Une chaleur extrême qui inquiète le Nunavik
L’épisode de chaleur inhabituel qui frappe la région de Kuujjuaq depuis dimanche dernier soulève des inquiétudes dans la population quant à l’impact des changements climatiques sur son mode de vie.
Lundi, la température a atteint 16 degrés Celsius à Kuujjuaq, établissant un nouveau record, alors que la moyenne maximale de cette période de l’année est de -1,6.
Bien que cet événement météorologique ne puisse être entièrement expliqué par les changements climatiques, il s’inscrit tout de même dans une tendance à la hausse des températures globales, selon Environnement Canada.
La ville de Kuujjuaq est le point chaud au Québec aujourd'hui avec un maximum de 16,0°C, elle a donc battu son record de température qui était de 12,0°C le 24 avril 2006. Par contre, dans le sud de la province les températures maximales en cours sont plus saisonnières. #meteoQC pic.twitter.com/sygDgpOOW0
— ECCC Météo Québec (@ECCCMeteoQC) April 24, 2023
Quoi qu’il en soit, pour les résidents de Kuujjuaq, l’arrivée si soudaine du temps chaud n’a rien de rassurant.
« C’est une journée comme on peut en voir au début de l’été, alors qu’on est seulement à la fin d’avril. C’est sur toutes les lèvres en ville en ce moment », dit le vice-président de la corporation Makivvik, Adamie Alaku.
Il s’inquiète du fait que la fonte précipitée de la neige empêche les résidents d’avoir accès à l’intérieur des terres au printemps.
« Pour le sud du Nunavik, c’est de plus en plus difficile d’avoir accès à nos territoires de chasse, parce qu’il n’y a presque plus de neige pour circuler […] Cela devient un problème, car on ne peut plus subvenir aux besoins de nos familles », ajoute-t-il.
La glace mince du printemps
Le printemps est généralement une période très achalandée sur les lacs et les rivières de la région. Les journées s’allongent, et la température est plus clémente.
Le temps chaud et la faiblesse du couvert de glace sur les plans d’eau forcent toutefois les résidents à redoubler de prudence, comme le rappelle l’instructeur du Centre de survie arctique du Nunavik, Larry Brandridge.
« Cela m’inquiète pour ma propre sécurité et pour celle de mes amis. Je sais qu’ils vont aller sur leurs sentiers traditionnels. De savoir que ces chemins ne sont plus aussi stables qu’avant, cela m’inquiète », déclare-t-il.
Larry Brandridge remarque que le couvert de neige arrive de plus en plus tard dans l’année et qu’il fond plus tôt que d’habitude.
Habitant de Kuujjuaq et membre de l’Association de tourisme du Nunavik, Allen Gordon fait le même constat.
Selon lui, la région a perdu l’équivalent de deux mois de température hivernale par rapport aux années 1990.
« Le printemps arrive très rapidement, et la neige au sol fond tout de suite. Cela réduit le temps que nous avons à circuler sur nos terres en motoneige », explique Allen Gordon.
Il possède un camp d’écotourisme, à environ 70 kilomètres de Kuujjuaq, qui subit les contrecoups de la fonte plus rapide de la neige.
« Je comptais transporter du matériel et de l’équipement pour rénover mon camp. Mais lors de mon dernier voyage, je n’y suis presque pas arrivé! La neige était molle et je suis resté pris », raconte, avec déception, Allen Gordon.
D’après les informations de Rachel Watts