Dans le Grand Nord canadien, un vent de renouveau souffle sur le secteur agricole

La conférence GROW NWT, sur l’industrie agroalimentaire des Territoires du Nord-Ouest, s’est déroulée les 23 et 24 février à Yellowknife. (Julie Plourde/Radio-Canada)
C’est à l’époque des postes de traite, à la fin du 19e siècle, qu’on retrouve les premiers jardins cultivés aux Territoires du Nord-Ouest. Forts d’une longue tradition agricole, les T.N.-O. sont bien positionnés pour développer davantage ce secteur, comme l’ont constaté les participants à la conférence GROW NWT portant sur l’industrie agroalimentaire du territoire.

Lors de cette conférence à Yellowknife, les 23 et 24 février, les quelque 80 participants provenant des secteurs agricoles, de la production et de la transformation alimentaire ont discuté des enjeux de leur milieu et ont échangé sur leurs différentes pratiques.

L’une des conférencières, Mindy Jewell Price, étudie l’histoire de l’agriculture aux T.N.-O. depuis cinq ans. La doctorante à l’Université de Californie à Berkeley a rappelé que la production de nourriture à des fins de subsistance existe depuis longtemps au nord du 60e parallèle.

« Le but premier de l’agriculture, à ses débuts aux Territoires du Nord-Ouest, était la sécurité alimentaire », dit-elle.

Quand les commerçants de fourrures et les missionnaires sont arrivés aux T.N.-O., ils n’étaient pas vraiment adeptes de la chasse et de la pêche et dépendaient sur les plans culturel et nutritionnel des aliments cultivés.Mindy Jewell Price, doctorante au Département des sciences de l’environnement, politique et gestion, Université de la Californie à Berkeley
Mindy Jewell Price étudie l’histoire de l’agriculture aux Territoires du Nord-Ouest dans le cadre de ses recherches doctorales à l’Université de Californie à Berkeley. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Ces colons ont cultivé des pommes de terre, du chou, de la laitue, de l’orge et d’autres cultures. Jusqu’aux années 1960, plusieurs projets agricoles ont vu le jour aux T.N.-O., entre autres des fermes expérimentales, dont l’une à Fort Simpson en 1947.

« On a vraiment vu jusqu’au milieu du 20e siècle beaucoup d’enthousiasme par rapport à l’industrie agricole aux T.N.-O. », indique Mindy Jewell Price, ajoutant que ces succès ont permis de transformer l’agriculture en moyen de subsistance.

Déclin de l’agriculture

C’est avec la construction des routes reliant le territoire avec les provinces du sud, dans les années 1960, qu’on peut entre autres attribuer la perte d’intérêt pour l’agriculture aux T.N.-O., selon la chercheuse. Les aliments sont alors en grande partie importés, et les subventions d’Ottawa amenuisent leur coût.

Les participants à la conférence sur le secteur agroalimentaire des Territoires du Nord-Ouest, GROW NWT, proviennent de différents secteurs : agriculture, production ou cueillette. (Julie Plourde/Radio-Canada)

L’intérêt pour une industrie alimentaire plus forte est de retour depuis une dizaine d’années, autant du côté des acteurs du milieu que de la classe politique territoriale et fédérale, comme l’a souligné la ministre Caroline Wawzonek lors de la conférence.

Nous avons tous remarqué et fait l’expérience des perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’accélération des effets des changements climatiques sur nos communautés. Il est d’autant plus urgent de mettre en place des systèmes alimentaires nordiques plus diversifiés, plus fiables et plus efficaces.Caroline Wawzonek, ministre de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement, Territoires du Nord-Ouest
Trouver un modèle qui fonctionne pour les T.N.-O.

Tous sont d’avis que l’agriculture industrialisée ne peut pas fonctionner dans le Nord.

« Ce n’est pas notre vision, ce n’est pas la façon qu’on traite notre environnement », affirme la directrice générale de l’Association agroalimentaire des T.N.-O., Janet Dean. « Il y a des mouvements autour de l’agriculture régénérative qui fonctionnent pour le secteur de la production alimentaire. Il y a des méthodes et des moyens de récolte innovants qui sont tout à fait uniques au territoire. »

Janet Dean est la directrice générale de l’Association agroalimentaire des T.N.-O. C’est la première fois que l’Association organise une conférence sur le secteur agroalimentaire, qui a rassemblé plus de 80 participants. (Julie Plourde/Radio-Canada)

Selon Mindy Jewell Price, il faudrait que les intervenants qui œuvrent à la sécurité alimentaire travaillent de concert avec ceux qui font de l’agriculture leur moyen de subsistance. « Ils doivent penser de façon créative. La sécurité alimentaire ne peut pas juste reposer sur l’importation d’aliments. »

Selon elle, le modèle de l’agroécologie pourrait davantage fonctionner dans le Nord, c’est-à-dire « penser l’agriculture au-delà de la production alimentaire, mais en englobant les moyens de subsistance, la souveraineté, les connaissances et la culture. »

Cette conférence, selon Janet Dean, est un pas dans la bonne direction. « Nous sommes fatigués que ça ne marche pas […] Et il se trouve que c’est le bon moment pour que tout le monde s’y mette. Nous devons trouver une solution et [cette conférence] est un moyen de trouver des solutions. »

Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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