Art inuit : des techniques qui évoluent dans le temps

Sculpture d’Abraham Anghik Ruben intitulée « Time to play » (2020) représentant une ourse et son ourson devant le Centre Qaumajuq du Musée des beaux-arts de Winnipeg, consacré à l’art inuit ancien et contemporain. (Radio-Canada)
ARCHIVES – L’art inuit est reconnu partout dans le monde. Les sculptures, dessins et gravures des communautés inuit témoignent du lien profond qu’elles entretiennent avec la nature qui les entoure. Au fil des ans, les journalistes de Radio-Canada sont allés à la rencontre d’artistes et de passionnés de cet art millénaire qui a su moderniser ses techniques.

L’art inuit témoigne du mode de vie traditionnel des communautés du Nord. Les animaux qu’elles côtoient, leurs croyances et légendes.

Le professeur Jacques Rousseau est un des premiers Québécois à s’intéresser à l’art inuit et à le collectionner.

Jacques Rousseau est d’abord botaniste et assistant du frère Marie-Victorin. Il est directeur du Jardin botanique de Montréal de 1945 à 1956, premier directeur du Musée de l’Homme à Ottawa (1956-1959), professeur à l’Université de la Sorbonne (1959-1962) et enfin directeur de la recherche au Centre d’études nordiques de l’Université Laval de Québec jusqu’en 1970.

Le 19 mai 1964, à l’émission Aujourd’hui, le journaliste Pierre Paquette s’entretient avec le chercheur du Centre d’études nordiques de l’Université Laval.

Le professeur Rousseau lui parle du village de Puvirnituq situé dans le nord-est de la baie d’Hudson. Il explique l’importance du mouvement coopératif pour les communautés inuit. Il mentionne que la notion de village n’existait pas chez les Inuit, qu’il appelle, dans les années 1960, Esquimaux.

Lors de cette entrevue de 1964, les Inuit de Puvirnituq pratiquent la gravure depuis à peine trois ans. Même si la technique de la gravure est nouvelle, les Inuit ont toujours sculpté et gravé la pierre.

La gravure est une technique récente. Ils sculptaient sur pierre, ils gravaient la pierre. Alors, quand on leur a demandé de faire de la gravure, on leur a simplement demandé de faire une technique de transfert. De tracer le dessin sur la pierre et de le transposer sur un papier.Jacques Rousseau, 1964

C’est en 1958 que l’artiste torontois James Houston introduit la gravure à Cape Dorset.

Dès la fin des années 1940, il encourage les Inuit à créer des objets d’art en coopérative pour surmonter les difficultés économiques des communautés. En 1949, le Musée McCord de Montréal organise la première exposition d’art inuit en présentant des pièces sculptées dans l’ivoire, les os de baleine, la pierre serpentine ou la stéatite.

À partir des années 1950, la sculpture devient une source de revenus fiable pour les Inuit. À Puvirnituq, par exemple, les ventes passent de 750 $ en 1952 à 100 000 $ en 1962.Émilie Dubreuil

Le 10 janvier 2018, au Téléjournal, Émilie Dubreuil présente un reportage sur l’industrie de l’art inuit. Elle rencontre l’artiste sculpteur Peter Qumaluk Ittukalla, qui lui raconte avoir taillé sa première pièce dès l’âge de 4 ans.

Au cours de son reportage, Émilie Dubreuil rencontre également Richard Murdoch, spécialiste en art du Nunavik, dont le père a participé à la fondation de la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec. Cette organisation vend et distribue l’art du nord au sud.

Durant les années 1980, la vente de sculptures génère des profits annuels de plus de 2 millions de dollars pour les coopératives du territoire du Nunavik.

Même s’il est moins populaire que dans les années 1980, l’art inuit occupe toujours une place de choix dans les galeries d’art et dans les boutiques de souvenirs.

Cet art représentait en 2015 une industrie de 90 millions de dollars et générait l’équivalent de 2700 emplois à temps plein. Malheureusement, ce savoir-faire millénaire est aujourd’hui menacé, selon le sculpteur Peter Qumaluk Ittukalla, qui se désole de constater que les jeunes sculptent de moins en moins.

Le 27 mars 2021, la Ville de Winnipeg a procédé à l’ouverture du plus grand centre d’art inuit du monde, Qaumajuq, un lieu innovant annexé au Musée des beaux-arts de Winnipeg.

Laura Lussier nous le présente à l’émission Tout inclus du 23 juillet 2021.

Les salles d’exposition sont construites selon un design inspiré des paysages nordiques. La blancheur et l’espace sont à l’honneur.

Qaumajuq signifie en inuktitut « illuminer, rendre lumineux ». Le centre rassemble plus de 14 000 œuvres d’art traditionnel et contemporain.

À la fin du reportage, la journaliste Laura Lussier demande à la coordonnatrice des programmes et de l’apprentissage au Musée des beaux-arts de Winnipeg, Aline Halischak, quel est son coup de cœur de l’exposition.

Cette dernière lui présente une œuvre de l’artiste et designer Maata Kyak. Gone with Sealskin flowers est une robe parée de fleurs de fourrure de phoque aux teintes éclatantes. Avec cette création, la conceptrice a voulu transmettre le message que sa culture est florissante.

On détermine cinq périodes dans l’art inuit :

La période pré-Dorset, allant de 2000 av. J.-C. à 700 av. J.-C. Elle est caractérisée par les objets utilitaires, comme les outils et les harpons dont la fabrication est très esthétique.

La période Dorset, de 700 av. J.-C. à l’an 1000. La période où on trouve les célèbres masques miniatures en ivoire Tyara et plusieurs figurines. On remarque l’influence des chamans et de la magie dans la culture.

La période Thulé, de l’an 1000 à la fin du 19e siècle. La représentation des femmes dans l’art y est importante. Plusieurs objets d’art sont destinés aux femmes, comme les peignes et les bijoux.

La période historique, du début du 20e siècle au milieu du 20e siècle. Les objets d’art perdent de leur côté mystique et deviennent plus mercantiles. C’est à cette époque que les Inuit commencent à fabriquer des jouets et des sculptures animalières.

La période contemporaine. La gravure et la sculpture y sont importantes, et on voit apparaître des artistes singuliers au style reconnaissable comme Ashevak Kenojuak.

Radio-Canada

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