« Nous devons mettre fin à notre dépendance énergétique envers les États autoritaires » – Sanna Marin
À la 74e session du Conseil nordique, qui se tenait cette semaine à Helsinki, les premiers ministres et représentants des pays nordiques ont réaffirmé leur appui à l’Ukraine et ont réitéré leur souhait de voir la Finlande et la Suède intégrer le plus rapidement possible l’OTAN.
Ils ont aussi soutenu que leurs pays devaient accélérer la transition verte et éliminer leur dépendance aux sources d’énergies fossiles, notamment celles fournies par des « régimes autoritaires », comme l’a formulé la première ministre finlandaise, Sanna Marin.
La capitale finlandaise était l’hôte, de mardi à jeudi, de la session qui marquait le 60e anniversaire du Traité d’Helsinki qui avait établi le Conseil nordique comme forum d’échange et de coopération entre la Norvège, la Suède, la Finlande, le Danemark et l’Islande. Ce forum est l’occasion de discuter de questions transfrontalières et d’enjeux communs pour ces pays en matière d’environnement, de développement social et d’économie.
Mardi, en conférence de presse, Sanna Marin – accompagnée du premier ministre norvégien, Jonas Gahr Støre, du premier ministre suédois, Ulf Kristersson, de la première ministre islandaise, Katrín Jakobsdóttir, et de la première ministre de la province autonome des îles Åland, Veronica Thörnroos – a voulu transmettre un message d’unité et de détermination des pays nordiques face à l’agression russe en Ukraine et aux menaces pesant sur la région du nord de l’Europe.
« Nous sommes unis dans notre réponse à la Russie alors qu’elle mène sa guerre brutale contre l’Ukraine. Les pays nordiques sont des partenaires engagés dans la défense du système multilatéral et de la souveraineté de l’Ukraine contre l’agression russe », a-t-elle rappelé devant les journalistes.
« Alors que nous discutons de l’élargissement de l’OTAN, nous soutenons pleinement l’adhésion de la Finlande et de la Suède. Nous discutons de la manière dont l’Europe gérera sa sécurité énergétique, comme la Russie mène également une guerre énergétique contre l’Europe et qu’une guerre brutale se déroule dans le sud de l’Europe. C’est une force de s’unir en tant que pays nordiques », a affirmé pour sa part Jonas Gahr Støre.
De hauts responsables du gouvernement danois étaient présents pour représenter leur pays, car des élections étaient en cours au Danemark lors de la session.
Accès à l’énergie
Plus tard mardi, au cours de travaux en plénière, Sanna Marin a soutenu l’urgence de sortir des énergies fossiles. « Un large consensus s’est dégagé sur le fait que la région nordique doit devenir moins vulnérable en ce qui a trait à l’accès à l’énergie. Nous pouvons nous en assurer en créant notre propre sécurité énergétique durable, en contrôlant nos propres infrastructures, en renforçant les contingences d’approvisionnement et en devenant indépendants des importations d’énergie en provenance de Russie », peut-on lire dans un communiqué du Conseil nordique.
« À l’avenir, nous devons nous concentrer sur la sécurité de l’approvisionnement et sur le développement de notre propre énergie durable, ainsi que sur la suppression de notre dépendance à l’énergie des États autoritaires », a affirmé Mme Marin lors de cette séance plénière, en faisant référence à la Russie.
Elle avait déjà tenu des propos semblables fin octobre, en faisant référence cette fois à la Chine. L‘Union européenne ne devrait pas construire une dépendance stratégique et critique vis-à-vis de régimes autoritaires tels que la Chine, avait-elle soutenu.
Concernant la transition verte et les énergies renouvelables, la première ministre d’Åland a vanté le potentiel de sa province autonome en mer Baltique, où des mégaprojets d’éoliennes sont développés, avec plusieurs gigawatts d’électricité à la clé. La province vise une exportation vers la Suède et la Finlande. Les pays nordiques se sont déjà engagés à être les leaders en matière d’énergies renouvelables à l’horizon 2030.
« Nous sommes un petit “pays” de 30 000 habitants au milieu de la mer Baltique, et quand l’atmosphère géopolitique est hostile, comme c’est le cas en ce moment, il est bon de faire partie de la famille nordique », a ajouté Mme Thörnroos mardi en remerciant ses homologues pour la tenue de la réunion.
Adhésion à l’OTAN
Rappelons que 28 pays de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord ont maintenant ratifié la demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande. Il ne reste que l’obtention de l’aval de la Hongrie et de la Turquie. Cette dernière a posé ses conditions aux deux membres potentiels il y a quelques mois.
« Nous ne pouvons pas décider à la place de la Turquie, a indiqué Mme Marin mardi. Mais nous souhaitons une adhésion le plus tôt possible. »
Enfin, la Finlande laisse la porte ouverte au fait d’accueillir sur son sol des armes nucléaires en temps de paix une fois devenue membre de l’OTAN, a répondu Mme Marin à un journaliste qui lui posait la question.
Cet enjeu pourra être discuté plus tard au Parlement, a-t-elle précisé. Le premier ministre suédois a dit pour sa part que son pays avancerait dans la même direction que la Finlande à cet égard.
En mai, Mme Marin assurait que l’OTAN ne voulait déployer ni bases militaires ni armes nucléaires sur le sol finlandais.
Questions sécuritaires
La sécurité était au coeur des discussions de cette session du Conseil nordique.
La pandémie de COVID-19, la crise climatique et la guerre en Ukraine ont obligé les pays à revoir leur approche et à renforcer leurs liens en matière de sécurité.
La première ministre finlandaise avait reçu l’appui, fin octobre, des formations politiques au Parlement pour la construction d’une clôture de sécurité le long d’une partie de la frontière finno-russe. Le pays voudrait prévenir ou du moins contenir le déplacement de populations en provenance de Russie qui pourraient déstabiliser la région, advenant une détérioration de la situation internationale.
De son côté, la Norvège a accru la sécurité autour de ses infrastructures critiques et a procédé à l’arrestation de ressortissants russes soupçonnés d’espionnage pour le compte de Moscou. La Norvège est le pays qui prend la relève, en bonne partie, de la Russie pour assurer l’approvisionnement de l’Europe en gaz à l’approche de l’hiver, dans un contexte de sanctions.
D’autres chantiers ont été abordés, notamment sur la jeunesse, la réduction de la pauvreté, la recherche, l’éducation, l’environnement et les espèces envahissantes.