Le Conseil de l’Arctique uni sur la coopération nordique, déclare le ministre des Affaires étrangères du Canada

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, à gauche sur la photo, rencontre son homologue islandais, Gudlaugur Thor Thordarsson, le 19 mai, avant la réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique. (Sigurjon Ragnar/ministère islandais des Affaires étrangères)
Le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, affirme que le Conseil de l’Arctique demeure uni sur la coopération nordique, malgré les tensions géopolitiques dans plusieurs parties du monde.

« J’ai rencontré mes sept homologues, j’ai rencontré [les organisations autochtones de l’Arctique] et tout le monde est d’accord sur les principes fondateurs et l’objectif du Conseil de l’Arctique », a déclaré jeudi de Reykjavik M. Garneau.

Rappelons que le Conseil de l’Arctique est un forum intergouvernemental qui se compose de huit États arctiques (Canada, Danemark, États-Unis, Finlande, Islande, Norvège, Suède, Russie) et de six organisations internationales de peuples autochtones à titre de participants permanents : l’Association internationale des Aléoutes, le Conseil arctique des Athabascans, le Conseil international des Gwich’in, le Conseil circumpolaire inuit, l’Association russe des peuples autochtones du Nord et le Conseil des Samis.

L’organisation régionale a été fondée au Canada en 1996 pour que les États arctiques travaillent ensemble à la protection de l’environnement. Les questions militaires et de sécurité ont été explicitement exclues du Conseil de l’Arctique depuis sa création afin de permettre aux nations circumpolaires de travailler sur les défis communs liés aux changements climatiques et au développement durable dans le Nord.

« Ce sont les valeurs et les objectifs qui nous guident à mesure que nous avançons », a indiqué le chef de la diplomatie canadienne lors d’un entretien téléphonique avec Eye on the Arctic après la réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique. « Je pense que c’est la bonne approche et c’est certainement celle que le Canada soutient dans sa fermeté pour le respect et l’adhésion à ces principes. »

La Russie à la barre du Conseil

C’est jeudi que l’Islande a cédé la présidence tournante du Conseil de l’Arctique à la Russie, pour deux ans. À ce titre, Moscou a présenté les priorités de son mandat qui vont du développement durable à la protection de l’environnement, en passant par le développement socio-économique et le renforcement du Conseil de l’Arctique.

« La Russie reprend bien sûr la présidence et nous avons vu leur vision stratégique et les choses se présentent bien : l’importance de l’environnement, priorité aux populations qui vivent dans l’Arctique, et le développement durable, qui est très important pour le Canada. C’est la vision de la stratégie russe qui est présentée pour l’avenir, et nous pensons que c’est la bonne approche. »Marc Garneau, ministre canadien des Affaires étrangères

La présidence russe arrive à un moment où les tensions entre ce pays et l’Occident s’intensifient depuis l’escalade militaire en avril dernier avec l’envoi de dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne. Les investissements militaires dans le Grand Nord inquiètent également les Occidentaux.

Au printemps, le Canada a imposé de nouvelles séries de sanctions à la Russie, en raison de nouvelles préoccupations concernant l’Ukraine, de la détérioration des droits de la personne et de l’emprisonnement du chef de l’opposition russe Alexey Navalny.

Non à la reprise des réunions des chefs d’état-major de l’Arctique

Dans son discours jeudi, dans la capitale islandaise, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a tendu une main en exprimant l’intérêt de la Russie pour la tenue d’un sommet des chefs d’État de l’Arctique.

Le chef de la diplomatie russe a aussi demandé le retour des réunions des chefs d’état-major de la défense de l’Arctique, suspendues en 2014 à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie, affirmant qu’il était important de remettre en selle un forum pour les chefs militaires afin de discuter des questions d’intervention d’urgence, de recherche et d’opérations de sauvetage.

M. Garneau a rejeté la proposition russe, mais a précisé que cela ne nuirait pas à la coopération sur le climat ni au développement du Grand Nord. « Nous ne soutenons pas une reprise des réunions des chefs d’état-major », a-t-il ajouté.

Le ministre canadien des Affaires étrangères souhaite que les rencontres de haut niveau au Conseil de l’Arctique continuent d’être « stables, sécuritaires et prospères ». Il a ensuite résumé les priorités du Canada dans la région. « Nous voulons nous assurer qu’au fur et à mesure que nous avançons et que nous nous adaptons, en raison du changement climatique, nous essayons de minimiser les effets de la pollution comme les effets du carbone noir, les fiouls lourds, les plastiques dans nos océans, et de prendre soin de l’importance des stocks de poissons. »

M. Garneau pense que les deux prochaines années, sous la présidence russe, seront « très fructueuses » en ce qui concerne les nombreux défis que doivent surmonter les nations circumpolaires.

Traduction par Ismaël Houdassine, Regard sur l’Arctique

Eilís Quinn, Regard sur l'Arctique

Eilís Quinn est une journaliste primée et responsable du site Regard sur l’Arctique/Eye on the Arctic, une coproduction circumpolaire de Radio Canada International. En plus de nouvelles quotidiennes, Eilís produit des documentaires et des séries multimédias qui lui ont permis de se rendre dans les régions arctiques des huit pays circumpolaires.

Son enquête journalistique «Arctique – Au-delà de la tragédie » sur le meurtre de Robert Adams, un Inuk de 19 ans du Nord du Québec, a remporté la médaille d’argent dans la catégorie “Best Investigative Article or Series” aux Canadian Online Publishing Awards en 2019. Le reportage a aussi reçu une mention honorable pour son excellence dans la couverture de la violence et des traumatismes aux prix Dart 2019 à New York.

Son reportage «Un train pour l’Arctique: Bâtir l'avenir au péril d'une culture?» sur l'impact que pourrait avoir un projet d'infrastructure de plusieurs milliards d'euros sur les communautés autochtones de l'Arctique européen a été finaliste dans la catégorie enquête (médias en ligne) aux prix de l'Association canadienne des journalistes pour l'année 2019.

Son documentaire multimedia «Bridging the Divide» sur le système de santé dans l’Arctique canadien a été finaliste aux prix Webby 2012.

En outre, son travail sur les changements climatiques dans l'Arctique canadien a été présenté à l'émission scientifique «Découverte» de la chaîne française de Radio-Canada, de même qu'au «Téléjournal», l'émission phare de nouvelles de Radio-Canada.

Au cours de sa carrière Eilís a travaillé pour des médias au Canada et aux États-Unis, et comme animatrice pour la série «Best in China» de Discovery/BBC Worldwide.

Twitter : @Arctic_EQ

Courriel : eilis.quinn@radio-canada.ca

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