Un requin de l’Arctique retrouvé loin de son habitat habituel, dans les Caraïbes

Le requin trouvé au large du Bélize en avril faisait plus de trois mètres de long. Ses mouvements étaient lents, ce qui est typique des requins du Groenland. Sa vue était probablement obstruée par la présence de parasites sur ses yeux, notent-ils. (Devanshi Kasana/FIU)
En avril, des pêcheurs au Bélize et des chercheurs ont remonté des fonds marins ce qui est très probablement un requin du Groenland. Ce poisson des eaux arctiques, qui peut vivre jusqu’à 400 ans, n’avait jamais été vu auparavant dans cette région des Caraïbes.

L’équipe de Devanshi Kasana, une doctorante en écologie à l’Université internationale de Floride, s’affairait avec des pêcheurs à marquer des requins tigres à des fins de recherche près du récif Glover, au large de la côte du Bélize, quand la surprise a surgi au bout de leur ligne.

Personne à bord du bateau n’avait vu de poisson semblable auparavant. En consultant le superviseur de Mme Kasana et d’autres scientifiques spécialistes des requins, il a été déterminé qu’il s’agissait très probablement d’un requin du Groenland ou peut-être d’un individu issu d’un croisement entre un requin du Groenland et un requin dormeur du Pacifique.

La découverte a été rapportée dernièrement dans la revue Marine Biology

« Au début, j’étais sûre que c’était autre chose, comme un requin griset, bien connu des eaux profondes des récifs coralliens », relate Devanshi Kasana dans un communiqué. « Je savais que c’était quelque chose d’inhabituel, de même que les pêcheurs, qui n’avaient jamais rien vu de tel au cours de toutes leurs années de pêche. »

Le requin a été remis à l’eau après sa capture, non sans avoir été photographié et mesuré.

Le vertébré à l’espérance de vie la plus longue

Le requin du Groenland mesure en moyenne trois mètres, comme l’individu pêché au Bélize (certains individus font le double de cette taille) et est l’espèce vertébrée connue qui vit le plus longtemps, soit jusqu’à 400 ans. Les individus vivent en moyenne 270 ans.

Ce requin se nourrit de poissons, de calmar et de mammifères marins comme le phoque et le marsouin. C’est aussi un charognard qui peut manger des carcasses d’ours polaires, notamment. Il vit dans l’océan Arctique et dans les latitudes septentrionales de l’Atlantique Nord. Il se tient en eaux froides, et à profondeur moyenne.

Les chercheurs estiment désormais que cette espèce pourrait habiter les eaux froides plus au sud dans les grandes profondeurs de l’océan Atlantique et ailleurs dans le monde, y compris en région tropicale. Le requin du Groenland passerait ainsi relativement inaperçu, comme il se tient au fond de l’océan.

Au large du récif corallien où l’individu du Bélize a été découvert, la profondeur de l’eau de cette aire protégée passe rapidement de 500 mètres à 2900 mètres, ce qui procurerait l’environnement froid qu’affectionne cette espèce, selon les chercheurs. 

Au Canada, des requins du Groenland résident dans le fleuve Saint-Laurent et dans la rivière Saguenay.

Le requin du Groenland est classé comme espèce vulnérable.

Selon l‘Union internationale pour la conservation de la nature, la pêche et les changements de son habitat en raison du réchauffement climatique représentent les plus grandes menaces à sa survie. 

La chair de ce requin est toxique à l’état naturel et doit être apprêtée d’une façon particulière pour être mangée. On en fait une spécialité en Islande, le hákarl.

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