Un grand rassemblement à Iqaluit pour revitaliser la culture du traîneau à chiens

Des meneurs de chiens de traîneau du Nunavut et du Nunavik sont rassemblés à Iqaluit pour un congrès portant sur cette pratique ancestrale. Cette photo montre Apayata Kotierk, un aîné d’Igloolik et ancien meneur, durant un comité d’experts sur les techniques de confection de harnais. (Matisse/Harvey)

Plus d’une cinquantaine de meneurs de chiens de traîneau, d’aînés et de représentants d’organisations inuit de l’est du Nunavut et du Nunavik sont réunis à Iqaluit jusqu’à jeudi pour échanger des connaissances sur cette pratique ancestrale dans l’espoir de la revitaliser pour la jeune génération.

Ce congrès de trois jours est le deuxième organisé par l’Association inuit de Qikiqtani (AIQ), qui représente les Inuit de l’est du Nunavut.

Cette année, nos séances sont plus ciblées et nous voulions miser davantage sur l’apprentissage pratique et sur la transmission d’informations entre les participants, explique la gestionnaire des programmes et de la mise en œuvre de la Commission de vérité du Qikiqtani de l’AIQ, Inukshuk Aksalnik.

Le rassemblement propose divers ateliers portant, entre autres, sur la confection de harnais à chiens et de fouets, et sur les premiers soins. Des aînés de plusieurs communautés dans la région de Qikiqtaluuk, dans l’est du Nunavut, sont aussi invités à faire part de leur expérience.

Lexique en inuktitut

  • Qimmiq : chien de traîneau (singulier)
  • Qimmit/qimmiit : chiens de traîneau (pluriel pour trois chiens et plus)
  • Qimuksiq : attelage de chiens de traîneau
  • Qimuksiqti : conducteur de chiens de traîneau (singulier)
  • Qimuksiqtit/qimuksiqtiit : conducteurs de chiens de traîneau (pluriel pour trois personnes et plus)
  • Qamutik/qamutiik : traîneau de bois

Soutien aux qimuksiqtiit

Le congrès doit servir à créer un guide pratique auquel pourront se référer, entre autres, des personnes aspirant à devenir des qimuksiqtiit. Nous voulons que tout ce qui se dit ici soit conservé pour les futures générations, affirme Inukshuk Aksalnik.

L’initiative est notamment une réponse aux recommandations de la Commission de vérité du Qikiqtani, qui a documenté les torts causés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) lors de l’abattage massif de chiens de traîneau entre les années 1950 et 1970.

« Je pense que [cette pratique] est devenue plus récréative qu’une nécessité, mais notre organisation essaie de changer cela en soutenant les qimuksiqtiit de diverses manières », dit Inukshuk Aksalnik.

Elle évoque entre autres le programme Nauttiqsuqtiit-Qimuksiit, qui vise à rémunérer des meneurs qui chassent avec un attelage de chiens.

Une rare occasion d’échange

À l’exception des courses annuelles de traîneau à chiens, comme la Nunavut Quest, les qimuksiqtiit ont l’habitude de parcourir le territoire en solitaire avec leurs chiens.

Selon Inukshuk Aksalnik, le congrès donne donc une rare occasion à des meneurs du Nunavik et de la région de Qikiqtaluuk de se parler de leurs techniques et de discuter de leurs aspirations et de leurs défis, comme les coûts extrêmement élevés de l’alimentation des chiens.

Des meneurs du Groenland devaient aussi être de la partie, mais ils n’ont pas pu faire le voyage en raison de perturbations dans les vols.

Je n’ai pas l’habitude de parler avec d’autres meneurs de leur expérience, indique Syola Ikkidluak, une qimuksiqti d’Iqaluit qui dispose d’un attelage depuis près de 30 ans.

Il est en quelque sorte réconfortant de discuter de notre équipement, de ce que nous ressentons, de la façon dont courent ou couraient nos chiens, dit-elle.

Junior May, un meneur de Kuujjuaq, a fait une présentation sur le type de harnais utilisés au Nunavik. Au Nunavut, ils les fabriquent en un seul morceau […], alors qu’au Nunavik nous attachons deux parties ensemble, explique-t-il.

Il ajoute que la présence d’arbres dans sa région a forcé les meneurs à adapter leur équipement à leur environnement, en fabriquant notamment des traîneaux plus étroits et des lignes plus longues.

Des étincelles apparaissent dans les yeux du qimuksiqti lorsqu’il décrit ses rencontres des derniers jours. Hier, j’ai reçu un fouet d’un homme d’Igloolik, raconte-t-il. J’étais vraiment heureux!

Il assure que ce type de rencontre est d’une grande valeur pour préserver une pratique qui a subi dans le passé les contrecoups de politiques d’assimilation et de l’arrivée des motoneiges.

[La pratique du traîneau à chiens] est l’un des aspects les plus importants de notre culture et l’une des raisons pour lesquelles nous avons survécu en tant qu’Inuit.

Junior May, qimuksiqti

Perpétuer une tradition

Junior May souhaite que la conférence d’Iqaluit ouvre la voie à plus de rencontres entre les qimuksiqtiit des régions inuit du Grand Nord.

J’espère que cela deviendra un rassemblement annuel, dit-il. Je pense aussi qu’il faut travailler avec les écoles pour y initier davantage de jeunes.

Syola Ikkidluak espère quant à elle que l’événement aura ravivé la flamme de ceux qui envisagent de cesser cette pratique ancestrale. J’espère qu’ils se sentiront motivés à continuer, car elle fait un grand bien à notre santé mentale et physique.

À lire aussi :

Matisse Harvey, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur l'Arctique canadien, visitez le site d'ICI Grand Nord.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *