Davantage de plantes en Arctique ne sauveront pas la planète, avertissent les chercheurs

De la saule, une espèce de plante de la toundra qui pousse dans l’archipel du Svalbard en Norvège. (Sven-Erik Arndt/Arterra/Universal Images Group/Getty Images)
Alors que la hausse des températures favorise l’essor de la végétation dans l’Arctique, les scientifiques ont découvert que cette nouvelle biomasse ne constitue finalement pas un puits de carbone suffisant pour piéger le dioxyde de carbone atmosphérique de la planète.

Une récente étude publiée dans la revue Nature Climate Change démontre que le verdissement d’un territoire n’est pas forcément synonyme de salut écologique. « Une grande question est de savoir ce qu’il adviendra du carbone présentement stocké dans ces forêts sous forme de biomasse face à un climat changeant », a indiqué Jon Wang, chercheur à l’Université de Californie et directeur des travaux.

L’étude explique d’ailleurs que dans les régions boréales, la plupart du carbone n’est pas stocké dans les plantes puisque ce sont les incendies et les coupes de bois qui sont maintenant de plus en plus fréquents à ces latitudes. « Les changements climatiques rendent ces régions du monde plus chaudes, plus sèches et plus arables à des taux parfois deux fois plus élevés que sous des latitudes plus au sud. »

À ce titre, une grande partie de la nouvelle biomasse ne stocke pas de carbone, mais brûle pendant les incendies. « Auparavant, on partait du principe que le verdissement se produisait et qu’il allait contribuer à faire baisser les concentrations de dioxyde de carbone qui réchauffent le climat, mais personne ne connaissait l’ampleur exacte de cette aide », a expliqué Jon Wang sur le site internet de l’Université de Californie.

« Le changement est une bonne nouvelle pour le climat, mais il est également beaucoup plus faible que ce à quoi nous aurions pu nous attendre, car ces incendies ont fait rage et sont devenus plus graves. »Jon Wang, chercheur à l'Université de Californie
Une autre étude a démontré que le pergélisol de l’Arctique libère plus de carbone en hiver que les plantes de la toundra ne peuvent en absorber en été. (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)

Pour mener à bien leurs recherches, l’équipe de scientifiques a combiné les données d’observation satellitaires de deux programmes différents issus de l’Institut d’études géologiques des États-Unis et de la NASA. À ce titre, elle a réussi à modéliser la quantité de carbone stockée dans la biomasse dans une région couvrant 2,8 millions de kilomètres carrés au Canada et en Alaska.

« Nous avons constaté que, dans l’ensemble des zones observées, les stocks de carbone ont légèrement augmenté au cours des 31 dernières années », a précisé Jon Wang. « Nous estimons que 430 millions de tonnes métriques de biomasse se sont accumulées au cours des 31 dernières années, mais ce chiffre aurait presque doublé sans les incendies et les récoltes qui ont permis de le réduire. »

Les scientifiques disent avoir espéré qu’avec davantage de végétation dans les zones arctiques et boréales, les plantes photosynthétiques contribueraient à piéger le dioxyde de carbone atmosphérique qui les a aidées à se développer. Ils ont plutôt constaté que la biomasse végétale augmentait toujours, toutefois pas autant que le laissaient entendre les modèles informatiques antérieurs de simulation.

« Les taux d’accumulation du carbone dans cette région sont inférieurs à ce que les études précédentes ont indiqué, et pousseront la communauté scientifique à chercher ailleurs les principaux moteurs du puits de carbone terrestre », peut-on lire dans l’étude.

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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