La coopération scientifique plutôt que la pêche commerciale dans l’Arctique
Un accord international, signé en 2018 et en vigueur depuis la fin du mois de juin, est le premier du genre à interdire la pêche commerciale dans l’Arctique avant même qu’elle ait pu commencer.
L’objectif : laisser le temps aux scientifiques de mieux étudier la zone.
L’accord concerne le « club des cinq » de l’Arctique : le Canada, la Norvège, la Russie, le Danemark et les États-Unis, ainsi que les nations ayant une forte activité de pêche : l’Islande, le Japon, la Corée du Sud, la Chine et l’Union européenne.
Selon le directeur des politiques internationales liées aux pêches de Pêches et Océans Canada (MPO), Justin Turple, cet accord est une précaution importante parce que la couverture de glace fond dans la zone centrale de l’Arctique, ouvrant pour la première fois le secteur aux activités de pêche.
« Nous savons que nous n’avons pas suffisamment d’information sur les écosystèmes ou le nombre de poissons pour prendre des décisions sages », fait-il remarquer.
Avant que toute activité commerciale puisse démarrer, les pays concernés se sont donc entendus pour attendre jusqu’à ce qu’il y ait une meilleure compréhension de la zone de 2,8 millions de kilomètres carrés et de ses écosystèmes.
L’entente est en vigueur pour une période initiale de 16 ans, avec possibilité de renouvellement pour 5 ans de plus.
« L’accord comprend une période de deux ans au cours de laquelle toutes les parties élaboreront un programme conjoint pour entreprendre une étude et des recherches afin de prendre les meilleures décisions concernant les écosystèmes de l’Arctique, les poissons qui peuvent ou non s’y trouver et les pêches qui pourraient y être possibles de façon durable », explique M. Turple.
Prise en compte du savoir autochtone
L’accord prévoit également que les recherches se fassent en collaboration avec les communautés autochtones de la zone et en prenant en considération les savoirs locaux.
Le MPO a d’ailleurs consulté le Conseil circumpolaire inuit, les gouvernements territoriaux, l’industrie de la pêche et des groupes environnementaux avant la ratification.
Nunavut Tunngavik inc., le représentant légal pour les Inuit du Nunavut, fait partie du groupe de travail. Son vice-président, James Eetoolook, affirme que l’accord est nécessaire, vu les effets des changements climatiques dans l’Arctique.
Il est important de protéger les ressources dont dépendent les Inuit, selon lui, mais aussi d’assurer que les connaissances de ce peuple sont utilisées dans les recherches occidentales.
« C’est le premier accord international qui valorise et inclut les savoirs inuit au même niveau que les connaissances scientifiques occidentales et qui garantit la participation des peuples autochtones de l’Arctique. »
M. Eetoolook soutient que la recherche et la surveillance seront très importantes, mais que de meilleures infrastructures seront nécessaires pour les assurer.
Avec les informations de Meral Jamal