Les défis de la construction dans le Nord : la situation au Nunavik

Cette histoire fait partie du projet de reportage de Radio-Canada
Logements pour autochtones : Vivre à l’étroit
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Tout était prêt pour les projets de construction de cette année à Salluit : le financement était assuré et les lits de gravier nécessaires avaient été posés l’an dernier. Mais un hiver exceptionnellement froid, même pour l’Arctique, a exercé une pression inattendue sur l’alimentation électrique de la communauté, qui repose sur le diesel, un carburant acheminé à la communauté lors du ravitaillement effectué par bateau chaque été.
« Comme il a fallu plus de carburant pour chauffer les maisons et les infrastructures essentielles de la communauté, celle-ci disposait d’une faible réserve à laquelle elle a dû restreindre l’accès, explique Paul Parsons, directeur général par intérim de l’Administration régionale Kativik.
« Mais ce carburant est également utilisé pour les chargeuses, les camions-bennes et les machines lourdes nécessaires au démarrage d’un chantier de construction, ce qui a retardé les projets cette saison. »
Le cas de Salluit n’est qu’un exemple parmi d’autres des difficultés qui peuvent toucher les projets de construction dans le Nord.
Le Nunavik connaît une crise du logement et manque d’infrastructures par rapport au sud de la province.

Pendant des décennies, les gouvernements fédéral et provincial n’ont pas suffisamment répondu aux besoins du Nunavik en matière de logement et d’infrastructures, et ils n’ont pas réussi à suivre la croissance rapide de sa population.
Résultat : la région essaie constamment de rattraper son retard, en plus de devoir composer avec les difficultés associées à la construction dans des environnements nordiques isolés.
Une réaction en chaîne, du Sud jusqu’au Nord
Les 14 communautés du Nunavik ne sont pas accessibles par voie terrestre et la saison de construction y est courte en raison de la situation géographique de la région.
Il faut faire venir des équipes du Sud et apporter les matériaux et l’équipement lors de l’une des trois opérations de ravitaillement par bateau durant l’été.
L’administration et la société foncière de chacun des villages nordiques collaborent avec l’Administration régionale Kativik pour cerner les besoins locaux en infrastructures.
La Société Makivvik et l’Office municipal d’habitation Kativik (OMHK), qui assure la liaison avec la Société d’habitation du Québec, s’occupent de la logistique des projets.

Plusieurs problèmes, dont des événements météorologiques imprévus, des feux de forêt ou des grèves comme celles qui ont sévi aux ports de la Colombie-Britannique, peuvent avoir pour effet de retarder la livraison de matériaux ou d’équipements.
« Nous sommes peut-être à 1500 km de là, mais nous subissons également les répercussions de ce qui se passe dans le Sud, affirme M. Parsons.
« La moindre perturbation peut avoir de nombreuses conséquences. Si un projet subit un retard, il retardera un autre projet qui avait déjà été retardé, et ainsi de suite. »
La hausse des coûts qui en résulte, la complexité de la construction dans les environnements arctiques et le manque de terrains disponibles dans certaines communautés peuvent également compliquer les projets.

L’effet domino de la pandémie
De nombreuses communautés ayant des projets de construction en cours subissent encore les répercussions de l’arrêt des activités à cause de la pandémie.
La construction d’une nouvelle école à Quaqtaq n’est qu’un exemple de la façon dont les interruptions peuvent mener à une escalade des coûts.
Isummasaqvik, l’école primaire et secondaire de la communauté, n’a plus assez de place pour ses 123 élèves, ce qui l’a contrainte à fermer sa bibliothèque et à se tourner vers de vieilles maisons pour y loger des salles de classe.

Bien que le Québec ait approuvé le financement d’une nouvelle école, la COVID-19 continue de nuire à l’avancement du projet.
« Le gouvernement provincial avait approuvé l’octroi de 60 millions de dollars pour la construction d’une nouvelle école à Quaqtaq, mais la pandémie a occasionné de nouveaux problèmes, affirme Sarah Aloupa, présidente de Kativik Ilisarniliriniq, la commission scolaire du Nunavik.
« Le coût du projet est passé à 200 millions de dollars après la pandémie. Nous cherchons toujours à pallier cette situation. »
Du côté de Salluit, l’Administration régionale Kativik a confirmé que les projets de construction en suspens disposaient tous maintenant du carburant nécessaire.
À la mi-juillet, les activités de construction avaient repris leur cours normal sur l’ensemble des sites.
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