Le père Rivoire rencontre les Inuit, mais refuse de faire face à la justice au Canada

Kilikvak Kabloona, directrice générale de Nunavut Tunngavik, s’est adressée aux journalistes après une rencontre avec les Oblats de Marie-Immaculée. (Kate Kyle/Radio-Canada)
Le prêtre Johannes Rivoire a rencontré la délégation inuit menée par Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) à Lyon, mercredi, mais refuse toujours de rentrer au Canada pour répondre aux accusations d’agressions sexuelles portées contre lui.

La délégation, composée de victimes alléguées du prêtre, s’est rendue en France pour s’entretenir avec des responsables de la congrégation. C’est pendant cet échange qu’elles ont appris que ce dernier acceptait de les rencontrer.

Le père Johannes Rivoire à Arviat, au Nunavut, en 1979. Il est accusé d’agressions sexuelles, et la GRC a délivré un mandat d’arrêt international contre lui. (Bibliothèque et Archives Canada)

La directrice générale de NTI, Kilikvak Kabloona, est déçue de la rencontre, selon l’Agence France-Presse. Elle affirme que Johannes Rivoire nie toujours toutes les allégations.

Il refuse de se rendre au Canada, invoquant des problèmes de peau.Kilikvak Kabloona, directrice générale, NTI

La délégation inuit voulait faire pression sur le gouvernement français pour qu’il accepte d’extrader le prêtre vers le Canada. Mardi, elle a discuté avec le ministre français de la Justice, Éric Dupond-Moretti. Selon l’AFP, la France a refusé la demande d’extradition.

Le ministère justifie ce refus en expliquant que « conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses nationaux ».

« La France se tient prête à répondre à toute demande d’entraide judiciaire que lui formulerait le Canada, ou le cas échéant à agir dans le cadre d’une dénonciation des faits qui lui serait formulée, sous réserve néanmoins d’examiner l’éventuelle prescription des faits », indique le ministère de la Justice dans un courriel.

La présidente de NTI, Aluki Kotierk, a affirmé aux journalistes que la rencontre avait été décevante. « Il est clair qu’il n’y a pas de volonté politique d’extrader les ressortissants français », a-t-elle dit.

« Le père Rivoire refuse obstinément d’obéir à notre ordre »

La congrégation des OMI a également annoncé mercredi à Lyon qu’elle entamait une procédure de « renvoi » du père Johannes Rivoire.

Le père Vincent Gruber, des Oblats de Marie-Immaculée, s’adresse aux médias après une réunion mercredi avec les délégués inuit de Nunavut Tunngavik. (Kate Kyle/Radio-Canada)

« Nous avons entamé une procédure de renvoi canonique, car le père Rivoire refuse obstinément d’obéir à notre ordre et de se présenter à la justice » canadienne, a annoncé à la presse le père Vincent Gruber, provincial des Oblats de France, en marge de la visite de la délégation au siège de la congrégation.

« D’ores et déjà au vu de la situation, nous sommes déterminés à poursuivre au maximum nos efforts pour convaincre Johannes Rivoire de se présenter à la justice canadienne », affirme le père Gruber en ajoutant vouloir insister auprès de Rome pour ajouter de la pression.

Il est convaincu que cette démarche de justice est primordiale tant pour les victimes présumées que pour le peuple des Inuit, mais également pour les missionnaires Oblats et l’Église catholique dans son ensemble.

Radio-Canada

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