La réalité des peuples du Nord est devenue celle du monde entier, disent des représentants inuit à la COP27
Des responsables du Conseil circumpolaire inuit veulent que les Inuit aient une plus grande voix dans les pourparlers sur les changements climatiques et réclament plus de fonds pour compenser les effets du réchauffement sur les populations nordiques.
À l’ouverture de la conférence de l’ONU sur le climat à Charm el-Cheikh, le Conseil circumpolaire inuit (CCI), qui a envoyé plusieurs représentants en Égypte, a publié des « recommandations » visant à tenir compte du point de vue et des intérêts des Inuit dans les discussions et les décisions concernant la lutte contre les changements climatiques.
« Nous subissons les effets du changement climatique depuis des décennies et les solutions doivent impliquer les Inuit et les autres peuples autochtones. Toutes les parties doivent reconnaître notre droit inhérent à l’autodétermination dans la prise de décision », affirme dans un communiqué lundi la présidente internationale du CCI, Sara Olsvig, du Groenland.
L’organisation internationale représente les 180 000 Inuit de l’Alaska, du Canada, du Groenland et de la région de Chukotka, en Russie.
Le CCI rappelle que de nombreuses catastrophes climatiques ont été observées dans le monde cette année et que la réalité inuit du changement climatique est désormais une réalité mondiale.
« Les Inuit et les autres peuples autochtones ont les connaissances et doivent être inclus dans toute élaboration de politiques. Nos contributions ne font que renforcer les décisions et c’est un appel aux États pour qu’ils nous incluent dans nos efforts communs pour créer de l’espoir pour nos générations futures », affirme pour sa part Lisa Koperqualuk, la présidente du Conseil circumpolaire inuit pour le Canada.
Le CCI fait cinq recommandations pour la communauté internationale et les dirigeants réunis à Charm el-Cheikh :
- les mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques dirigées par les Inuit sont une priorité et doivent respecter le droit à l’autodétermination;
- le savoir et l’expérience des Inuit ont un rôle clé à jouer dans la prise de décision pour l’avenir de la planète;
- tout engagement avec les Inuit doit être équitable et éthique et guidé par les protocoles d’engagement proposés par les Inuit à l’échelle internationale et locale (à ce sujet, le CCI a publié il y a quelques mois un protocole encadrant les activités dans le Nord);
- l’environnement arctique joue un rôle essentiel dans la régulation de la température mondiale, la biodiversité, la santé et le bien-être du monde. Il doit être protégé en partenariat avec les Inuit.
- les Inuit réclament l’établissement d’un fonds auquel ils peuvent accéder équitablement, comme les communautés vulnérables au climat dans les pays non membres du G20.
« Les Inuit sont très conscients des divers impacts sur les droits de la personne, la culture, la santé, la société et l’économie liés au changement climatique. Nos connaissances, nos stratégies d’adaptation et d’atténuation et notre gestion pratique sont essentielles pour relever les défis auxquels nous sommes soumis », peut-on lire en substance dans le document contenant les recommandations.
« Il est crucial que la communauté mondiale agisse immédiatement pour remédier à l’iniquité des impacts climatiques en respectant notre droit inhérent à l’autodétermination dans les processus décisionnels dans l’Arctique. »
Représentation inuit à la COP27
Sara Olsvig et Lisa Koperqualuk participent aux travaux de la COP27. Sont aussi présents à la conférence des aînés et des jeunes du Canada, de l’Alaska et du Groenland, et des représentants des régions inuit canadiennes du Nunavik et du Nunatsiavut, mentionne le CCI.
Lundi, le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres a lancé un appel aux pays, en disant que l’inaction face à la crise climatique qui s’accélère s’apparente à un « suicide collectif ». Il a exhorté les grands de ce monde à renforcer la lutte avant qu’il ne soit trop tard.
La COP27 est l’occasion pour les pays de voir à la mise en oeuvre des engagements pris depuis la conférence dans la capitale française en 2015.
Les engagements actuels des pays sont loin d’être à la hauteur des objectifs de l’Accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement de la planète nettement sous 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à 1,5 °C.
Depuis le sommet sur le climat de Glasgow en 2021, seulement 24 des 193 pays qui ont proposé un plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont mis à jour leur cible pour 2030.
Les dernières cibles nationales, si elles étaient pleinement respectées, laisseraient au mieux la planète sur une trajectoire d’une hausse de 2,4 °C d’ici à la fin du siècle, selon l’ONU.
Les politiques en place mèneraient plutôt à une augmentation des températures de 2,8 °C d’ici 2100, estime l’ONU.
La conférence de Charm el-Cheikh se termine le 18 novembre.