Des experts mettent à jour le régime alimentaire des orques de l’Atlantique Nord

Les chercheurs ont constaté que les traits de personnalité des épaulards étaient semblables à ceux des humains, mais plus semblables à ceux des chimpanzés. (iStock)
Une équipe de chercheurs de l’Université McGill a mis au point une technique jugée prometteuse qui révèle le régime alimentaire des orques dans l’ensemble de l’Atlantique Nord.

L’étude publiée dans le Journal of Animal Ecology révèle la méthode afin de recréer le régime alimentaire précis de ces baleines en utilisant uniquement un échantillon de leur peau et de leur graisse.

Anaïs Remili, doctorante à l’Université McGill qui a participé à l’étude, mentionne que les scientifiques étudient le régime alimentaire des principaux prédateurs de l’océan, qui évolue en fonction de leur environnement. « En effet, la quantité et la nature de leur alimentation peuvent influer sur le fonctionnement des écosystèmes. »

Mme Remili raconte que les chercheurs savent que les orques sont l’un des plus gros prédateurs des océans, mais que la connaissance sur leur régime alimentaire, notamment de la quantité de chaque espèce qu’elles consomment, demeure incomplète.

« Les orques sont des prédateurs intelligents, connus pour adopter des techniques de chasse spécifiques, souligne-t-elle. Ils peuvent ainsi chasser presque toutes les espèces, du poisson à l’otarie à fourrure en passant par la baleine bleue, dans tous les océans du monde. »

L’étude indique qu’en fonction de leur emplacement et de leur évolution, les différents groupes d’orques ont développé des « écotypes » différents, c’est-à-dire des régimes alimentaires et des modes de vie uniques.

« Ces écotypes ont fait l’objet d’études approfondies pendant des décennies, car les orques vivent dans des zones densément peuplées, ce qui permet aux scientifiques d’observer ces individus tout au long de l’année. »

Notre technique mesure la composition lipidique de la graisse de la baleine et utilise un programme informatique pour recréer la proportion la plus probable de chaque espèce de proie dans le régime alimentaire d’un individu.Anaïs Remili, doctorante à l’Université McGill
Les eaux froides de l’extrême nord de la Norvège accueillent de plus en plus d’orques en quête de nourriture. (Radio-Canada)

La comparaison de divers groupes d’orques dans le monde révèle qu’il y a encore beaucoup de choses que nous ignorons à leur sujet, stipule Mme Remili dans un article universitaire publié sur le site The Conversation. Notons qu’en raison du réchauffement climatique, les orques se déplacent progressivement vers l’Arctique.

« Il est difficile de déterminer ce que mangent les orques vivant dans les régions reculées de l’Arctique, comme la baie de Baffin, le Groenland et l’Arctique norvégien. L’observation de nourriture peut être difficile dans les eaux instables de l’océan Arctique. »

La doctorante précise que les premières études ont suggéré qu’il existait deux types d’orques dans l’Atlantique Nord : celles qui se nourrissent de mammifères marins et l’autre groupe qui se nourrit de poissons et parfois de phoques. « Cependant, le manque de données, combiné à de nouvelles preuves, a conduit les scientifiques à proposer de retirer cette classification. Il semble que certaines populations de l’Atlantique Nord aient un régime alimentaire plus diversifié. »

C’est en raison des difficultés de recueillir des données d’observation que les chercheurs ont concentré leurs efforts sur les signaux chimiques qu’ils peuvent mesurer à l’intérieur de la peau et de la graisse des orques de l’Atlantique Nord. « Ces signaux chimiques peuvent être constitués de lipides ou d’isotopes stables qui nous indiquent ce que les orques mangent et comment elles influent sur la chaîne alimentaire. »

Grâce à cette technique, les scientifiques peuvent désormais estimer le pourcentage exact des espèces dans le régime alimentaire de chaque baleine, assure Mme Remili. « Mais ce qui nous a le plus surpris, c’est le niveau de variation entre les régimes alimentaires individuels au sein de chaque population. »

Dans l’ouest de l’Atlantique Nord, les individus se concentrent soit sur les cétacés – des mammifères marins comme les bélugas et les narvals – soit sur les phoques. Dans le centre de l’Atlantique Nord, les orques se nourrissent de toutes les proies disponibles.

« Et pour la plupart, les orques de l’est de l’Atlantique Nord semblent s’en tenir à un régime riche en poissons », dit la doctorante, tout en ajoutant que plusieurs orques de Norvège et d’Islande complètent le poisson par des mammifères marins.

« Nous savons maintenant que les individus d’une même population peuvent avoir des régimes alimentaires différents », conclut-elle.

Avec les informations d’Anaïs Remili

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *