Déclin de près de 40 % des baleines grises du Pacifique ces dernières années

La carcasse d’une baleine grise sur une plage au nord de San Francisco, en Californie (Stephen Lam/Reuters)
Depuis un pic atteint en 2015-2016, la population de baleines grises qui migre le long de la côte ouest de l’Amérique du Nord a connu une chute de 38 %, selon les dernières données de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). Les scientifiques tentent de comprendre ce recul.

De quelque 27 000 individus estimés il y a cinq ans, la population de baleines grises est passée à 16 650 individus, selon le rapport de la NOAA (en anglais) publié cette semaine. Le nombre de baleineaux serait aussi à son niveau le plus bas depuis 1994, l’année où des données ont commencé à être compilées à ce sujet.

La baleine grise est un des plus gros mammifères du monde. Il y a longtemps, on la retrouvait aussi dans l’Atlantique Nord, mais la surpêche a mené à sa disparition dans cet océan.

La population du Pacifique migre chaque année de la côte de la Basse-Californie, où elle se trouve en hiver pour mettre bas, jusqu’au nord-ouest de l’Alaska, où elle se nourrit durant la saison chaude, un trajet qu’elle effectue ensuite de retour pour un total de 16 000 km parcourus.

Les baleines grises ont connu une grande mortalité en 2019 et, dans une moindre mesure, les années suivantes. Des centaines de carcasses ont été retrouvées sur les plages du Mexique, des États-Unis et du Canada.

Plusieurs causes sont possibles, selon les chercheurs. Il se pourrait que les changements climatiques dans l’Arctique bouleversent l’écosystème marin, faisant en sorte que les invertébrés dont se nourrissent les baleines en été soient moins abondants.

Les chercheurs notent toutefois que ce ne sont pas toutes les baleines retrouvées mortes qui ont l’air de souffrir de malnutrition. 

D’autres causes possibles sont les impacts avec des navires et la prédation par les épaulards.

Les baleines grises migrent entre le Mexique et l’Alaska et mangent les crustacés le long du fond océanique. (Omar Torres/Getty)

Les scientifiques notent toutefois que la population a connu des hausses et des baisses de façon cyclique dans le passé. 

Une baisse similaire d’environ 40 % avait été enregistrée à la fin des années 1980 et au début des années 1990.

La population s’était redressée dans les années suivantes, tant et si bien que l’espèce avait été enlevée de la liste des espèces menacées au milieu des années 1990. Elle a ensuite connu une autre baisse au début des années 2000 avant de remonter dans les années 2010.

« La population a rebondi plusieurs fois dans le passé après des baisses marquées », rappelle dans un communiqué le biologiste Tomo Eguchi, qui est aussi l’auteur principal de l’étude. « Nous sommes prudemment optimistes que la même chose se produira cette fois. Une surveillance continue permettra de déterminer si elle rebondira et à quel moment. »

Il ne semble pas y avoir une seule cause qui explique toute la mortalité; ça semble être multifactoriel, affirme quant à elle la vétérinaire Deborah Fauquier du NOAA. Le périple annuel de 16 000 km les expose à toutes sortes de dangers, rappelle le NOAA.

Il y a quelques années, des scientifiques ont avancé l’hypothèse selon laquelle la mortalité cyclique de ces baleines pourrait être due aux changements dans l’activité solaire.

Les baleines grises semblent s’orienter grâce au champ magnétique terrestre; elles auraient ainsi une sorte de boussole naturelle dans leur corps. 

Or, lorsque le Soleil connaît une période de grande activité, les particules qu’il projette interfèrent avec le champ magnétique de la Terre. Les baleines pourraient alors se retrouver désorientées, leur « boussole » ne fonctionnant plus aussi bien, et s’échouer sur les plages. Les scientifiques ont noté une certaine corrélation entre les journées de grande activité solaire et le nombre de carcasses retrouvées le long des côtes. Mais cette hypothèse reste à explorer.

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