Les épaulards s’installent dans un Arctique de moins en moins froid
Les épaulards sont des baleines intelligentes dotées d’une capacité d’adaptation hors du commun. La réduction de la glace de mer dans l’océan Arctique ouvre de nouveaux territoires de chasse pour ces redoutables prédateurs pouvant créer un déséquilibre écologique.
Ce sont les conclusions d’une nouvelle étude détaillée cette semaine à Seattle lors d’une conférence de presse de l’Acoustical Society of America, un organisme scientifique internationale fondée en 1929. Brynn Kimber, chercheuse à l’Université de Washington, a expliqué comment les orques ont passé plus de temps qu’auparavant dans l’Arctique qui connaît des hausses de températures historiques.
Les épaulards, également baptisés orques ou baleines tueuses, se déplacent souvent dans différentes zones du globe à la recherche de proies. Ils se nourrissent de baleines grises, de baleines boréales et de certaines espèces de phoques, qui fréquentent tous l’océan Arctique.
« Ces animaux sont adaptés au climat froid et ils sont capables de naviguer facilement dans les eaux glacées, rappelle l’étude. Une situation différente pour les épaulards qui ont de la difficulté à nager dans une mer recouverte de glace puisque leurs hautes nageoires dorsales les empêchent de traverser la glace. »
Pour mener à bien leur recherche, les scientifiques ont suivi les mouvements des baleines en Alaska avec des outils acoustiques. Ils ont alors constaté que la présence des orques de plus en plus fréquente dans les eaux de l’Arctique coïncidait avec la diminution de la glace de mer dans la région.
« Ce n’est pas nécessairement que les orques n’ont pas été signalées dans ces zones auparavant, mais ils semblent rester dans la zone pendant de plus longues périodes. C’est probablement en réponse à une saison d’eau libre plus longue », a indiqué Brynn Kimber.
Même si on ne sait toujours pas pourquoi les épaulards migrent dans les régions de l’Arctique, les scientifiques soupçonnent qu’ils suivent probablement des proies. La réduction de la glace de mer peut leur avoir ouvert des occasions de chasse inédites si certaines espèces sont incapables d’utiliser la glace pour éviter les épaulards, souligne l’étude.
« Par exemple, la baleine boréale, une espèce menacée, est vulnérable à la prédation par les orques, une prédation qui risque d’augmenter en raison de l’allongement des saisons d’eau libre », ajoutent les chercheurs.
Pour les experts, bien que la fonte des glaces soit sujette à une grande variabilité, le minimum de glace de mer de l’Arctique en septembre diminue à un taux moyen de 13 % par décennie, par rapport aux valeurs de 1981 à 2010. Ainsi, des enregistreurs sous-marins ont capté les sons des orques dans des endroits où ils n’avaient jamais été détectés auparavant.
« Les orques sont observées dans la mer des Tchouktches (dans l’océan Arctique) pendant des mois qui étaient historiquement couverts de glace et de manière plus constante tout au long de l’été », a précisé Brynn Kimber.