Grand Nord canadien : une visite attendue de la ministre de l’Habitation au Nunavik

C’était la première visite au Nunavik de France-Élène Duranceau. (Félix Lebel/Radio-Canada)
France-Élène Duranceau, ministre québécoise responsable de l’Habitation, était de passage ces derniers jours au Nunavik pour constater l’ampleur du manque de logements qui afflige les communautés inuit du Nord de la province, qui demandent à leur tour plus de soutien des gouvernements.

La ministre en a profité pour rencontrer de nombreux acteurs du milieu du logement de la région, dont ceux de l’Office municipal d’habitation Kativik (OMHK).

L’organisation est incontournable au Nunavik puisque 98 % des résidents habitent dans des logements sociaux subventionnés.

« Mon objectif en venant ici, c’est de voir, de comprendre et d’entendre. Tout ça dans une perspective de mieux défendre les dossiers auprès de mes collègues une fois que je serai retournée dans le sud », explique la ministre Duranceau.

La ministre Duranceau a aussi visité certains résidents pour comprendre les conditions de logement. (Samuel Lagacé/OMHK)

Ces rencontres ont aussi été l’occasion pour elle de recevoir les demandes budgétaires des différentes instances dans un horizon « de plus d’un an », afin de planifier d’éventuelles subventions.

Le directeur général de l’OMHK, Marco Audet, a salué sa venue au Nord, la seule manière de véritablement comprendre l’ampleur des besoins en logement, selon lui.

« C’est une personne très à l’écoute. On sent cette volonté de comprendre les enjeux du Nord, et de trouver les meilleures réponses, en dehors des sentiers battus et des règles très strictes de certains programmes », explique-t-il.

Ce dernier a malgré tout beaucoup d’attentes envers le gouvernement pour rénover et adapter le parc immobilier, qui se fait vieillissant.

L’Office municipal d’habitation Kativik, sous la direction de Marco Audet, gère un large parc immobilier au Nunavik, où 98 % des résidents vivent. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Il espère aussi que le ministère renouvellera le programme d’accession à la propriété, qui permet à de nombreuses familles de construire une maison à plus faible coût.

Un enjeu grave

Le manque de logement est sur toutes les lèvres au Nunavik. Le problème est sous-jacent à une foule d’autres enjeux sociaux et de santé publique.

Il manque environ 800 unités d’habitations pour répondre à la croissance démographique de la population, qui dépasse 14 000 personnes.

Environ 47 % des logements sont surpeuplés dans la région, une proportion en baisse depuis 2016. (Félix Lebel/Archives/Radio-Canada)

Ce manque fait en sorte qu’environ 47 % des foyers sont surpeuplés, selon les dernières données du recensement fédéral.

Parmi les enjeux de santé publique, le surpeuplement provoque une hausse des cas de tuberculose par la proximité des résidents à l’intérieur d’un même foyer.

La région est par ailleurs frappée cette année par un retour sans précédent de la maladie, avec plusieurs éclosions dans certaines communautés de la baie d’Hudson.

Le manque de logement est aussi une des causes probables qui a mené en 2021 au décès de 10 nourrissons dans la région. Une enquête de la coroner Geneviève Thériault avait souligné que le manque d’espace pour disposer d’un lit de bébé adéquat aurait probablement provoqué le décès de ces enfants.

Pour le conseiller municipal de Kuujjuaq et membre du conseil d’administration de l’OMHK, Claude Gadbois, cet enjeu a des conséquences graves sur le développement du Nunavik.

« On sait qu’il y a des maisons de trois chambres à coucher avec environ 10 ou 12 personnes à l’intérieur », indique-t-il.

« Fais juste penser aux jeunes qui reviennent de l’école et qui doivent faire des devoirs. Ils se mettent où pour travailler? Un endroit où ils peuvent être seuls et étudier en tranquillité. C’est impossible. Cela a un impact sur l’éducation. Un impact social », explique Claude Gadbois.

Il faudrait selon lui davantage d’investissement des deux ordres de gouvernement pour endiguer le problème.

Des chantiers complexes

La ministre a également visité des chantiers de construction, qui sont en pleine effervescence en cette fin du mois d’août.

La saison de construction au Nord est courte, et avec l’arrivée de l’hiver, les glaces empêchent tout transport maritime dans la baie d’Ungava.

Le navire et l’avion sont pour le moment les seuls moyens d’acheminer des matériaux dans la région. (Gabriel Blanchet/Archives/NEAS)

C’est en partie pourquoi il est actuellement difficile de construire à un rythme assez rapide pour répondre à la demande.

France-Élène Duranceau a toutefois pu visiter les maisons construites par l’entreprise locale Nunavik Buildings, qui se spécialise dernièrement dans des maisons préfabriquées et envoyées par navire.

Ce genre d’innovation fait partie des solutions, selon Mme Duranceau, pour résoudre une partie du défi logistique de la construction de logements au Nord.

La construction de logement au Nord est coûteuse et plus complexe en raison de la distance et de l’absence de lien routier. (Félix Lebel/Radio-Canada)

Encore faut-il que les différentes instances régionales aient les moyens de leurs ambitions et puissent accélérer la construction de logements. Les attentes budgétaires sont donc grandes envers la ministre.

Toutefois, sa présence sur le terrain et sa volonté affichée de travailler avec les organisations du Nunavik pour résoudre ces enjeux ont été bien accueillies.

Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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