La France rejette l’extradition du prêtre Johannes Rivoire vers le Canada

Le père Johannes Rivoire à Arviat, au Nunavut, en 1979. M. Rivoire est accusé d’agressions sexuelles, et la GRC a délivré un mandat d’arrêt international contre lui. (Bibliothèque et Archives Canada)
Le gouvernement français a rejeté officiellement la demande présentée par Justice Canada en vue de l’extradition du prêtre français Johannes Rivoire.

Ce dernier fait l’objet d’allégations d’agressions sexuelles qu’il aurait commises sur des enfants inuit, au Nunavut, dans les années 1960 et 1970.

Dans une décision rendue le 14 octobre, les autorités françaises justifient le rejet de la demande canadienne en disant que le droit français ne permet pas au pays d’extrader ses propres citoyens.

Elles soulignent aussi le délai trop grand entre les événements allégués et le dépôt des accusations. Le prêtre ne sera pas poursuivi en France en raison de ce délai de prescription.

« Tous les recours juridiques possibles pour obtenir l’extradition de Johannes Rivoire de France ou sa poursuite dans cet État sont épuisés », souligne le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC), qui en a fait l’annonce par communiqué.

Au Canada, de tels délais de prescription ne s’appliquent pas en matière d’agression sexuelle. Le prêtre fait face, depuis février dernier, à des accusations d’attentat à la pudeur sur une enfant, entre 1974 et 1979.

Johannes Rivoire a quitté le pays en 1993.
(Courtoisie : Lieve Halsbergue)

D’autres personnes allèguent avoir été victimes du père Rivoire à cette époque, où il était prêtre dans les communautés d’Arviat, de Rankin Inlet et de Naujaat au Nunavut.

Des accusations ont par ailleurs déjà été portées contre l’ancien prêtre en 1998, mais elles ont été abandonnées en 2017.

Une délégation d’anciennes victimes alléguées s’est rendue en France, en septembre dernier, notamment pour s’entretenir avec les responsables de la congrégation des Oblats de Marie-Immaculée, à laquelle appartient le père Rivoire.

La délégation était menée par le Nunavut Tunngavik et par sa directrice générale, Kilikvak Kabloona.
(Kate Kyle/Radio-Canada)

La délégation inuit a pu rencontrer le prêtre Rivoire, qui nie toujours ces allégations et refuse de faire face à la justice au Canada.

Malgré le refus du prêtre, la congrégation des Oblats dit avoir entamé une procédure de renvoi à son endroit.

Poursuite toujours possible

Le Service des poursuites pénales du Canada dit travailler avec la Gendarmerie royale afin qu’Interpol diffuse un avis de recherche à l’endroit de Johannes Rivoire.

Une telle démarche permettrait l’arrestation du prêtre s’il quitte la France.

« Dans l’affaire Johannes Rivoire, nous avons établi qu’il existe encore une perspective raisonnable de condamnation et que cette poursuite serait dans l’intérêt public », explique le SPPC.

Radio-Canada

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