Iqaluit, dans le Nord canadien, se prépare pour la visite papale
Les préparatifs vont bon train à Iqaluit en vue de la visite du pape prévue le 29 juillet. Les organismes inuit préparent les déplacements de survivants de pensionnats pour Autochtones qui souhaitent faire part de leurs expériences au souverain pontife ou prendre part à d’autres portions de la visite.
Durant son passage d’environ trois heures dans la capitale territoriale, organisé à l’aéroport et à l’école primaire Nakasuk, le pape rencontrera des survivants, des aînés et des étudiants. Il assistera aussi à une cérémonie d’allumage d’un qulliq, une lampe à l’huile traditionnelle, ainsi qu’une présentation de chants et de danse de tambour avant de remettre le cap sur Rome à 18 h 45.
Mercredi, la Conférence des évêques catholiques du Canada a indiqué qu’une activité ouverte au public sera organisée sur la place extérieure de l’école primaire Nakasuk, au centre-ville d’Iqaluit, et qu’elle ne requerra pas de réservation ni de billet.
Une rencontre privée est aussi prévue à 16 h 15 avec d’anciens élèves de pensionnats pour Autochtones.
L’évêque du diocèse Churchill-Hudson Bay-Nunavut, Anthony Krótki, est l’un des représentants canadiens de l’Église catholique qui s’attendent à prendre part à cette rencontre, bien qu’il attende encore une confirmation des organisateurs. « Je ne serai présent que pour écouter, dit-il. Mon rôle consistera à prendre connaissance des expériences qui ont été vécues. » Il ajoute que son diocèse prévoit d’octroyer un soutien financier aux survivants à la suite de la visite papale.
Mettre en avant la culture inuit
Alexina Kublu, qui a fréquenté le pensionnat catholique Turquetil Hall de Chesterfield Inlet, dans le sud du territoire, est l’une des membres du comité de survivants chargé de conseiller le gouvernement du Nunavut sur le déroulement des cérémonies à l’arrivée et au départ.
À ses yeux, il est crucial de mettre en lumière la richesse et la vitalité de la culture inuit. « Même si ce que nous avons vécu est atroce, nous montrons que nous essayons de nous épanouir [et] que ce qu’on a essayé de nous enlever est encore utilisé », assure-t-elle.
Sa sœur, Micheline Ammaaq, a aussi fréquenté le pensionnat catholique Turquetil Hall. Elle allumera le qulliq qui appartenait à leur mère lorsque le pape arrivera à Iqaluit.
Déplacements de survivants vers Iqaluit et Edmonton
Ottawa a récemment promis de financer le voyage des survivants des pensionnats pour Autochtones qui désirent assister à la visite papale, mais les détails se font toujours attendre.
L’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) et celui qui représente les Inuit du Nunavut, Nunavut Tunngavik (NTI), de même que les associations inuit régionales, chapeautent l’organisation de la visite à Iqaluit.
NTI assurera notamment le déplacement de survivants inuit de pensionnats vers Iqaluit, bien qu’il ignore encore combien d’entre eux rencontreront le pape. « Nous concentrons nos efforts pour tenter de faire en sorte que tous les survivants qui le désirent et qui sont en mesure de le faire puissent participer ou assister à la visite », indique la présidente de l’organisme, Aluki Kotierk.
Les personnes intéressées à rencontrer le pape dans l’une des trois villes canadiennes où il sera de passage avaient jusqu’à vendredi pour en faire la demande auprès de l’organisme.
Au cours de la semaine dernière, des membres de NTI étaient aussi de passage à Chesterfield Inlet et à Baker Lake, dans la région de Kivalliq, pour tenir des séances d’information sur le déroulement de la visite.
L’association territoriale nolisera également un avion afin de transporter les survivants qui le souhaitent jusqu’à Edmonton pour le premier arrêt du pape François au Canada, du 24 au 26 juillet.
David Aglukark est le gestionnaire du programme de NTI pour les enfants inuit disparus des pensionnats pour Autochtones. Il indique que chaque survivant pourra être accompagné d’un proche et que l’ensemble du coût du déplacement, y compris l’hébergement, sera pris en charge.
« Ce sera un moment chargé d’émotion qui risque de ramener à la surface des traumatismes, c’est pourquoi nous avons fait appel à des conseillers qui seront disponibles à Edmonton et à Iqaluit », dit-il.
L’organisme ITK, qui est aussi responsable des préparatifs de la visite à Iqaluit, a décliné notre demande d’entrevue.
Avec des informations de Jordan Konek et de Cindy Alorut