ans.
L’étude permet de mieux comprendre les habitudes alimentaires des narvals, leurs migrations et la pollution en mer, notamment comment ils réagissent devant la disparition de glace dans l’Arctique. Elle peut ainsi explorer les réactions individuelles des narvals aux changements climatiques.
Jean-Pierre Desforges, de l’Université McGill, et Rune Dietz, de l’Université Aarhus, avec d’autres collègues, ont donc analysé les couches de 10 défenses de narvals obtenues dans le nord-ouest du Groenland entre 1962 et 2010.
Ils se sont aperçus que les narvals ont remplacé progressivement leur principale source d’aliments du fond de l’eau pour des espèces plus près de la surface, comme les morues polaires ou les capelans. Au fur et à mesure que la glace disparaissait, disent les chercheurs, les narvals ont modifié leurs comportements.
Les scientifiques notent que le niveau de mercure retrouvé dans les défenses a baissé progressivement, car les narvals ont moins mangé de flétan au large des côtes plus polluées du Groenland. Le niveau de mercure est cependant remonté rapidement entre 2000 et 2010.
Avec les informations de John Last