Première clinique de suivi des traitements contre le cancer au Nunavut, dans le Nord canadien

Eliyah King et sa femme, Ellen, lors d’un vol de retour d’Ottawa à Iqaluit. Le couple a passé des mois dans la capitale nationale pour le traitement du cancer d’Eliyah. (Ellen King)
Un groupe d’oncologues offre pour la première fois au Nunavut des soins de suivi à certains patients atteints d’un cancer à l’Hôpital général Qikiqtani d’Iqaluit.

Cette nouveauté permet à ces patients d’éviter de devoir se rendre à des milliers de kilomètres dans le sud du pays pour obtenir un suivi.

C’est le cas d’Eliyah King, qui a reçu un diagnostic de cancer du pancréas en 2020. Depuis deux ans, il se rend pendant de longs mois à Ottawa avec sa femme, car il y a peu d’oncologues, des spécialistes du cancer, dans le Nord.

La première fois que le couple a dû se déplacer pour des traitements, il a quitté le Nunavut en décembre et n’est revenu qu’en mai.

« C’est horrible, car nous devons quitter nos familles, nos familles […] notre bébé à fourrure. Et ce chien, c’est l’ombre d’Eliyah, ils font tout ensemble », explique Ellen King.

Eliyah King et celui qu’il appelle son bébé à fourrure, Krug. (Ellen King)

Cette semaine, toutefois, le stress des traitements du cancer commence à s’alléger quelque peu, car la première clinique de cancérologie commence à accueillir des patients à Iqaluit.

« C’est un peu comme avoir une ligne de soutien pour les patients en personne, à l’hôpital », dit Ellen King.

Marc Gaudet, le chef de l’unité de radio-oncologie de l’Hôpital d’Ottawa et de l’Université d’Ottawa, travaille depuis quelques mois avec le Dr Gad Perry, un autre oncologue, afin d’assurer une présence physique sur le terrain pour les patients atteints de cancer au Nunavut.

À Iqaluit, ces derniers reçoivent depuis lundi les nouveaux patients atteints d’un cancer ou ceux qui sont suivies après leurs traitements anticancéreux. Ils ne proposent cependant pas de chimiothérapie, qui nécessite toujours un déplacement vers le sud.

L’équipe comprend du personnel du Programme de cancérologie à l’intention des peuples autochtones de l’Hôpital d’Ottawa, notamment son directeur clinique et l’infirmière pivot autochtone.

L’équipe de l’Hôpital d’Ottawa chargée de la clinique de suivi de soins contre le cancer à Hôpital général Qikiqtani d’Iqaluit. De gauche à droite : Gwen Barton, le Dr Tim Asmis, Julie Renaud, le Dr Gad Perry et le Dr Marc Gaudet. (Hôpital d’Ottawa)

Le Dr Gaudet affirme avoir de l’expérience dans d’autres cliniques de proximité à l’extérieur d’Ottawa, notamment dans le nord du Québec.

« L’avantage d’être sur le terrain [au Nunavut], c’est qu’on sait qui contacter à Ottawa s’il y a des choses très spécifiques à régler. »

Selon le Dr Gaudet, la clinique s’inscrit dans le cadre d’une relation qui se construit depuis de nombreuses années et qu’il qualifie de « tremplin » vers l’accès à plus de soins dans le Nord.

Il mentionne que, pendant la pandémie, plusieurs patients ont été en mesure de recevoir une forme de traitement contre le cancer chez eux, au Nunavut. Il espère que la clinique permettra de poursuivre sur cette voie et loue la bonne relation de son équipe avec l’Hôpital Qikiqtani.

« C’est un long processus de mettre en place tous ces protocoles et de former tout le monde de la bonne manière pour que ce soit aussi sûr de faire cela dans le Nord que de le faire à Ottawa, explique le Dr Gaudet. Le fait que nous nous rendions régulièrement dans le Nord nous aidera à établir ces relations et à nous assurer que nous pouvons fournir une formation lorsque nous sommes là. »

Il espère aussi qu’une clinique de proximité pourra améliorer les diagnostics des Nunavummiut atteints de cancer.

La photo a été prise le 27 juin lorsque la Dre Rachel Goodwin a permis à Eliyah King de rentrer au Nunavut depuis Ottawa. (Ellen King)

L’une des difficultés qu’il a observées dans le Nord en matière de diagnostic des cancers est que les patients se présentent aux médecins à un stade plus avancé de la maladie, en partie à cause des problèmes d’accès aux services de soins de santé.

Et, bien sûr, il y a le stress de devoir se rendre dans le sud pour recevoir des soins.

Eliyah King est soulagé sur ce plan même s’il apprécie beaucoup son oncologue à Ottawa, comme l’explique sa femme.

« Le fait qu’il est à la maison, qu’il peut dormir quand il veut et que je peux lui cuisiner ce qu’il veut […] Il peut aussi aller sur les terres. »

« C’est juste mieux d’être à la maison. »

Avec les informations de Cindy Alorut

Radio-Canada

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