Dans le Grand Nord canadien, une société d’histoire va préserver le patrimoine francophone

La ruée vers l’or du Klondike a attiré des prospecteurs d’un peu partout au pays, des États-Unis, et de plus loin encore. Un grand nombre était francophone. (Hulton Archive/Getty Images)
Pour préserver son histoire, la francophonie yukonnaise pourra compter sur un nouvel organisme qui centralisera les ressources, étudiera, interprétera et mettra en valeur le riche passé des francophones du territoire.

La Société d’histoire francophone du Yukon s’est constituée en société au début du mois d’avril. Composée d’une douzaine de personnes, elle tente se faire connaître et ainsi de mesurer l’intérêt des gens.

L’histoire fascine encore et notamment la ruée vers l’or qui a attiré des dizaines de milliers d’âmes rêvant de faire fortune au Klondike, dont de nombreux francophones. Qu’ils soient prospecteurs ou coureurs des bois, venus du Québec, du Manitoba, de l’Ontario, de France ou d’ailleurs, ils ont fait naître cette francophonie yukonnaise sur les rives du Yukon.

« On pouvait facilement vivre en français au Klondike », raconte Yann Herry, le président de la Société d’histoire. « Le commissaire à l’or pour l’enregistrement des concessions était francophone, beaucoup de registraires, les postiers. »

Ce sont autant de destins, de petites histoires qui en racontent une plus grande. Mais une mémoire s’entretient et c’est ce qu’entend faire la Société d’histoire francophone du Yukon.

« L’histoire du Klondike attire beaucoup! Beaucoup de francophones ont des parents qui sont venus au Yukon et ils ont du mal à trouver des informations. [Elles] sont souvent cachées dans les archives anglophones, des articles de journaux… il faut les rassembler, recouper les bribes d’information, ça permettrait aux gens de découvrir la vie de leur ancêtre. »Yann Herry, président de la Société d’histoire francophone du Yukon
«L’intérêt pour cet endroit mystérieux qu’est le Yukon, où l’être humain est face aux forces de la nature, remonte à longtemps et perdure encore aujourd’hui », explique Yann Herry. Ici, deux pionniers affrontent le canyon Miles à Whitehorse en 1901. (Famille Mercier)

Concrètement, l’idée est de créer une base de données numériques. Les passionnés qui prendront part à la Société d’histoire auront pour mission de faire des recherches et de travailler avec différents acteurs, comme les Archives du Yukon, et ainsi dresser des portraits de ces générations de francophones qui nous ont précédés.

L’organisme n’entend pas pour autant se limiter à la célèbre ruée vers l’or. Après les prospecteurs, il y a eu les travailleurs des mines dans les années 1950, autant d’autres mémoires à préserver alors que le territoire se tourne à présent vers le tourisme. Yann Herry explique aussi qu’il aimerait pouvoir établir des liens entre les générations, et ainsi offrir « un champ de bénévolat supplémentaire aux aînés ».

« C’est important de connaître la contribution de la francophonie à l’évolution du territoire du Yukon depuis 200 ans, et que cette contribution s’inscrit dans une longue présence francophone en Amérique », affirme ce passionné d’histoire.

Si Jack London a marqué l’imaginaire de plusieurs générations et popularisé le Yukon, le poète Robert Service a aussi marqué par sa poésie l’histoire du Yukon avant de passer de nombreuses années en France. (Famille Mercier)
« On aimerait être capable de rassembler tout ce qui touche à la francophonie et concentrer l’information, la rendre facile d’accès. »Yann Herry, président de la Société d’histoire francophone du Yukon

Pour commémorer cette histoire de la francophonie, l’artiste visuelle Cécile Girard avait créé des poupées, mais lui avait aussi prêté sa plume. Coauteure du livre Un jardin sur le toit : La petite histoire des francophones du Yukon, elle s’était plongée, aux côtés de Renée Laroche, dans les archives et les souvenirs des anciens.

« C’est formidable », se félicite-t-elle à propos de la création de l’initiative historique. « C’était dans les discussions depuis plus de 30 ans et je suis contente que des gens aient trouvé le temps et l’énergie pour la mettre sur pied. » Elle se dit certaine que toute la communauté va en profiter grandement.

« Il y a tellement de travail à faire », dit-elle. De nombreux ouvrages comprenant des fragments d’histoire du Yukon ne sont pas répertoriés. « Les gens venaient participer puis retournaient chez eux, et souvent ils écrivaient au sujet de leur aventure. C’est encore très présent au Québec, sûrement en France, et partout dans le monde, puisque les prospecteurs venaient de partout », explique-t-elle par exemple au sujet de la ruée vers l’or.

Un travail considérable attend donc les passionnés d’histoire.

Dès 1985, l’École Émilie-Tremblay a participé grandement à la vitalité de la francophonie yukonnaise. Ici, une classe de musique en 1993. (L’Aurore boréale)

« Il est important qu’on se souvienne », affirme Isabelle Salesse, la directrice de l’Association franco-yukonnaise (AFY), qui appuie le projet. « C’est toujours important de trouver des façons de préserver notre patrimoine, l’histoire des francophones du Yukon. Pour le moment, ce soutien est plus moral que financier, car l’AFY est rendu à pleine capacité. »

Toutefois, elle rappelle que l’association a un fonds de développement communautaire avec un appel à projets annuel et que la Société d’histoire a été invitée à déposer un dossier.

L’association, qui porte en elle bientôt 40 ans d’histoire de cette francophonie, est d’ailleurs en négociation depuis 2020 avec Archives Yukon pour assurer la préservation de ces archives. Isabelle Salesse précise d’ailleurs qu’une clause existe pour assurer la possibilité de transférer ces archives vers la Société d’histoire, si celle-ci grandit et devient à même d’accueillir de telles ressources.

La Société d’histoire francophone du Yukon tiendra son assemblée générale annuelle le 7 juin à 17 h 30 par visioconférence.

Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur le Canada, visitez le site de Radio-Canada.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *