Le castor d’Amérique du Nord s’installe en plus grand nombre dans l’Arctique
Selon une récente étude publiée par l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA), le castor colonise maintenant les territoires arctiques modifiant les écosystèmes du Grand Nord.
Les scientifiques d’une équipe de l’Arctic Beaver Observation Network (A-BON) ont utilisé l’imagerie satellite pour localiser les mouvements des rongeurs dans la toundra arctique de l’Alaska et du Canada.
Plus de 12 000 étangs de castors ont jusqu’à présent été cartographiés dans l’ouest de l’Alaska, la plupart des zones ayant doublé au cours des 20 dernières années. En comparaison, l’analyse de photographies aériennes des zones côtières de l’ouest de l’Alaska entre 1949 et 1955 n’a trouvé aucun étang de castors.
Rappelons que selon un rapport d’Environnement Canada, le Canada se réchauffe, en moyenne, à un rythme deux fois plus élevé que le reste de la planète, et le nord du pays se réchauffe encore plus rapidement.
La cartographie des étangs au Canada est présentement menée par l’équipe de scientifiques, indique la zoologiste Helen Wheeler qui dirige les recherches dans le delta du Mackenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest.
« Le véritable impact de la propagation des castors sur l’environnement et les communautés autochtones qui y vivent n’est pas encore entièrement connu, a-t-elle Mme Wheeler. « Cependant, nous savons que les gens s’inquiètent des conséquences des barrages de castors sur la qualité de l’eau, le nombre de poissons en aval des barrages et l’accès pour leurs bateaux. »
Dans l’ouest de l’Alaska, des observations ont montré que les castors sont le facteur dominant dans près des deux tiers (66 %) des cas où les eaux de surface ont augmenté. Les chercheurs notent que ces nouveaux étangs peuvent également conduire à l’introduction d’autres nouvelles espèces, notamment des poissons et des invertébrés.
Le castor (Castor canadensis) est considéré comme une « espèce clé », capable de changer les paysages en créant de nouveaux étangs et en détournant le cours des rivières. « Les étangs créés par les barrages de castors augmentent les eaux de surface, ce qui, dans l’Arctique, fait fondre le pergélisol, libérant à son tour des gaz à effet de serre, du méthane et du dioxyde de carbone », peut-on lire dans l’étude.
L’abondance de végétation, en particulier d’arbres et d’arbustes ligneux, semble aider les rongeurs à prospérer sur des terrains auparavant inhospitaliers, explique le document ajoutant que les chercheurs ont également trouvé des huttes de castors à des altitudes de plus en plus élevées, y compris au-dessus de la limite des arbres.