Dans le Grand Nord canadien, un tout premier vol direct reliera Sanikiluaq et Iqaluit, au Nunavut

La communauté de Sanikiluaq, dans le sud du Nunavut, sera bientôt reliée par un premier vol à destination et en provenance d’Iqaluit. (Isabelle Beauregard)
La communauté la plus au sud du Nunavut, Sanikiluaq, sera bientôt reliée par un premier vol à destination et en provenance d’Iqaluit. Cette première liaison aérienne directe vers la capitale territoriale est une victoire pour cette collectivité qui l’exige depuis plusieurs années.

« Nous serons enfin reliés à la capitale, et il sera plus facile de voyager », dit le maire de Sanikiluaq, Johnnie Cookie, au téléphone. Pour se rendre à Iqaluit, il n’aura donc plus à faire escale à Winnipeg, au Manitoba, puis à Rankin Inlet, dans le sud du Nunavut.

Le député territorial de la circonscription de la baie d’Hudson, Allan Rumbolt, a lui aussi poussé un soupir de soulagement lorsqu’il a appris la nouvelle. « Ça me prend six jours pour me rendre à Iqaluit. Alors, je vais gagner énormément de temps », dit-il.

Sanikiluaq est une communauté de près de 900 habitants située sur les îles Belcher, dans le sud de la baie d’Hudson. Elle est actuellement accessible depuis Winnipeg, au Manitoba, par l’entremise de Calm Air qui offre deux vols par semaine.

Le transporteur aérien Air Inuit, établi au Nunavik, se rendait aussi à Sanikiluaq avant le début de la crise sanitaire, mais tous les vols vers Umiujaq et Kuujjuarapik ont été suspendus depuis.

Sanikiluaq est la communauté la plus méridionale du Nunavut. (Radio-Canada)
« Prêts à partir »

À la suite d’un récent appel d’offres, le gouvernement du Nunavut a octroyé un contrat de six mois au détaillant alimentaire Arctic Fresh et au transporteur aérien québécois Panorama Aviation pour tester la viabilité de cette nouvelle liaison aérienne.

Ce projet, qui devait initialement débuter le 31 mai, a cependant été mis temporairement en veilleuse par les autorités territoriales en raison des cas de COVID-19 qui perdurent dans la capitale.

« Notre système de réservation est prêt à être utilisé et à la fois nos avions et notre personnel sont prêts à partir », affirme le cofondateur d’Arctic Fresh, Merlyn Recinos.

« Selon l’appel d’offres, le contrat est d’une durée de six mois à partir de la date du début et il est renouvelable quatre fois. Donc, il pourrait aller jusqu’à deux ans », ajoute le président-directeur général de Panorama Aviation, Jimmy Emond.

L’entreprise transportera jusqu’à huit passagers deux fois par semaine dans des Pilatus PC-12, de petits avions capables d’atterrir sur des pistes d’atterrissage de gravier, comme c’est le cas à Sanikiluaq. Le coût des billets d’avion avoisinera les 1200 $.

Dans un contexte de faible demande, le gouvernement territorial s’est par ailleurs engagé à payer la différence quand moins de six sièges sont réservés sur un vol. De fait, dans le cas d’un vol sans aucune réservation, les autorités débourseront le coût de six places, tandis qu’elles payeront pour trois places lorsqu’il y a trois réservations.

Un Pilatus PC-12, le type d’avion qui sera utilisé par l’entreprise Panorama Aviation pour relier Sanikiluaq et Iqaluit. (Jimmy Emond/Panorama Aviation)
Occasions d’affaires

Panorama Aviation multiplie ses activités au Nunavut ces dernières années, avec notamment l’approvisionnement du chantier naval de ravitaillement Nanisivik, près d’Arctic Bay.

Dans les derniers mois, l’entreprise a travaillé avec le gouvernement du Nunavut pour acheminer des échantillons et des tests de dépistage de la COVID-19, déplacer du personnel médical et acheminer des doses du vaccin de Moderna.

« D’année en année, nous avons constaté qu’il y a un besoin de transport, surtout envers les petits villages où ils ne sont pas toujours desservis par des lignes directes vers les grands centres », affirme Jimmy Emond.

Jimmy Emond est le PDG de Panorama Aviation. (Annie-Claude Brisson/Radio-Canada)
Un lien précieux avec le reste du Nunavut

Le maire de Sanikiluaq assure que ces nouveaux vols auront un effet de ricochet sur la communauté à bien des niveaux, notamment en facilitant l’accès à des soins de santé. « Plutôt que de nous rendre à Winnipeg pour des traitements et des rendez-vous médicaux, nous pourrons aller à Iqaluit », dit-il.

Depuis plus d’un an, le gouvernement du Nunavut impose des quarantaines obligatoires à la majorité des Nunavummiut qui quittent le territoire, puis y reviennent. Les résidents de Sanikiluaq qui se déplacent pour des raisons médicales doivent s’isoler entre leurs rendez-vous dans un centre de quarantaines de la capitale manitobaine.

Le député Allan Rumbolt croit que cette liaison sera propice à bien des réunions familiales entre les deux collectivités. Il espère aussi qu’elle incitera des jeunes à poursuivre leurs études postsecondaires au territoire. « La transition sera plus en douceur pour eux », estime-t-il.

Le député Allan Rumbolt militait depuis des années pour que Sanikiluaq soit reliée par un vol à Iqaluit. (Beth Brown/CBC)

S’il voit dans ces nouveaux vols « un bon départ » pour accroître les liens entre Sanikiluaq et le reste du Nunavut, il craint que la crise sanitaire ne décourage les Nunavummiut de voyager. « [Le projet pilote] risque de démarrer tranquillement, avance-t-il. À ses débuts, je pense qu’il risque de servir surtout dans le cadre de voyages gouvernementaux et d’affaires plutôt que des voyages personnels. »

Le gouvernement du Nunavut n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.

Avec les informations de Meagan Deuling

Matisse Harvey, Radio-Canada

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