Près du tiers des vaccins contre la COVID-19 acheminés au Nunavut ont été gaspillés

L’absence de système de suivi et de contrôle des stocks est en cause. (Photo d’archives/Radio-Canada/Matisse Harvey)

La vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, conclut dans un rapport qu’environ 31 % des doses de vaccin contre la COVID-19 acheminées au Nunavut ont été gaspillées en raison de l’inefficacité du système de suivi, soit le double de ce qui avait été déclaré par le ministère de la Santé du territoire.

Ni système de gestion des stocks de vaccins ni plan d’intervention n’était en place au Nunavut au moment de la prolifération du virus. Ce manquement expliquerait le taux de gaspillage élevé du territoire, selon la vérificatrice générale.

Le ministère de la Santé du Nunavut avait déclaré la perte d’environ 18 000 vaccins contre la COVID-19 en raison de problèmes d’entreposage et de logistique, soit 15 % des doses. La vérificatrice générale a toutefois constaté que le ministère avait omis de dire qu’il avait perdu la trace de 19 542 doses supplémentaires, soit 16 % des vaccins de plus.

« Ce qui explique la situation à mon avis, c’était la façon dont les doses étaient gérées dans le territoire. Il y avait un suivi accru dans les trois communautés qui recevaient les doses originales, mais c’était plutôt quand les doses se rendaient dans les autres communautés éloignées que ça se perdait un peu », a dit Karen Hogan lors du dévoilement de son rapport.

Même si un certain taux de gaspillage était attendu, en raison de la difficulté d’acheminer des vaccins dans un territoire aussi vaste, ce taux aurait pu être plus bas, comme l’affirme la vérificatrice. « Le gaspillage aurait pu être réduit si un système de suivi efficace avait été mis en place pour permettre la gestion des stocks et l’évaluation exacte des besoins. »

« Le Nunavut devait acheminer des doses de vaccin dans des communautés très isolées, ce qui a compliqué les opérations de vaccination. (Photo d’archives/Twitter/John Main)

La vérificatrice recommande donc au ministère de la Santé du Nunavut d’améliorer sans délai ses systèmes d’information et de gestion des réserves de vaccins à l’avenir afin de réduire le fardeau sur une main-d’œuvre surchargée et de renforcer ses plans d’intervention dans l’éventualité d’autres pandémies et campagnes d’immunisation de masse.

Une distribution efficace, selon la vérificatrice générale

Les conclusions de la vérificatrice générale ne sont pas que négatives. Elle souligne la coordination efficace des différents ministères dans la distribution des vaccins qui a permis une administration efficace et équitable des doses, malgré tous les défis auxquels faisaient face les équipes de santé du territoire, dont une pénurie de personnel de soins.

La vérificatrice générale a tenu à souligner le travail du ministère pour réduire les obstacles à la vaccination des populations vulnérables de plusieurs communautés.

Des travailleurs de la santé s’étaient, par exemple, rendus directement dans les centres de soins locaux, les résidences pour aînés, les refuges et les centres de détention pour administrer le vaccin. Une unité mobile à Iqaluit s’était aussi déplacée par autobus pour vacciner le plus de gens possible.

La connaissance du contexte particulier du Nunavut par les équipes de santé a contribué au succès de l’opération de vaccination, selon la vérificatrice générale. (Photo d’archives/Radio-Canada/Matisse Harvey)

Des représentants en santé communautaire et des interprètes étaient aussi présents aux séances de vaccination, ce qui aurait permis de faciliter le déploiement du vaccin. Au total, 77 % des Nunavummiut ont été en mesure de recevoir deux doses de vaccins contre la COVID-19.

Recommandations

La vérificatrice générale a fait quatre grandes recommandations, qui ont toutes été acceptées par le ministère de la Santé du Nunavut. Elle suggère notamment d’instaurer un système de suivi sur les formations de son personnel en santé.

Le ministère devrait aussi actualiser ses plans d’intervention en cas d’urgence sanitaire et mettre en œuvre un système informatisé permettant le suivi des effets secondaires des vaccins ainsi qu’un système pour la gestion des stocks.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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